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Les Cités Obscures, HS tome 5 sur 13
EAN : 9782203024854
65 pages
Casterman (28/10/2009)
3.86/5   43 notes
Résumé :
Aimé, un enfant d'une dizaine d'années au crâne rasé, vit à Taxandria, une ville en ruines, emplie de colonnes corinthiennes et de grands palais déserts. Suite à un mystérieux cataclysme, les lois de "l'éternel présent" ont été promulguées à Taxandria : toute allusion au passé et au futur y a été interdite, toutes les machines ont été bannies.
Aimé découvre un livre d'images qui relate ces terribles événements. Il est bouleversé par cette lecture et plus rien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Arrivé à ce quatorzième ouvrage du cycle des Cités obscures, le lecteur sait qu'il ne trouvera pas de points de repère habituels, et que Schuiten et Peeters auront suivi leur fantaisie pour proposer un récit sortant de l'ordinaire et semblable à nul autre du cycle. Il découvre une histoire qui s'apparente à un conte, plus courte que les précédentes (61 pages de bandes dessinées), se lisant rapidement (20 minutes en s'attardant sur les dessins) dans la mesure où il y a sur 43 pages qui ne comptent que 2 cases.

La page de titre précise que le récit constitue une variation sur "Taxandria" de Raoul Servais, un réalisateur de film d'animation belge. La postface de 12 pages retrace la genèse de ce film de 1994 de Raoul Servais, ainsi que les modalités et la nature de l'implication de Schuiten dans ce projet, illustrée par des dessins, des esquisses préparatoires et 9 photographies extraites du film.

Les références internes au cycle des Cités Obscures sont peu nombreuses. Il y a le tramway 81, déjà apparu dans "Les murailles de Samaris et "Brüsel". le nom du maire "Brentano" évoque l'ancien nom de Blossfeldtstad (fait évoqué dans "L'Écho des Cités").

Les 3 dessins de la première page permettent de se faire immédiatement une idée de l'approche graphique retenue par Schuiten pour ce tome. Première case, il n'y a que la tête d'Aimé reposant sur son oreiller, encore endormi. Il s'agit d'une quantité d'informations visuelles peu importante, le dessin s'attachant surtout à rendre l'ambiance de calme et de sérieux du dormeur. Schuiten a repris ses crayons de couleurs pour faire émerger un fond grisâtre, baignant l'image dans une réalité un peu triste, avec une ou deux écailles dans le revêtement du mur.

La deuxième case montre Aimé se redressant d'un coup sur son oreiller, avec une roue dentelée incomplète en fond, des gouttes de sueur et des draps froissées. le mouvement d'Aimé est bien rendu et la composition de la case donne l'étrange impression que sa tête va se positionner à l'endroit où la roue dentelée est incomplète. La troisième case comprend plus d'éléments descriptifs avec une plus grande profondeur de champ, et Aimé est déjà plus petit au fond de cette pièce, alors que figurent 6 roues dentelées qui s'apparentent à autant de pièces d'un mécanisme d'horlogerie. Cette case s'inscrit dans les dessins minutieux et descriptifs de Schuiten, teintés d'onirisme.

Dans les 2 pages suivantes, Aimé chemine vers l'école, les arrières plans sont noyés dans une brume ocre et grise, seuls les détails du premier plan. Page 5, Aimé marche dans la ville en ruine et toutes les décors sont devenus précis et détaillés, les architectures sont reconnaissables, chaque pavé, chaque latte de parquet est représenté. Les 7 pages consacrées à l'histoire de Taxandria baignent dans une lumière plus dorée, évoquant un âge d'or révolu, avec des dessins plus expressionnistes, la couleur s'assombrissant progressivement alors que le cataclysme se produit.

Comme dans les autres tomes du cycle, le lecteur est invité à prendre le temps de se promener dans cette ville, à admirer les bâtiments, à rêver de ces architectures démesurées, de ces mélanges improbables de bâtiments recomposés, à lever le nez pour voir le sommet de ces colonnes romaines gigantesques. Un promeneur familier des cités remarquera également le dôme abritant les femmes, comme structure hémi sphérique évoquant le dôme du Centre de Cartographie (voir "La frontière invisible"). Il reconnaîtra également la locomotive à vapeur comme une forme chère à Schuiten. Il détectera les symboles : le pavage déformé comme une vague, l'importance des jonctions comme les escaliers, les échelles, les passerelles, ainsi que les cadrages inclinés de quelques degrés faisant apparaître tous les bâtiments de guingois, le cheminement final d'Aimé qui s'effectue sur des rails. Il s'interrogera sur l'omniprésence des rouages d'horlogerie.

Peut-être plus encore que dans les tomes précédents, "Souvenirs de l'éternel présent" regorgent d'éléments visuels qui sont autant de symboles, traduisant des questionnements philosophiques. Les différents dispositifs de passage insistent sur la démarche spirituelle qui consiste à se rapprocher des autres, plutôt que de s'enfermer dans son égo. La mise en scène du Prince est une référence au film "Le magicien d'Oz", relativisant les apparences. le trajet d'Aimé sur des rails semble indiquer que lui aussi est conditionné par son environnement et son éducation, son état d'enfant (d'être en pleine croissance) le condamne à devoir évoluer, à refuser les choses en l'état. La grande vague menaçant Taxandria évoque le sort de l'Atlantide.

L'omniprésence des rouages d'horlogerie brisés illustre la situation de Taxandria : une forme d'ataraxie (presqu'une anagramme) dans un temps immuable, d'indifférence émotionnelle, et de stagnation, un état de régression par rapport à l'âge d'or. le temps s'est arrêté et est détraqué, figé. Dans ce présent éternel, la science (qui a précipité la chute de Taxandria) est devenue synonyme de progrès, de changement, et est donc bannie. Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais) et elle est devenue interdite de cité. La dictature éclairée d'Irina et Thadeus Brentano a laissé la place à une dictature totalitaire désincarnée et déshumanisée.

Peeters intègre aussi des thèmes comme les risques du clonage, le langage comme instrument imparfait (la transmission lacunaire et déformée par le jeu du passe-parole ou du téléphone) et même le sentiment de culpabilité dans une scène de confession assez traumatisante. À nouveau, les femmes sont reléguées au rang de simple instrument du désir dans le dôme. Il ne s'agit même plus d'une métaphore sur la muse source d'inspiration, à peine une évocation de la mère absente d'Aimé. Peeters donne l'impression d'évoquer le fait que l'enfant doit surmonter la séparation d'avec la mère, tout en n'étant pas encore parvenu au stade de la sexualité.

À la première lecture, "Souvenirs de l'éternel présent" donne l'impression d'être la simple récupération de dessins préparatoires réalisés pour le film "Taxandria", un recyclage opportuniste pour réaliser une bande dessinée à moindre frais, en capitalisant sur des dessins de grandes qualités. Avec un peu de recul, le lecteur se rend compte que cette histoire mérite bien sa place dans le cycle des Cités Obscures, puisque la ville de Taxandria occupe une place primordiale, imposant un mode de vie de manière totalitaire aux habitants. Les dessins et l'intrigue sont porteurs de thèmes complexes et ambitieux, à la hauteur des autres tomes du cycle. le voyage d'Aimé reste longtemps dans l'esprit du lecteur touché par le courage de ce garçon refusant le statu quo. L'issue du récit semble dire au lecteur que le temps est venu de revenir à la réalité, que le temps du rêve immuable est révolu.
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Je ne suis pas experte en bandes dessinées, ...ni organisées, ni armées. Je ne suis experte en rien d'ailleurs. Alors je déambule, je flâne, je m'arrête, regarde et parfois ...je pousse la porte. Une nouvelle aventure commence. Cette fois ci ce sont les cités obscures qui m'ont attirée.
La petit mite que je suis a parfois un appétit de papillon, ….de nuit surtout.
Les dessins de Schuitten m'ont aimanté. Une coté Bruges la morte, Knokke le zoute. Bords de mer, station lunaire, ... Bref les dessins sont étonnants. le monde d'Aimé, l'enfant unique et principal, par la couleur de ses éclairages de marchand de sable est à la fois terrifiant, vacillant, onirique, surréaliste. Léon Spilliaert, Delvaux, Magritte ne sont pas loin..
 
Souvenirs de l'éternel Présent. Un monde sans mémoire. Une cité perdue, toxique.
Et lorsque l'on sait l'histoire de cet album, du moins sa source son origine on comprend le pourquoi et le comment de sa qualité. «  Ce livre est à bien des égards comme la mémoire d'un film fantôme, les vestiges d'un Taxandria qui ne vit jamais le jour. »
Oui c'est l'histoire d'un rêve, le rêve d'un homme Raoul Servais, un rêve qui devint utopie. Et d'une utopie qui donna naissance à une oeuvre. Rien ne meurt jamais. Rien ne se perd. Tout se retrouve un jour, la mémoire comme les hommes. C'est ça la magie de l'art, du 7e comme du 9 e et de tous autres, la magie de la lumière !
On peut tout remonter ...le courant, le temps , les dessins, les images, les souvenirs.
Alors à présent ? J'espère pourvoir découvrir toutes les autres cités obscures de Schuiten et Peeters.
Alors je marche, je déambule, je flâne, et puis un jour devant un livre je pousserai à nouveau une porte.

à noter : "Le Musée des arts et métiers de paris présente, du 25 octobre 2016 au 26 février 2017, Machines à dessiner, une exposition exceptionnelle, fruit d’une collaboration avec François Schuiten et Benoît Peeters, auteurs des Cités obscures et de Revoir Paris. Pivot de l’exposition, le dessin s’y dévoile comme une activité à la fois technique et poétique, entre précision et imagination."

Astrid Shriqui Garain

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Avec cette bd, je découvre les auteurs que sont François Schuiten et Benoît Peeters. Une bd que m'a conseillé ma moitié, plutôt experte en la matière.
J'avoue que j'ai eu beaucoup de mal. Non pas à la lire car celle ci est très facile d'accès. Mais plutôt dans l'approche. Je n'y ai pas saisi ( immédiatement le propos) de l'auteur. Je me suis donc laissé guidé par cette histoire dans les pas du jeune Aimé, qui vit dans un monde où se poser des questions est devenu tabou, voire interdit. Une fois la bd terminée, il m'a fallu laisser passer une bonne nuit de sommeil pour en appréhender enfin toute la poésie. Là où j'ai voulu absolument y trouver un sens, il n'y avait en réalité que surréalisme. Là où je cherchais à comprendre, il n'y avait rien à comprendre.
En fait il n'est pas tant important que de tenter de comprendre le propos de l'auteur que d'y trouver sa propre interprétation. La mienne ( elle vaut ce qu'elle vaut pour ce qu'elle est...!) est que cette bd est une réflexion sur la routine... et la mémoire. Et donc l'histoire, notre propre histoire. Comment les souvenirs peuvent ils survivre dans un monde où chaque jour ressemble à la veille et au lendemain? Comment peut on évoluer dans ce monde quand des personnes s'évertuent à ne surtout rien changer, à établir des règles autoritaires, sans aucun sens si ce n'est celui uniquement d'interdire, et à mettre toute leur énergie à ce que tout cela reste en l'état?
La peur du changement est également très présente et motive les "adultes" de cette bd. Au passage, toutes les femmes ont disparu. Elles sont réduites à de simples faire valoir sexuelles. La fonction maternelle et reproductrice même leur a été retiré. le monde est donc composé uniquement d'hommes adultes, gardiens d'une sécurité illusoire, gage d'une prospérité tout aussi illusoire, et d'un enfant unique. Mais c'est avant tout la peur qui guide ces hommes. Cet enfant incarne donc le changement, la petite faille dans le système qui va tout changer. Ce monde reste figé à l'image du temps qui ne s'écoule plus, de ce petit garçon qui ne vieillit plus. Jusqu'au jour où une incarnation du passé ( donc de la mémoire) va l'amener à se poser des questions, à braver l'interdit. Ce simple livre va lui redonner le goût d'apprendre et d'aller de l'avant. Dès lors, alors qu'il aura su se détacher de l'emprise de cet éternel présent, ses cheveux recommenceront à pousser, il recommencera à vieillir. Et lorsqu'il regarde en arrière, il se réalise que, comme le lui indique l'un des marins qui le recueille dans la mer : "là bas, il n'y a rien, petit...". Car effectivement le présent n'est rien, rien qu'un instant fugace qui disparaît dès lors qu'on en parle...
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Le héros de cet album, Aimé, est le seul enfant survivant à Taxandria. La cité a par ailleurs été dévastée par le passé et les habitants actuels vivent dans des ruines dans une société à la hiérarchie particulière et dans l'objectif de ne rien faire ou dire qui puisse perturber une routine souvent absurde. Mais Aimé en a marre de tout cela : il s'ennuie et voudrait partir découvrir par lui-même au-delà des limites de la cité.
J'aime toujours autant le graphisme de cette série mais là l'histoire ne m'a pas spécialement accrochée. Il y a tout de même l'explication de la période où les humains ont dépassé les limites éthiques de ce que la science autorise qui ouvre des perspectives intéressantes.
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Ce nouvel épisode de la série les cités obscures se passe à Taxandria avec pour personnage principal Aimé un petit garçon âgé de 10 ans. A Taxandria les lois de l'éternel présent ont été promulguées, on ne doit en aucun cas parler du passé. La ville a été ravagée par un cataclysme, les femmes ont disparues et Aimé est le seul enfant à vivre dans ce décor en ruine. Dans cette ville ravagée Aimé tente de questionner les hommes et comprendre ce qui s'est passé, où sont les femmes? Pourquoi Aimé est -il le seul enfant? Qu'est ce qui a provoqué ce cataclysme... Puis un jour il découvre un livre abandonné dans les ruines, ce précieux livre raconte l'histoire secrète de Taxandria....
Un nouvel épisode qui nous transporte dans un monde mystérieux où le temps s'est arrêté. Univers scientifique, thème de la solitude et notion du temps sont les sujets qui caractèrisent cet album. Les illustrations sont splendides, un régal pour les yeux alors que le monde présenté ici est un univers apocalyptique.
A la fin de l'album, quelques pages qui présentent le projet du film dont se sont inspirés les auteurs de la bande dessinée pour réaliser ce nouvel épisode.
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Nos Princes sont morts il y a des années. Mais moi je suis encore vivant!
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