Tout le monde se souvient de ce miraculeux prix
Goncourt de 2000 :
Ingrid Caven.
On tenait de nouveau un auteur solide,
Jean-Jacques Schuhl avec son univers propre, un fantaisiste littéraire, une écriture imparfaite mais particulière.
Bref, on ne pouvait qu'encenser cette année-là, les dix jurés du Goncourt, qui oubliant à qui ils devaient leur couvert, honoraient leur choix et récompensaient un écrivain.
On se disait, ça y est, les Goncourt se réveillent, ils se souviennent de
Proust (1919),Béraud (1921),
Malraux (1933), Gracq (1951), Gary (1956), Marceau (1969), Tournier (1970), Laurent (1971),
Modiano (1978) ou de Fernandez (1982).
Pensez donc !
Et puis, plus de nouvelles, plus de livre de Schuhl, jusqu'à ce magnifique
Entrée des fantômes.
Voici à nouveau un livre inclassable. Ca commence avec une ébauche de roman d'anticipation, policier, on ne sait pas. Mais l'auteur est dans l'impasse et il a besoin de refiler le mistigri.
Voici qu'apparaît le double de Schuhl, Charles. Et le pauvre part dîner chez Davé, du côté de l'église
Saint-Roch. Davé c'est cet asiatique qui hantait jadis le Privilège d'Emaer.
Donc, arrive Charles dans un « banal restaurant chinois » et là, il tombe sur Raoul Ruiz, qui dîne en compagnie de John Malkovitch et William Dafoe (on peut trouver pires convives), et qui lui propose de jouer le rôle du chirurgien dans un remake des Mains d'Orlac.
Et nous voilà embarqués dans une épatante errance, où sont convoqués les fantômes de Schuhl, comme
Jean Eustache ou
Jean-Pierre Rassam.
Mais aussi, les boîteux célèbres, la pharmacie des Champs-Elysées, etc...
Tout est étrangement glacé, coincé sous une gaze.
C'est un mélange de gris, de noir et de bleu.
Il y a ces bouts de nuit mais aussi ces "jusqu'au bout de la nuit".
L'écriture de Schuhl est celle d'un dandy, elle effleure la vérité, cette surface indécise, imprécise et pourtant réelle.
Croyez-moi, cela fait du bien, un livre d'un vrai écrivain.
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