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Critique de Foufoubella


Relativement court, interpellant et détonnant par son sujet, un phrasé et une narration prenants, Kentukis est typiquement un roman que j'aurais lu d'une traite si mon emploi du temps le permettait.
Je profite pour remercier Ladybirdy qui me l'avait conseillé suite à ma lecture de Klara et le soleil de Kazuo Ishiguro.

Mais de quoi parle ce livre? Kentukis n'est pas une ville de plaisance située sur une côte ensoleillée mais représente de petits animaux de compagnie robotisés, munis d'une caméra, qui vous observent à tout moment de la journée, du moins si vous leur en laissez l'occasion. Ressemblants à des petits lapins très mignons, à des pandas craquants ou à des dragons inoffensifs, ces petits êtres faits de poils, de plastique et de circuits programmés seront les compagnons idéaux pour votre enfant ou pour vous même, vous, le grand enfant que vous êtes resté, seront à coup sûr le cadeau qui fera plaisir pour Noël, les anniversaires ou autres barmitsvas. Sauf que... Sauf que ces nouveaux jouets technologiques ne sont pas si anodins qu'il ne paraît à première vue puisque derrière chacun se cache une autre personne, qui peut se trouver n'importe où à travers le monde, une personne bien réelle qui a décidé, elle, de «devenir» un kentuki, par plaisir du voyeurisme, par ennui, par intérêt et curiosité, ou pour toutes autres raisons aussi diverses que variées. Alors il se peut que vous cohabitiez avec une gentille grand-mère résidant en Argentine, vous qui vivez en Allemagne, ou avec un adolescent américain en mal de sensation, ou alors avec un pédophile ou un serial killer, qui sait...

C'est dans un monde quelque peu parallèle au nôtre, assez proche, dans un futur qui existe déjà ou qui se rapproche fortement, que nous propose ici d'explorer Samanta Schweblin. Et, d'un côté, cela fait plutôt froid dans le dos. Dans la lignée d'un épisode de la série Black Mirror, dont cet opus ne détonnerait pas, l'autrice nous invite à nous questionner sur nos rapports aux nouvelles technologies mais aussi aux autres, virtuellement ou IRL comme on dit, à nous plonger dans notre Moi profond, savoir si l'on préfère être (soit, «devenir» la bestiole pour observer la vie des autres) ou avoir, sans pour autant avoir de contrôle sur l'autre sauf à s'en débarrasser définitivement.
Original sans être barge, ce roman nous plonge, nous lecteurs, dans une certaine forme de psyché humaine que je pourrais qualifier d'universelle, appâtés comme nous pouvons tous l'être un jour ou l'autre par le voyeurisme, la curiosité, même malsaine, ou la convoitise.

En résumé, un roman glaçant sous bien des aspects, prenant et envoûtant à certains moments (je me rappelle surtout d'une «rencontre» entre deux kentukis), percutant dans son ensemble.
Je déplore peut-être sa relative brièveté, qui enlève selon moi un peu de profondeur au récit, même si cela permet une plus grande introspection.

Lu (et adopté) en octobre 2021
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