AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Stefan Zweig, le monde d'hier (6)

J'étais assez indépendant, le jour avait vingt-quatre heures et toutes m'appartenaient.
Commenter  J’apprécie          141
Je me souviens encore du jour de ma lointaine enfance qui marqua le tournant décisif dans l’ascension du parti socialiste autrichien; les ouvriers, afin d'offrir aux yeux pour la première fois le spectacle de leur puissance et de leur masse, avaient donné le mot d'ordre de déclarer le premier mai jour férié des travailleurs et résolu de se rendre en cortège serré au Prater et d'y défiler dans l'avenue principale, où d'ordinaire, ce jour-là, seuls passaient les voitures et les équipes de l'aristocratie et de la riche bourgeoisie qui avaient leur fête des fleurs.
.....
Une sorte de panique gagna de proche en proche. Toute la police de la ville et des environs fut postée à la rue Prater, les troupes mises en réserve, prêtes à tirer. Pas un équipage, pas un fiacre n'osa s'aventurer du côté de Prater. Les commerçants abaissèrent leurs rideaux de fer, ....
...
Rien ne se produisit. Les ouvriers s'avancèrent dans le Prater, avec leurs femmes et leurs enfants, en rangs serrés de quatre avec une discipline exemplaire, chacun portant un œillet rouge, l'insigne du parti, piqué à sa boutonnière. Ils chantaient en marchant L’internationale. Mais dans la belle verdure de la Nobelallee, qu'ils foulaient pour la première fois,... Personne ne fut insulté, personne ne fut battu, les poings n'étaient pas fermés; les policiers, les soldats souriaient aux manifestants dans un esprit de bonne camaraderie. Grâce à cette tenue irréprochable, il ne fut bientôt plus possible à la bourgeoisie de stigmatiser la classe ouvrière en la qualifiant de "bande de révolutionnaire"; on en vient, comme toujours, dans la vieille et sage Autriche, à des concessions réciproques; on n'avait pas encore inventé le système actuel qui consiste à assommer les gens à coups de matraque et à les exterminer, l'idéal de l'humanité était encore vivant m^me chez les chefs de partis, bien qu'à la vérité, il commençât à défaillir.

p:48 & 50
Commenter  J’apprécie          90
Tous les jours nous inventions de nouveaux trucs pour consacrer à nos lectures les heures ennuyeuses de la classe; pendant que le maître débitait sa leçon vingt fois ressassée sur la poésie naïve et sentimentale" de Schiller, nous lisions sous nos pupitres Nietzsche et Strindberg, dont ce brave vieillard n'avait jamais entendu prononcer les noms; le désir de connaître tout ce qui se produisait dans tous les domaines de l'art et de science nous avait gagné comme une fièvre. ....
Commenter  J’apprécie          80
Je n'ai pas honte d'avouer que l'encre d'impression me paraissait, à dix-neuf ans, alors que je venais de quitter le lycée, le plus suave des parfums, plus suave que l'essence des roses de Chiraz ; ...
Commenter  J’apprécie          51
(En parlant de Verhaeren) page: 72

Et après cette première heure de contact personnel, ma résolution était prise: servir cet homme et son œuvre. C'était une résolution vraiment téméraire, car ce chantre de l'Europe était encore peu connu en Europe, et je savais d'avance que la traduction de son œuvre poétique monumentale et de ses trois drames en vers enlèverait à ma production personnelle deux ou trois années. Mais tandis que je décidais de mettre toute ma force, tout mon temps et ma passion au service d'une œuvre étrangère, je me donnais à moi-même ce que je pouvais souhaiter de meilleur; une tâche morale. Mes recherches et mes tentatives incertaines avaient maintenant un sens. Et si j'avais aujourd'hui à conseiller un jeune écrivain qui n'est pas encore sûr de sa voie, je m'efforcerais de le décider à servir une grande œuvre en qualité d’interprète ou de traducteur. Il y a plus de sécurité pour un débutant dans le service désintéressé que dans la création personnelle, et rien de ce qu'on a accompli dans un esprit de sacrifice total n'aura été fait en vain.
Commenter  J’apprécie          30
"Je suis heureux de pouvoir vous annoncer que votre bel article est accepté pour le feuilleton de la Neue Frei Presse." Ce fut comme si Napoléon sur le champ de bataille, épinglait à la poitrine d’un jeune sergent la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Cela parait en soi un épisode sans importance, mais il faut être viennois, et viennois de cette génération pour comprendre quelle brusque ascension cette faveur représentait pour moi. Dur jour au lendemain, j’étais promu, dans ma dix-neuvième année , à une situation éminente
Commenter  J’apprécie          11




    Lecteurs (83) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1718 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}