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Critique de Lamifranz


Pourquoi diable Walter Scott, spécialiste du roman historique écossais et anglais, a-t-il eu l'idée saugrenue de faire un roman sur la France, et qui plus est sur la France au temps de Louis XI ? La réponse nous est donnée par Walter Scott lui-même, dans sa préface (est-elle sincère ? ce n'est pas sûr, Walter Scott était en effet familier de ces introductions plutôt fantaisistes) : invité chez un ami français, le marquis de Haut-Lieu, Walter Scott aurait eu accès dans la bibliothèque de ce gentilhomme à des documents rédigés par Quentin Durward, un de ses ancêtres écossais, relatant ses aventures au temps de Louis XI. Remarquez, nous, on veut bien…
Ce qui est certain, c'est que Scott a étudié de près les Mémoires de Commynes (le grand historien de l'époque) et dans une seconde préface, a précisé les raisons qui l'ont poussé à écrire « Quentin Durward » : le XVème siècle voit, de façon inéluctable, la fin de la chevalerie. Et le roi de France, qui devrait en être le garant, ridiculise au contraire les principes de la chevalerie : honneur, vertu, abnégation, générosité, fidélité. S'ensuit un portrait au vitriol de Louis XI qui a terni pendant plus de cinq siècles la réputation de ce prince, avant la réhabilitation (partielle) de Paul Murray Kendall dans son ouvrage de référence « Louis XI, l'universelle araigne » (1974) : égoïste, hypocrite, déloyal, d'une intelligence redoutable, d'une grande piété (plus superstitieuse que sincère, du reste), le roi de France est habillé pour l'hiver par l'écrivain écossais ! Si ce portrait est véridique sur bien des points, il y manque tout le côté politique qui a fait de Louis XI le premier centralisateur, le premier créateur de la nation française en tant qu'état souverain.
Quentin Durward est jeune archer écossais qui fait partie des gardes de Louis XI. Dans le sillage de ce dernier il se trouve mêlé aux intrigues nouées par son souverain et le Duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Alors que Louis XI se rend à Péronne, les Liégeois se soulèvent. L'évêque, cousin du duc de Bourgogne, est assassiné. Il n'en faut pas plus au Téméraire pour emprisonner Louis XI dans Péronne et lui dicter ses conditions.
Tel est le schéma du roman. Là-dessus vient se greffer une romance gentillette, mais l'intérêt n'est pas là, il n'est même pas dans la confrontation des deux princes. Il est essentiellement dans le changement d'époque : fin d'un Moyen-Age où régnaient les valeurs chevaleresques (du moins en principe), et avènement des états modernes, où prédominent le réalisme (la realpolitik avant l'heure), le cynisme, le centralisme autour d'un souverain.
Plusieurs fois adapté au cinéma et à la télévision, le roman a donné lieu à un bon film de 1955, « Les Aventures de Quentin Durward » de Richard Thorpe, avec Robert Taylor et Kay Kendall, et à la télévision, en 1971, une remarquable série en 6 épisodes : « Quentin Durward » de Gilles Grangier, Avec Amadeus August dans le rôle-titre.
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