M. DORMÈRE
Comment, rien ? Pourquoi es-tu vert des pieds à la tête ? Et toi, Geneviève, pourquoi es-tu en loques et égratignée comme si tu avais été enfermée avec des chats furieux ? »
Georges regarde Geneviève et ne répond pas.
Geneviève baisse la tête, hésite et finit par dire :
« Mon oncle, … ce sont les ronces, … ce n’est pas notre faute.
GEORGES
Oui, oui. Pour arriver plus vite, allons travers bois ; nous sommes trop loin par le chemin.
GENEVIÈVE
Tu crois ? mais j’ai peur de déchirer ma robe dans les ronces et les pines.
GEORGES
Sois tranquille ; nous passerons dans les endroits clairs sur la mousse.
Geneviève résista encore quelques instants, mais, sur la menace de Georges de la laisser seule dans le bois, elle se décida le suivre et ils entrèrent dans le fourré ; pendant quelques pas ils marchèrent très facilement ; Georges courait en avant, Geneviève suivait. Une ronce accrochait de temps en temps Geneviève, qui tirait sa robe et rattrapait Georges ; bientôt les ronces et les pines devinrent si serres que Georges lui-même passait difficilement.
Mademoiselle Primerose :
Je parie que M. Dormère va faire comme toujours , il lui dira à la doucette : "Mon Georges, tu as eu tort. Tu me fais de la peine, mon ami. Je t'aime tant, mon petit Georges. Sois sage à l'avenir , ne recommence pas, mon chéri". Et voilà la seule réprimande qu'il aura. Et moi je veux le punir. Je veux vous emmener chez Mme de Saint-Aimar pour qu'il ne nous trouve pas. Dépêchons-nous , marchons un peu rondement , il ne pourra pas nous trouver , il n'osera pas aller chez les Saint-Aimar , il cherchera, il pestera, il sera furieux , ce sera une juste et trop légère punition de son horrible conduite.Jacques trouva l'idée excellente et doubla le pas tout en encourageant Geneviève, qui s'apitoyait sur Georges. Mlle Primerose, enchantée de son invention pour punir Georges, marchait aussi vite qu'elle pouvait, et se retournait souvent pour voir si elle ne l'apercevait pas. Bientôt ils furent hors de vue et ils ne tardèrent pas à arriver à Saint-Aimar, où ils furent reçus avec des cris de joie : les enfants étaient très contents de voir Jacques et Geneviève.