Dernier contrat

Quoique son corps eût changé, elle restait désirable. En maillot de bain, une femme ne peut plus tricher.

Il a beau nager dans le fric, pour rien au monde j’échangerais ma place contre la sienne.

Buter des pourris ne suffisait pas à soulager sa conscience : au final, il volait des vies. Avec le temps, l’amour et l’argent avaient eu raison de son sentiment de culpabilité. Au fond, que serait-il devenu sans cette femme ? À quoi ressemblerait sa vie si leurs chemins ne s’étaient pas croisés ? Dieu, le destin, peu importait son nom, ne l’avait pas envoyée par hasard dans ce pub londonien.

Planifier nos actes nous rend routiniers et donc faillibles. L’imprévu oblige à l’improvisation. Et l’improvisation, c’est la liberté.

Ils avaient été amants pendant des années, jusqu’au jour où elle avait renoncé au sexe, à soixante-cinq ans. Avec cynisme, elle s’était comparée à un produit de consommation courante ayant atteint la date de péremption. Un corps fripé était aussi peu ragoûtant qu’un fruit gâté, un yaourt périmé ou une viande avariée. Plus question qu’il la voie nue.

Il ne suffit pas de se venger pour trouver la paix. Je t’en voulais à mort, c’était plus fort que moi. Je vous imaginais au lit, en train de baiser et de jouir. Ça me détruisait à petit feu.

Ce qui, au départ, n’était qu’un contrat, avec un enjeu très élevé, certes, tournerait au jeu de massacre tôt ou tard. Il pouvait y mettre un terme maintenant. Il lui suffisait de ne plus répondre aux mails ni aux appels de ce salopard. Non, cet argent lui permettrait de se refaire. Cette foutue partie de poker l’avait endetté jusqu’au cou. Il n’avait pas le choix.

Le tueur qui serait toujours en vie à la fin remporterait le gros lot.

Ceux qu’il acceptait de tuer étaient tous des salauds. Des vivants qui ne méritaient pas de vivre.

Très tôt, un prédateur apprend à se fondre dans le décor et à flairer sa proie, de jour comme de nuit, quels que soient le temps et le terrain de chasse.