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Critique de michfred


Short is beautifull.

Après des pavés plus ou moins mémorables, j'ai pris quelque vacance. Et goûté une vraie surprise.

Anna Seghers est, d'ordinaire, maîtresse des rythmes et sait tendre les ressorts d'une intrigue jusqu'à l'insupportable.

Transit ou La Septième croix sont des récits d'un réalisme puissant, d'un suspense effrayant, où comme une mouche, le personnage principal se débat dans la trame de l'Histoire , comme en un espace clos, dans une tentative de fuite frénétique, vaine et menacée.

Rien de tel ici.

Ce court récit n'a rien de réaliste ni de tendu. C'est une nouvelle solaire et poétique, la vision, au soleil couchant, d'une classe de jeunes filles en excursion sur le fleuve, par une radieuse après midi d'été. Ces jeunes filles " en barque sur le Rhin" à la façon d'Apollinaire sont chacune l'incarnation fugace d'un destin que la narratrice regarde avec le recul du rêve ou celui d'une vision douloureuse mais détachée. .

Autant de jeunes filles, autant de destins emportés par la déferlante du nazisme.

Comme une incantation, une prière mélancolique, Anna Seghers égrène, du fond de son exil mexicain, la litanie du souvenir.

Toutes ces jeunes mortes défilent au cours lent et majestueux d'une prose fluviale, liquide, qui s'écoule doucement comme le Rhin, comme le temps.

Tristesse de l'exil, chagrin de la perte, pardon des erreurs et des mauvais choix.

Ce sont ami(e)s que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta... aurait chanté Rutebeuf.
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