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Isabelle Gugnon (Traducteur)
EAN : 978B08NXRBZL2
Gallimard (14/01/2021)
3.68/5   61 notes
Résumé :

Le phénomène se propage rapidement aux quatre coins de la planète. On les appelle « kentukis » et tout le monde en parle, tout le monde veut en avoir un. Souris, corbeau, dragon, lapin : ce sont des animaux en peluche apparemment mignons et inoffensifs qui errent dans les différentes pièces de la maison. En réalité, il s'agit de robots avec des caméras incorporées à la place des yeux, et des roues pour se déplacer. Ils sont connectés au hasard à un utili... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Avoir ou être, c'est un sacré dilemme qui peut devenir un cadeau empoisonné dans un sens comme dans l'autre.

Imaginez un monde futuriste (quoi que) où les êtres pourraient choisir d'avoir un Kentukis, entendez par là, une peluche de 30 cm munie d'une caméra et d'une carte de données. Derrière cette peluche se cache n'importe qui. Un enfant du divorce italien, une retraitée de Lima, une jeune femme allemande . D'Italie, du Japon, de la France, de Calcutta, quelqu'un vous regarde, vous suit à la trace, épie vos moindres faits et gestes.
Mais vous pouvez aussi choisir d'être un Kentukis. D'être l'anonyme qui regarde et assoiffe sa curiosité. Imaginez alors pour l'enfant du Guatemala la magie que pourrait procurer la vision d'un paysage enneigé en Norvège. Quand tout se déroule sans encombre... sinon vous voilà immergé dans un hospice et advienne que pourra...

Bien loin de ma zone de confort, ce roman aux frontières du thriller et de la science-fiction m'a passionnée du début à la fin. Car il soulève de multiples réflexions sociétaires et existentielles. Dans un monde de plus en plus seul, jusqu'où sommes nous prêts à aller pour vivre sa vie à travers celles d'autrui.

Aucun temps mort dans ce livre que j'ai dévoré d'une traite qui pousse le lecteur au plus près de l'intime, dans un réalisme à coupé le souffle, autant aventurier, émouvant, interpelant, drôle, effrayant. Une palette émotionnelle complète qui se rejoint pour former sens et offrir un roman des plus haletants, captivants, questionnants et imaginatifs rarement lus jusqu'à l'heure.
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Science-fiction ou légère anticipation ? Les kentukis sont peut-être à nos portes, en cours de fabrication et prêts à envahir nos vies, le temps d'un engouement éphémère, comme pour tous ces gadgets que l'on a vu partout et qui ont fini sur les étals mornes de braderies de quartier.

Le kentuki, c'est un concept, enfermé dans une petite peluche, qui prend les traits d'un animal au choix, une gentille petite peluche. Cette merveille de technologie est équipée d'une caméra embarquée, ce qui signifie qu'à partir du moment où elle est activée, elle va filmer tous vos gestes et transmettre images et dialogues à quelqu'un quelque part sur la planète, un illustre inconnu à qui il suffit de se connecter sur une appli. Avec une communication aléatoire et complexe entre vu et voyeur.

L'auteur nous repose de suivre plusieurs aficionados de cet espion 3.0 et surtout d'analyser à travers différentes situations les conséquences éventuelles d'une telle intrusion dans la sphère privée des propriétaires de kentukis.

C'est assez vertigineux et flippant. A la fois sur la fragilité de nos désirs induits de consommateurs aveugles, et sur les conséquences de l'exposition de la vie intime, comme une escalade que les réseaux sociaux ont amorcée.

C'est parfois dérangeant, mais en tout cas très efficace. Un roman marquant. Et je remercie les voix du podcast Bibliomaniacs pour avoir attiré mon attention sur ce livre.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Dans la dystopie imaginée par la romancière argentine Samanta Schweblin tout le monde s'arrache les Kentuki, cette sorte de mignonne petite peluche téléguidée en forme de dragon, de panda, ou de lapin, équipée d'une caméra qui peut se déplacer partout dans votre appartement et observer absolument tous vos faits et gestes.

Les kentukis ne disent pas un mot, ils ne font que bouger et observer selon les ordres d'un autre.

Car en effet, deux solutions s'offrent au fan du kentuki : on peut soit se procurer un kentuki et le laisser déambuler dans notre maison comme bon nous semble, soit en acheter un mais pas pour nous, en souscrivant à un abonnement permettant de contrôler un kentuki au hasard dans le monde.

Et vous alors, vous préférez être celui qui observe ou celui qui se vante d'en posséder un ?

Autrement dit, que préférez vous pour combler votre solitude, le voyeurisme ou l' exhibition?

C'est une dystopie, aussi formidable qu'un bon épisode de Black Mirror, sur la manipulation du monde ultra connecté que nous propose Samanta Schwerin et les décidemment excellentes "Gallimard Monde entier," qui pour leurs 90 ans d'existence, frappent vraiment fort (après le très beau roman du vétéran Graham Swift dont a récemment parlé)

Cette histoire remet en question les limites diffuses de notre intimité tant ces petites peluches qui se promènent dans votre maison et observent votre quotidien sont bien moins inoffensives qu'elles ont l'air .

La romancière argentine utilise la forme du roman choral pour multiplier les points de vue sur cette humanité complexe, en manque d'affection et de contact , tentant par tous les moyens mis à sa disposition d'échapper à son isolement.

Le roman ausculte de façon plus chaleureuse que clinique la relation si ambivalente que l'individu d'aujourd'hui entretient avec les nouvelles technologies, acceptant de se laisser contrôler par un tiers simplement par manque de connexion avec autrui et peur de la solitude .

Si l' intrigue se déroule dans une vingtaine de pays différents, l'intrigue reste dans l'habitacle des maisons, donnant à cette ambiance confinée une résonance avec notre période actuelle qui rajoute au trouble du lecteur.

A la lisière de la science fiction, mais en conservant toujours une approche très réaliste et humaniste de son monde pas si imaginaire que cela, ce livre de l'autrice argentine Samanta Schweblin est aussi terrifiant que d'une grande intelligence!
Un incontournable de la littérature étrangère de ce début 2021.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Relativement court, interpellant et détonnant par son sujet, un phrasé et une narration prenants, Kentukis est typiquement un roman que j'aurais lu d'une traite si mon emploi du temps le permettait.
Je profite pour remercier Ladybirdy qui me l'avait conseillé suite à ma lecture de Klara et le soleil de Kazuo Ishiguro.

Mais de quoi parle ce livre? Kentukis n'est pas une ville de plaisance située sur une côte ensoleillée mais représente de petits animaux de compagnie robotisés, munis d'une caméra, qui vous observent à tout moment de la journée, du moins si vous leur en laissez l'occasion. Ressemblants à des petits lapins très mignons, à des pandas craquants ou à des dragons inoffensifs, ces petits êtres faits de poils, de plastique et de circuits programmés seront les compagnons idéaux pour votre enfant ou pour vous même, vous, le grand enfant que vous êtes resté, seront à coup sûr le cadeau qui fera plaisir pour Noël, les anniversaires ou autres barmitsvas. Sauf que... Sauf que ces nouveaux jouets technologiques ne sont pas si anodins qu'il ne paraît à première vue puisque derrière chacun se cache une autre personne, qui peut se trouver n'importe où à travers le monde, une personne bien réelle qui a décidé, elle, de «devenir» un kentuki, par plaisir du voyeurisme, par ennui, par intérêt et curiosité, ou pour toutes autres raisons aussi diverses que variées. Alors il se peut que vous cohabitiez avec une gentille grand-mère résidant en Argentine, vous qui vivez en Allemagne, ou avec un adolescent américain en mal de sensation, ou alors avec un pédophile ou un serial killer, qui sait...

C'est dans un monde quelque peu parallèle au nôtre, assez proche, dans un futur qui existe déjà ou qui se rapproche fortement, que nous propose ici d'explorer Samanta Schweblin. Et, d'un côté, cela fait plutôt froid dans le dos. Dans la lignée d'un épisode de la série Black Mirror, dont cet opus ne détonnerait pas, l'autrice nous invite à nous questionner sur nos rapports aux nouvelles technologies mais aussi aux autres, virtuellement ou IRL comme on dit, à nous plonger dans notre Moi profond, savoir si l'on préfère être (soit, «devenir» la bestiole pour observer la vie des autres) ou avoir, sans pour autant avoir de contrôle sur l'autre sauf à s'en débarrasser définitivement.
Original sans être barge, ce roman nous plonge, nous lecteurs, dans une certaine forme de psyché humaine que je pourrais qualifier d'universelle, appâtés comme nous pouvons tous l'être un jour ou l'autre par le voyeurisme, la curiosité, même malsaine, ou la convoitise.

En résumé, un roman glaçant sous bien des aspects, prenant et envoûtant à certains moments (je me rappelle surtout d'une «rencontre» entre deux kentukis), percutant dans son ensemble.
Je déplore peut-être sa relative brièveté, qui enlève selon moi un peu de profondeur au récit, même si cela permet une plus grande introspection.

Lu (et adopté) en octobre 2021
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En parcourant le programme des parutions des éditions Gallimard pour cette rentrée d'hiver, j'y ai vu entre autres Kentukis de Samanta Schweblin, un livre que je m'étais procuré en version originale il y a quelques mois. Et relire le résumé m'a donné envie de le sortir de ma bibliothèque, enfin ! Un roman étrange et plutôt captivant.
🔸
Acheter un kentuki, cette peluche aux couleurs pétantes qui peut se déplacer grâce à ses roulettes, c'est accepter qu'un utilisateur, à n'importe quel endroit du monde, s'y connecte et observe votre monde à travers ses yeux, c'est ouvrir une porte sur votre intimité à un inconnu.
Il y a le maître, celui qui achète la peluche et, n'importe où ailleurs dans le monde, l'utilisateur, celui qui achète la connexion devenant ainsi la peluche en la dirigeant depuis sa tablette ou son ordinateur et voyant à travers les caméras logées dans les yeux du kentuki, l'environnement du maître dans lequel ce dernier évolue.
Les chapitres alternent entre différents maîtres et différents utilisateurs. Plus on avance dans l'expérimentation de chacun plus la situation se tend, plus les dérives se succèdent inévitablement. Entre autres, une utilisatrice qui nourrit des inquiétudes proche de la paranoïa pour la maîtresse de son kentuki, un maître qui attendri par l'attention portée à son fils par son kentuki va tenter sans succès d'établir la communication avec l'utilisateur jusqu'à ce qu'il découvre l'ignoble vérité, ou encore le jeune collégien qui se sent prisonnier de sa vie, un père sévère et de mauvaises notes le consignant dans un bureau devant ses cahiers chaque soir, va retrouver quelques sensations de liberté grâce à sa connexion avec un kentuki ...
Les histoires sont souvent terribles, cruelles, mais on est pris dans l'engrenage, on suit les histoires de chacun, en se questionnant sur leurs dénouements. La majorité des histoires est captivante, une tension se crée autour de chaque kentuki malheureusement celle-ci est malmenée par l'alternance des chapitres qui fragmente un peu la lecture. On finit un chapitre sur les dents, on voudrait savoir ce qu'il se passe ensuite, mais le chapitre suivant casse le rythme en nous envoyant auprès de personnages qui nous intéressent un peu moins, où l'intrigue est moins addictive. du coup, même si j'ai globalement aimé ce roman, j'ai trouvé les différentes intrigues qui le constituent assez inégales.
Kentukis reste néanmoins un roman très intéressant qui part d'un objet à priori inoffensif, une peluche, et s'articule autour de la thématique du voyeurisme via les nouvelles technologies par l'accès à l'intimité de tout à chacun en achetant un simple code de connexion, montrant ainsi les limites des objets connectés et les déviances. J'ai beaucoup aimé le style de l'auteure, très accrocheur.
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critiques presse (1)
LeMonde
15 février 2021
De petits robots, si mignons, si mystérieux, s’arrachent ! Et l’écrivaine argentine de tirer vers l’horreur notre goût pour les nouvelles technologies.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La première chose qu’elles firent, c’est montrer leurs seins. Elles s’assirent toutes les trois au bord du lit, face à la caméra, retirèrent leurs T-shirts et, l’une après l’autre, dégrafèrent leurs soutiens-gorge. Robin n’avait presque rien à montrer mais elle le fit quand même, plus attentive aux regards de Katia et d’Amy qu’au jeu en soi. Si tu veux survivre à South Bend, avaient-elles dit un jour, il vaut mieux que tu sois du côté des forts.
La caméra était installée dans les yeux de la peluche qui tournait parfois sur les trois roulettes dissimulées à sa base, avançait ou reculait. Quelqu’un la dirigeait depuis un autre endroit, elles ignoraient qui. C’était un petit panda simple et élémentaire, mais il avait plus l’air d’un ballon de rugby dont l’une des extrémités aurait été tronquée, ce qui lui permettait de rester debout. Quelle que soit la personne qui se tenait de l’autre côté de la caméra, il les suivait en tâchant de ne rien rater, et c’est pourquoi Amy souleva le panda et le posa sur un tabouret pour que leurs poitrines soient à son niveau. Il appartenait à Robin, mais tout ce que possédait cette dernière était aussi à Katia et à Amy : tel était le pacte de sang qu’elles avaient passé le vendredi, qui les liait pour le restant de leurs jours. Et à présent, chacune devant faire son petit numéro, elles se rhabillèrent.
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Un doux murmure semblable à un chant s’éleva et Emilia s’approcha de l’écran pour mieux entendre. Ses haut-parleurs étaient vieux et grésillaient. Quand le son devint plus limpide, elle se rendit compte qu’il s’agissait d’une voix féminine : on s’adressait à elle dans une langue étrangère dont elle ne comprenait pas un traître mot. Elle n’avait pas de problèmes avec l’anglais – à condition qu’on le parle lentement –, mais cette langue-là n’avait pas du tout les mêmes intonations. Quelqu’un apparut enfin sur l’écran, une fille aux cheveux clairs et humides qui s’exprima de nouveau. Dans une autre fenêtre, le programme lui proposa d’activer le traducteur. Elle accepta, sélectionna « Spanish », et lorsque la fille reprit la parole, des sous-titres défilèrent sous l’image :
« Tu m’entends ? Tu me vois ? »
Emilia sourit et vit la fille se rapprocher. Elle avait des yeux bleus, un anneau dans le nez qui ne lui allait vraiment pas, et semblait elle aussi douter de ce qui survenait.
— Yes, fit Emilia.
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La caméra était installée dans les yeux de la peluche qui tournait parfois sur les trois roulettes dissimulées à sa base, avançait ou reculait. Quelqu’un la dirigeait depuis un autre endroit, elles ignoraient qui. C’était un petit panda simple et élémentaire, mais il avait plus l’air d’un ballon de rugby dont l’une des extrémités aurait été tronquée, ce qui lui permettait de rester debout. Quelle que soit la personne qui se tenait de l’autre côté de la caméra, il les suivait en tâchant de ne rien rater, et c’est pourquoi Amy souleva le panda et le posa sur un tabouret pour que leurs poitrines soient à son niveau. Il appartenait à Robin, mais tout ce que possédait cette dernière était aussi à Katia et à Amy : tel était le pacte de sang qu’elles avaient passé le vendredi, qui les liait pour le restant de leurs jours. Et à présent, chacune devant faire son petit numéro, elles se rhabillèrent.
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Pourquoi les histoires étaient si ténues, su minutieusement intimes, mesquines et prévisibles ? Si désespérément humaines.
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La première chose qu’elles firent, c’est montrer leurs seins. Elles s’assirent toutes les trois au bord du lit, face à la caméra, retirèrent leurs T-shirts et, l’une après l’autre, dégrafèrent leurs soutiens-gorge. Robin n’avait presque rien à montrer mais elle le fit quand même, plus attentive aux regards de Katia et d’Amy qu’au jeu en soi. Si tu veux survivre à South Bend, avaient-elles dit un jour, il vaut mieux que tu sois du côté des forts.
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