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Critique de nadejda


Léonard Saxberger approche de ses soixante-dix ans. Il s'est installé, depuis 35 ans, dans une petite vie enveloppée d'une torpeur confortable, entre son bureau où il occupe un emploi de fonctionnaire, ses promenades et ses visites au café de « La Poire bleue » où il partage les parties de billard et les fêtes arrosées des habitués.

Cet homme tranquille a oublié les vers publiés dans sa jeunesse, réunis dans un recueil titré « Promenades ».
Quand, au retour de l'une de ses promenades, un visiteur l'attend chez lui, il tombe des nues, décontenancé face à l'enthousiasme de ce jeune poète admiratif qui fait partie d'un cercle d'artistes nommé « La jeune Vienne ». Il l'invite à se joindre à eux lors de leurs rencontres au café de l'Exaltation.

Le visiteur parti, Saxberger ne sait que croire : se moque-t-on de lui, est-il vraiment digne de cette admiration ?

Tout l'intérêt de cette nouvelle tient dans l'attachement que l'on éprouve pour cet homme vieillissant qui revit au contact de cette jeunesse qui l'accueille et lui permet de retrouver un peu la sienne. Tout en lui en redonnant l'image oubliée, cette rencontre suscite des questionnements qui se font jour dans l'esprit de Saxberger. Pourquoi lui ? Sont-ils sincères ? A-t-il vraiment du talent ? n'est-il pas ridicule ? Et le lecteur se pose les mêmes et se demande où ce regain de vie va-t-il le mener…

« Le vieux monsieur se sentait léger et de belle humeur. Il songea : Mais pourquoi tout cela aujourd'hui seulement ! Si tard ! Que n'ai-je fait cette rencontre il y a trente ans — ou vingt ans, ou même, il y a cinq ans ! Et là-dessus, une fois de plus, l'impression d'avoir retrouvé la fraîcheur de sa jeunesse s'imposa avec une force telle qu'il finit par se dire à lui-même : non, il n'est pas trop tard. » p 60

Le texte nous fait vivre toutes les hésitations, les doutes et aussi les agacements et les conflits inévitables entre son ancienne vie et celle qu'il croit avoir retrouvée au sein du cercle de « la jeune Vienne » qui le mène malgré lui à rêver d'une reconnaissance, voire d'un possible succès inattendu.
Le ton de Arthur Schnitzler est assez ironique et quelquefois sans indulgence, un mélange de dérision et de cruauté quand il dépeint les habitués des cafés que ce soit ceux du billard de la Poire bleue ou le milieu littéraire et journalistique du café de l'Exaltation.

Au final, un texte que j'ai pris plaisir à découvrir grâce à Babelio et aux éditions Albin Michel qui m'en ont permis la lecture avant parution.
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