Mort numéro deux cent dix-neuf : par le vide.
L’obscurité ne dura pas.
Pour la petite histoire, la division scientifique était partagée quant à la vitesse d’extraction : instantanée ou supraluminique ? Pour moi, ça n’irait de toute façon pas assez vite.
Dès que le simulant mourait, la liaison neurale était coupée.
La seconde d’avant, je hurlais sans bruit dans le vide.
La suivante, je hurlais bien fort dans la cuve de simulation.
C’était le même processus de transfert en sens inverse. Sauf que cette fois je revenais dans un corps humain faible et vulnérable. Toute la douleur que mon simulant avait ressentie dans la mort fut déversée dans ma véritable carcasse.
La douleur est une bonne chose, insistai-je pour moi-même. Elle signifie que je suis vivant.
Kellerman fit claquer sa langue, exaspéré. Son personnage précédent revint aussitôt. « Il s’agit de la découverte la plus déterminante de l’histoire de l’humanité. Elle importe davantage que les querelles politiques mesquines et la bureaucratie. Je suis certain que le Directoire ignore tout de l’Artefact. »
Je tiquai à cette affirmation. Qualifier les hostilités entre l’Alliance et le Directoire de querelles mesquines, c’était aller trop loin. Étonnamment, j’eus un accès de chagrin pour ma mère et pour une vie qui n’avait jamais pu s’épanouir. Le visage de Kellerman ne laissa pas paraître s’il avait noté le changement dans mon attitude.
« C’est l’Artefact la priorité, répéta-t-il. Il est remarquable, mon capitaine. Tout bonnement remarquable. Comprendre le signal de l’Artefact importe plus que de rester en contact avec le Commandement. » L’humeur du professeur bascula de nouveau et son visage se fit rayonnant. « Nous avons établi ce qu’il fait exactement et la raison pour laquelle il a été laissé ici.