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Critique de oblo


D'abord refusé de publication pour son caractère jugé scandaleux en Grande-Bretagne, La nuit africaine connut pourtant un succès dans ce même pays, dépeignant avec fidélité un pays que connaissait bien Olive Schreiner pour y être née et y avoir vécu, l'Afrique du Sud. Pays multiculturel, déjà, puisqu'en plus des populations africaines d'origine zouloue, y vivaient, au début du 20ème siècle, les descendants des premiers colons néerlandais - mais aussi huguenots français - et ceux des colons britanniques, bien plus récents. Schreiner, elle, était fille de pasteur allemand et mariée à un fermier afrikaaner ; elle s'opposa à Cecil Rhodes, le gouverneur britannique qui manoeuvra en faveur d'une guerre contre les Boers, les descendants de colons néerlandais.
Son roman crépusculaire met en scène deux personnages perdus dans l'immense nature africaine autant que dans la société coloniale. Waldo, le jeune garçon, est un rêveur qui, après les travaux des champs et des bêtes, s'interroge sur le sens de sa vie et remet en cause la religion (le protestantisme rigoriste enseigne très tôt la culpabilité au jeune enfant, sans que celui-ci n'ait rien fait), lui le fils de pasteur luthérien allemand. le personnage de Lyndall, plus intelligent, se révèle aussi plus profond et davantage révélatrice des aspirations d'Olive Schreiner. En effet, Lyndall est l'exemple rare d'une femme, isolée pourtant, qui se promet d'être indépendante, au risque même de sa vie.
L'Afrique du Sud sert les décors vastes et beaux de ces parcours mi-chaotiques, mi-initiatiques ; loin de toute ville, la vie se déroule dans les campagnes arides où les bêtes sont recluses. Les hommes s'intéressent à Lyndall, lui jurent que sans eux elle ne pourra s'en sortir.
La nuit africaine est réellement bouleversant, car Schreiner y livre une vision du monde forcément personnelle (l'éducation protestante, le rôle de la femme jugée inférieure dans le monde, les beautés brutes de l'Afrique) et pourtant formidablement universelle et progressiste. C'est le roman d'une artiste qui photographie son monde, le critique de manière acide et le fait, dans le même temps, avancer.
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