Survenu le 11 mars 2011, le séisme de la côte Pacifique du Tohoku au Japon a engendré 18 079 morts et disparus, des blessés et des destructions considérables. Ce bilan a plusieurs causes : le séisme de magnitude 9, le tsunami (conséquence du séisme) et l'accident nucléaire de Fukushima (conséquence du tsunami provoqué par le séisme). [Source : Wikipedia]
C'est en voulant rendre hommage aux victimes et à leurs familles que "
Tsunami girl" a vu le jour (à paraître le 19 avril).
Julian Sedgwick et
Chie Kutsuwada se sont en effet basés sur ces événements catastrophiques, qui ont malheureusement bien eu lieu, pour construire leur histoire, celle de Yuki, jeune adolescente anglo-japonaise de quinze ans. Parce que sa phobie scolaire devient de moins en moins gérable, Yuki débarque au Japon, afin de passer quelques temps chez son grand-père, Jiro, célèbre mangaka à la retraite, à Osoma, petite ville côtière au large du Pacifique. À peine arrivée, Jiro se rend bien compte que sa petite-fille ne va pas bien du tout. Alors qu'il lui a laissé une journée pour récupérer de son long voyage, aujourd'hui vendredi 11 mars 2011, il a bien l'intention de la voir sourire enfin. Pour ce faire, il ressort tous les dessins que Yuki a réalisé petite fille, sous forme de planches de mangas. Et ça fonctionne, Yuki sourit franchement en retrouvant Half-Wave, le super-héros qu'elle avait créé. Mais alors qu'elle est plongée dans ses souvenirs tout en étudiant ses dessins, le sol se met à trembler...
D'abord, je voudrais souligner l'originalité de ce livre, qui est bel et bien un roman, accompagné d'illustrations comme beaucoup de romans jeunesse. Et alors quoi d'original me demanderez-vous ? Et bien, je vous répondrais que la particularité de ce livre vient justement des illustrations, qui ne sont autre que des planches entières de manga qui viennent entrecouper le récit ici et là.
L'histoire, elle-même basée sur des faits réels, a également une part quelque peu mystique, onirique, fantomatique, surnaturelle (je n'arrive pas à trouver le mot exact) représentant tout le folklore japonais, avec toutes les croyances et les superstitions qui en découlent (yokai, kitsune, funayurei, etc). Et c'est toute cette part qui est évoquée sous forme de manga : rêves et imagination de Yuki, et événements sortant de la réalité (pour nous Occidentaux).
Le roman, quant à lui, se découpe en trois parties : pendant la catastrophe, deux mois après, et un an après. Même si
Julian Sedgwick emploie la conjugaison au présent et qu'elle est souvent mal adaptée à la description des événements, je dois tout de même dire qu'il a une très jolie plume, très immersive. Sans jamais rentrer dans l'horreur (n'oublions pas que nous sommes dans de la littérature jeunesse), il a su dépeindre avec brio l'entièreté des événements et ressentis, que ce soit les différentes étapes du séisme, des dégâts engendrés, mais aussi de toute la peur, de la tension et des sensations éprouvées par Yuki. J'ai d'ailleurs eu l'impression de suivre en direct la catastrophe, tout comme j'ai trouvé l'après tout aussi bouleversant. Les ressentis de Yuki sont décrits tels qu'elle m'a énormément émue, elle qui doit "se reconstruire" du tsunami tout en gérant difficilement sa phobie scolaire, qui passe ses journées dans sa chambre, qui ne voit personne à part ses parents et sa psy, qui ne veut pas parler, qui insiste pour retourner sur les lieux du drame malgré les risques de radioactivité, qui commence à trouver du réconfort en reprenant le dessin... Elle est bouleversante, j'ai d'ailleurs dû retenir mes larmes et ce fut difficile (j'étais dans une salle d'attente).
Je n'ai vraiment qu'une chose à reprocher à cet ouvrage : son glossaire à la fin. Il est certes indispensable (pour ceux qui, comme moi, ne connaissent pas grand-chose à la culture japonaise), mais de devoir sans cesse aller à la fin pour le consulter m'a coupée à chaque fois dans mon élan. Une petite note en bas de pages aurait été plus judicieux (à mon sens).
Je tiens également à préciser que je ne suis pas d'accord avec le "à partir de 12 ans", comme indiqué sur le site de l'éditeur. L'ensemble est bien trop mature, à mon humble avis, pour cibler un public aussi jeune. Je le conseillerais dès 14-15 ans plutôt, soit l'âge de Yuki.
Quoi qu'il en soit, en ce qui me concerne, j'ai beaucoup aimé. Et d'ailleurs, pour un roman jeunesse, je le trouve vraiment très abouti, bien construit, bien développé, très profond. Je remercie donc Nathan de Babelio et les éditions Bayard pour m'avoir permis de découvrir cet ouvrage dans le cadre d'une masse critique privilégiée.