AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nastasia-B


Laissez-moi, une fois n'est pas coutume, vous conter dans quelles conditions j'ai lu cette pièce. Je me rendais à un enterrement dans ma famille en Normandie, non loin de la mer, à l'autre bout de la France où j'habite actuellement.
J'avais déjà plus de 600 km au compteur, le temps était gai comme un canal, les nuages gris d'orage étaient propices aux pleurs. À mesure que j'approchais le gris devenait plus noir comme pour satisfaire à la situation. J'avais fait tourner en boucle plusieurs fois un même vieux CD de Led Zeppelin histoire, premièrement, de ne pas m'endormir au volant, et deuxièmement, je trouvais qu'il y avait une manière de clin d'oeil presque à propos entre ce « Stairway to Heaven » et ce qui allait se dérouler quelques heures plus tard.
Chemin faisant, à chacune des pauses que j'effectuais, je dévorais quelques pages de la Liebelei (littéralement « amourette ») d'Arthur Schnitzler. Je ne pouvais m'empêcher de faire des liens entre l'ambiance de morgue qui flânait autour de moi, l'émouvant « Babe I'm gonna leave you » que me hurlait chroniquement Robert Plant dans les oreilles et la malheureuse Christine de la pièce.
Car en effet, il y a comme un parfum de deuil, comme un déchirement d'orage dans cette pièce en trois actes dont le style est d'une redoutable fraîcheur. Bien malin celui qui pourrait deviner, en la lisant simplement, qu'elle a été écrite en 1894.
Fritz et Théodore sont deux jeunes hommes de la bonne société viennoise, qui savent passer du bon temps, notamment auprès des femmes. Fritz est amoureux d'une femme mariée avec laquelle il a une relation de longue date.
Mais ça sent le roussi dans cette histoire car le mari trompé a découvert le pot aux roses et vient rapporter ses lettres enflammées à Fritz.
Parallèlement, Théodore et lui entretiennent une petite amourette avec deux amies, Mizi et Christine. Mizi ne se fait aucune illusion sur le devenir de sa relation avec Théodore et ne cesse de mettre en garde Christine qui elle est follement éprise de Fritz.
Je me permets de ne pas soulever davantage le voile de mystère qui drape encore cette intrigue, remarquablement écrite dans un style sobre, naturel et fluide. Premier essai (je n'avais encore rien lu de lui à l'époque, je me suis un peu rattrapée depuis) concluant pour ma part avec Arthur Schnitzler, qui signe, ma foi, une bien belle pièce, qui manque peut-être du petit quelque chose sublime qui marque de son sceau les vibrants chefs-d'oeuvre que nous chérissons tout au long de notre vie, mais qui fera probablement écho, pour bon nombre d'entre nous (je m'adresse aux lectrices), à nos destins (plus ou moins éloignés selon l'âge) de demoiselles en phase d'apprentissage amoureux, lequel apprentissage n'est jamais totalement achevé (même mariées, fripées ou racornies, nous restons toutes un peu des demoiselles et des novices dans ce domaine), sauf à l'heure de l'ultime soupir, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose en vérité.
Commenter  J’apprécie          734



Ont apprécié cette critique (66)voir plus




{* *}