Publié en 2009 en Italie et disponible en français dès demain, "
Journal d'un adieu" est le premier roman graphique de l'illustrateur italien
Pietro Scarnera.
Durant 5 années, le quotidien de
Pietro Scarnera s'est articulé autour de ses visites quotidiennes à l'hôpital où se trouvait son père qui, suite à un arrêt cardiaque, était plongé dans un état végétatif.
L'auteur retranscrit et illustre, étape par étape, l'attente interminable, prélude à la découverte d'un homme qui ne ressemble plus au père qu'il a connu autrefois, ce monde qui le sépare de médecins habitués à côtoyer toutes sortes de patients, la quête d'un regard ou d'un geste significatif, le moindre signe de vie qui lui donnerait l'espoir de pouvoir revoir son père tel que dans son souvenir.
Difficile d'évoquer un tel sujet sans tomber dans un certain pathos. Et pourtant
Pietro Scarnera y est parvenu, un peu trop à mon goût...
J'ai apprécié le choix de la bichromie pour représenter ce lieu au temps suspendu, stérile et silencieux qu'est l'hôpital. Appuyé par un trait épuré voire même minimaliste, ce contraste noir et blanc renvoie également aux sensations de vide et de solitude éprouvées par le narrateur lorsqu'il tente d'entrer en contact avec son père ou se pose des questions quant à une possible amélioration de son état.
Bien que je ne sois pas très fan de ce genre de dessins (je m'amusais à colorier ce type de visages indifférenciés quand j'avais 5 ans), je reconnais que les images convoquées par l'auteur attestent d'un réalisme indéniable.
Seulement voilà, durant ma lecture de ces 80 pages, je suis restée sur cette impression de lire un manuel destiné à expliquer le coma aux enfants, utilisant par exemple le mot "docteur" pour "médecin" ou "mort de peur" là où "effrayer" aurait selon moi mieux convenu à un lectorat adulte.
Mais peut-être était-ce là la volonté de l'auteur que de nous renvoyer à ce sentiment de petitesse qu'entraîne la peur et l'impuissance face à la perte d'un être cher.
Quoiqu'il en soit, j'ai trouvé ce narrateur un peu trop simplet, lisse, clinique dans sa façon d'évoquer des souvenirs supposés douloureux et l'émotion n'a donc pas été au rendez-vous malgré le thème abordé.
J'aurais aimé que le dépouillement graphique soit soutenu par une plus grande maturité dans le discours.
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