Citations sur Soeurs de miséricorde (40)
La richesse n'est pas l'accumulation de biens, mais de liens à l'autre. (p 39)
Elle est une petite fille de dix ans qui pleure parce qu'elle devine qu'elle appartient à un monde où même si l'on travaille dur, qu'on est sage et respectueux, on ne peut désirer, espérer, s'échapper.
Ce qu'elle a pu apercevoir dans ses manuels de classe, derrière les portes, dans les rues de Sucre, restera à jamais inaccessible ?
À Chuqui-Chuqui, l'école s'arrête à la septième, c'est sa dernière année, après il faudra aller dans les champs de maïs, de cannes à sucre ou partir trouver un boulot à Santa Cruz.
Elle fait une deuxième septième, elle a obtenu cela de sa mère et de sœur Amalia, la directrice, parce qu'elle aime l'école. Elle s'occupe des plus petits de la classe, des enfants de la montagne qui parlent mal espagnol, elle apprend par cœur les miettes du programme, ravie quand elle découvre des choses nouvelles.
Elle a dix ans et elle pleure parce qu'elle a peur de ne pas avoir le droit de désirer autre chose que ce qu'elle a déjà.
A-t-elle le droit ?
Elle a dix ans et voit, tout à coup, autour d'elle des barrières qu'elle n'avait pas devinées avant.
Est-ce que la vie est injuste ?
Azul, le cœur serré, pense à cette minuscule fillette de trois ans qui, un week-end sur deux, espérait chez son père, sa belle-mère et leur bébé, qu'un adulte la prenne dans ses bras. Elle suivait du regard son nouveau petit frère dans les bras amoureux de ses parents. Elle regardait, tendait ses bras vers son père qui ne la remarquait pas.
On lui a transmis les valeurs de la culture inca, la richesse n'est pas l'accumulation de biens, mais de liens à l'autre. Le riche est celui qui connaît le plus de monde. (p. 39)
Ximena est propriétaire d'une maison et d'un jardin planté d'arbres fruitiers, elle est à la fois riche et très pauvre. L'argent, en pièces, en billets, est absent de sa vie.
Il n'y a ni retenue, ni addition, ni épargne; Elle ne compte pas. Quand elle obtient une pièce, parfois un billet, il est immédiatement échangé contre un bien au marché de Sucre ou le service d'un voisin (ce qui est rare, le service est rémunéré contre un autre service)(p.27)
"L'éducation ouvre les cœurs et les bonnes volontés ."
Lui, le garçon de la rue, il aimerait suivre les cours de mécanique et Azul qui parle beaucoup plus que lui ce jour-là, approuve car "l'éducation ouvre les coeurs et les bonnes volontés".
Ils se disent qu'ils ont de la chance d'avoir trouvé un emploi. Ils sont unis dans cette même prière qu'Azul répétera à Santa Cruz, à Rome, à Ris.
"Marie, Marie, mère de Dieu, aidez-moi, je vous en supplie, aidez-moi, que je m'en sorte, que j'arrive à travailler, à gagner de l'argent, à élever mes enfants, qu'il ne nous arrive rien de mal."
Elle se dit que si par une étrange idée quelqu'un raconte son histoire dans un livre (elle se trouve bien orgueilleuse , on ne consacre pas des livres à des femmes de ménage), elle serait heureuse de pouvoir témoigner que des inconnus, vivants ou morts, par leurs actes ou leurs mots, l'ont aidée. (p. 196)
La plupart du temps, elle (Azul) se bat. Ce n’est pas une lutte pour de grandes choses, pour bâtir une ville, gagner une guerre contre l’ennemi, non, elle mène une lutte minuscule, presque invisible, pour avoir de quoi manger, un toit pour elle et son fils, pour ses proches, pour que chacun ait de quoi vivre, faire le bien.