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EAN : 9782081413030
256 pages
Flammarion (22/08/2018)
3.5/5   117 notes
Résumé :
"Un fils obéissant", remarquable par son architecture enchâssée qui déploie la richesse d’une vie, est le neuvième roman de Laurent Seksik, le seul à la première personne. Ce livre du père, odyssée et drame personnel, retrace l’aventure commune de deux êtres qui vécurent dans l’adoration l’un de l’autre. Dans un style virtuose d’une rare puissance émotionnelle, l’auteur des "Derniers jours de Stefan Zweig" signe son livre le plus intime et le plus universel. Un boul... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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J'avoue , une fois de plus j'ai été attiré et séduit par la belle couverture de cet ouvrage et le résumé de la quatrième, succint , a fini par me convaincre .
Je dois vous avouer aussi , cependant que je ne suis pas forcément adepte de ce genre littéraire qu'est l'autobiographie , sutout quand celle - ci est centrée sur la relation entre un fils et son père, au moment de la disparition de l'un d'eux , en l'occurence le père mais la notoriété de l'auteur m'a fait changer d'avis , au moment de l'achat tout au moins . Je pense en effet que la disparition d'un être cher , aimé et respecté , est un tel tsunami , que l'objectivité risque d'être un peu " battue en brèche " et le récit se tourner vers une idéalisation du caractère et du comportement du défunt , idéalisation tout à fait compréhensible pour moi , je tiens à le préciser .
Être juge et partie de son propre malheur peut , certes , faire beaucoup de bien à celui ou celle qui " couche les mots sur le papier " , mais est- ce bien nécessaire de livrer ainsi des sentiments intimes à des lecteurs forcément détachés de l'événement et qui pourraient se sentir un peu " voyeurs " du malheur des autres . Car il va loin ce livre , il en montre des " choses " , il en réveille des souvenirs du pére , du grand - père , du grand - oncle , des anecdotes plaisantes ou plus graves , il laisse la place aux faits , certes , mais aussi aux supputations quand au rôle réel de ce père qui a " un fils obéissant " , mais qui se montre aussi assez directif quant aux choix de vie de son brillant rejeton .Une famille juive assez conventionnelle où le poids des traditions " s'impose " avec une fausse légèreté mais s'impose tout de même. On n'aura tout de même pas l'outrecuidance de contester l'amour qui suinte à travers chaque phrase mais on a tout de même une certaine impression de soumission à l'autorité paternelle.
Je disais que certaines situations étaient remarquables , la rencontre avec Le Clézio, par exemple , et le " merde " de dépit de l'auteur apprenant qu'il avait.....réussi sa troisième année de médecine, études choisies ....par son père alors que le jeune homme voulait être écrivain.....
Il y a dans ce roman de l'émotion , c'est indiscutable , l'écriture est talentueuse , on ne reste pas indifférent et c'est un vrai talent qui s'exprime , qui nous fait rire et pleurer mais j'aurais aimé trouver entre ces deux êtres des situations plus " conflictuelles " , au bon sens du terme bien sûr, des conflits entre père et fils ont toujours permis à tout un chacun de " grandir " dans la mesure où , bien entendu , le respect guide les échanges . Ce " fils obéissant " est pour moi un peu " lisse " puisqu'il lui faudra atteindre la cinquantaine pour se détacher , en tremblant , des décisions paternelles.
L'auteur est brillant mais je reste sur mon opinion première , il est bien difficile de laisser parler " ses tripes " sur de tels sujets .Ne dit - on pas que " les grandes douleurs sont muettes " ? Je préfère l'hommage rendu à travers un récit romancé qui offre à l'auteur une certaine distanciation donc , à mon avis , une plus grande objectivité.
Ce récit est superbe , mais , si j'en avais été l'auteur ( ce qui est une idée bien prétentieuse et...impossible ) , je n'aurais pas pu le livrer à la lecture d'étrangers , il est trop intime , très très beau mais....
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Ecrit par un auteur dont j'ai particulièrement apprécié « Les derniers jours de Stefan Zweig » et « L'exercice de la médecine », ce livre m'a été offert par les Editions Flammarion et notre site préféré lors de la dernière Masse Critique Privilégiée au titre de la Rentrée Littéraire 2018. Je les en remercie vivement. A la demande de l'éditeur, j'ai attendu la date du 15 août pour publier ma chronique,

Ce roman n'a rien de commun avec ceux écrits, jusqu'ici, par Laurent Seksik mais il explique bien, en revanche, le choix des fictions écrites par ce dernier. C'est un livre particulièrement émouvant et qui touche à l'intime de l'auteur : la douleur du deuil. C'est à la fois un hommage à ses parents et une forme de thérapie pour l'aider sur le chemin du deuil paternel. Laurent Seksik se raconte et à le lire, j'ai bien ressenti son besoin de faire une pause, de remonter le fil du temps, d'immortaliser sur le papier des tranches de vie, un peu comme la reconstitution d'un puzzle, tout en prenant le temps d'expliquer à son lecteur l'histoire de ses choix, pourquoi médecin, pourquoi écrivain avec cette nécessité d'être compris.

Nous sommes un an après le décès de son papa, Lucien Seksik, dans la salle d'embarquement de l'aéroport Charles-de-Gaulle avec Laurent. La famille Seksik a fait son Alya et pendant le vol pour Tel Aviv, Laurent doit écrire un discours qu'il devra lire devant la sépulture de Lucien.

Dans l'avion, il se retrouve assis à côté d'une jeune femme avec laquelle, une discussion s'instaure et ce sont ces échanges, ces questionnements, qui servent de fil conducteur dans la construction de la narration de ce roman. J'avoue que les propos de la jeune femme m'ont surprise parfois par leur ignorance voire maladresse mais l'auteur les a voulus ainsi pour mieux étayer ses pensées.

L'écriture de Laurent Seksik est toujours très agréable, fluide. Avec délicatesse, il se penche sur le passé pour nous relater le souvenir de tous ces instants, toutes ces anecdotes qui ont fait de lui l'homme d'aujourd'hui. Nous sommes, avec l'auteur, dans le deuil d'un être profondément aimé mais ayant une personnalité écrasante. Lucien a eu un énorme impact sur l'existence de Laurent. Il lui doit sa vocation d'écrivain et à sa mère, celle de médecin. Quoi de plus naturel que de rendre hommage à Lucien en écrivant le récit de leurs échanges, de leur tendresse mutuelle, qui a fait de Laurent l'écrivain reconnu qu'il est aujourd'hui. Dans ces allers-retours entre présent et passé, nous assistons à des moments drôles, remplis de bienveillance dont il émane toujours une hyper réactivité émotionnelle.

Nous remontons le temps avec lui. Laurent Seksik entremêle à la fois sa propre histoire, celle de son père, celle de son grand-père et celle de son grand-oncle dont l'évocation se trouve à mi-chemin entre légende et histoire authentique.

C'est très intéressant d'analyser l'oeuvre de Laurent Seksik. A elle seule, elle permet de nous éclairer sur l'impact qu'à eu Lucien sur la vie de Laurent. Nombre de ces livres tournent autour des relations père-fils. Dans « l'exercice de la médecine », j'ai aussi discerné la filiation, la transmission mais aussi la mélancolie, celle que l'on retrouve chez Zweig, cet auteur qui l'a tant fasciné et qui certainement entre en résonnance avec lui.

De ces injonctions parentales qui pèsent sur Laurent et des difficultés qui en découlent pour que ce dernier puisse véritablement devenir ce qu'il est, je suis arrivée au constat que ce deuil pouvait lui être d'une grande aide comme il pouvait lui être une prison par souci de fidélité à son père. Je ne peux m'empêcher d'y voir Guy Bedos et Marthe Villalonga dans «Un éléphant ça trompe énormément ».

J'ai éprouvé beaucoup d'émotions au fil de ces pages. Ce n'est pas un livre cynique, c'est tout en pudeur même si parfois Laurent Seksik se confie sans filtre. La tendresse y est présente de bout en bout que ce soit l'amour du fils pour son père ou l'amour du père pour son fils. J'ai éprouvé la beauté des gestes de Lucien à chaque fois que ce dernier bénissait son fils lors de leur séparation. Je me suis mise à la place de toutes ces personnes qui vivent loin de leurs parents. Je me suis imaginée laisser l'un de mes parents malades dans un pays lointain, j'ai éprouvé modestement le déchirement que cela doit leur procurer.

Fiction et réel s'entremêlent pour partager avec Laurent les derniers instants de Lucien. C'est poignant, beaucoup d'émotions au fil de ces pages, un peu comme un miroir qui nous est proposé lorsque les parents vieillissent. C'est beau. Un dernier Kaddish pour Lucien et le livre se referme.
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Je serai brève , tout a été dit déjà .

Voici un bel hommage, tendre et poignant , l'éloge ultime d'un fils à son père, pétri d'émotions , à la fois pudique et intime, débordant d'amour , malgré les vicissitudes et les contradictions des liens familiaux.

Une ADORATION RÉCIPROQUE qui transcende et exalte les liens !

RARE ! INTENSE !
Derrière le vécu de la transmission de valeurs, au sein d'un récit enchâssé et un formidable exercice de mémoire , L'HISTOIRE avec un grand H affleure , se rejoue , éclaire le lecteur. ....

Épopée familiale , livre de la perte et du deuil, l'auteur s'y livre en évoquant sa double vocation de médecin - écrivain .
L'écriture est élégante , pétrie de talent !
Un beau roman Autobiographique , lumineux et grave, fou et drôle, d'un fils aimant son père et la vie intensément !
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Est-il si difficile de dire aux gens qu'on les aime ?
M.Seksik a su le dire, l'écrire, même un peu trop peut-être.
A son père de son vivant, et depuis sa mort par ce roman.
« Je préfère imaginer mon père vivant entre des pages, plutôt que sous la terre comme au ciel. »
Pour son père Juif, abusif, intrusif comme une « mère Juive », il a su, docile, avoir le sens du sacrifice, le gout de l'effort pour que son père soit fier de lui.
« Un fils obéissant » n'est pas une autobiographie, c'est un auto-ressenti, il n'y a rien de bio, tout est pollué par le filtre de l'amour aveugle, de la filialité absolue.
Un père qui te colle à la peau. Mon père m'appelait « pot de colle » tellement j'étais affectueux. Et pourtant, cette colle là ne recolle pas toujours les failles de l'existence.
M.Seksik père, je le vois me tenir la joue entre le pouce et l'index, ce qui forme inévitablement un bourrelet disgracieux et presque douloureux, me dire :
« Petit n'oublie jamais que le père le plus heureux est celui qui a su se faire aimer par son fils. » C'est beau mais c'est difficile, parfois vraiment réussi, parfois maladroitement raté.
A qui la faute ? Pas à mon père, tu aurais pu chanter cela.
« le seul privilège de l'écrivain est qu'il peut sublimer son enfance ou la tailler en pièces ».
M.Seksik fils, pour plaire à son père a fait carrière dans la médecine. Longtemps, il a ravalé son choix premier d'écrivain. Il a eu surtout une carrière de fils idéal.
Tu as été un bon fils, mais il a fallu aux yeux de ton père que tu le contres pour devenir un homme… à cinquante ans !
« Et il a beau avoir quitté ce monde, il n'en est jamais parti. »

Chaque fois que je tourne la dernière page d'un roman, je ressens comme une libération, comme un achèvement bénéfique, comme un beau voyage où l'on est heureux de partir mais content de revenir.
Ce roman m'a fait vagabonder de l'intérieur, revivre des relations heureuses, rugueuses, joyeuses, regrettables. Je n'ai pas été un fils obéissant.
« Un homme appartient à son passé et à ceux dont il doit bâtir l'avenir ».
Mes fils en témoigneront…

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Un texte chaleureux, où Laurent Seksik raconte sa famille, son parcours, son amour indéfectible pour ses deux parents, et plus exclusivement son père; ce père enchanteur et conteur... L'écrivain décide de lui consacrer un ouvrage, un an après sa disparition.
Le narrateur(auteur) doit se rendre devant la sépulture de son père, pour cette cérémonie anniversaire. Il doit assumer la rédaction d'un "discours" devant un parterre de personnes l'ayant connu...

Laurent Seksik se trouve dans l'avion, et commence à discuter avec sa jeune voisine...
très directe et intriguée par cet écrivain, et fils trop aimant ... alors qu'elle-même déteste au plus au point son géniteur...Ainsi l'écrivain nous fait défiler l'histoire familiale , la proximité peut-être trop grande avec ce père vénéré... son parcours difficile d'écrivain (les innombrables refus des éditeurs... ayant failli le décourager), et puis sa rencontre audacieuse avec Le Clézio , va empacter sa vie... et ses encouragements, son aide concrète... nous auront offert le futur écrivain des "Derniers jours de Stefan Zweig" !

Un livre bienveillant, ne manquant pas non plus d'humour et de quelque auto-dérision....
Un livre de Reconnaissance envers les êtres qui ont "construit" notre auteur..., là des parents aimants: une mère exigeante et inquiète, un père fantaisiste, et sûrement involontairement culpabilisant !!...

Ce texte semble ne ressembler à aucun autre de cet écrivain-médecin; Cadeau à la mémoire de son père, professeur de Sciences économiques; homme hors du commun, rêvant d'un fils-écrivain, et la maman d'un fils-médecin... En "Fils obéissant" , il réalisera les 2 souhaits de ses parents !!
Je retiens et transcris une des phrases de la quatrième de couverture, qui dit énormément de cette "auto-fiction"...:" Splendeur et vicissitudes des liens familiaux, qu'ils nous entravent ou nous transcendent"...

Un élément très significatif appris du parcours de Laurent Seksik, c'est son intérêt très grand pour la psychiatrie... Mais un de ses mentors en médecine, qui le dissuadera vigoureusement, en lui expliquant que c'était OU la littérature OU la psychiatrie..., mais pas les deux à la fois... Incompatible !!
"Je ne suis pas sûr que tu aies raison, Laurent. Pour te dire le fond de ma pensée, je ne crois pas que littérature et psychiatrie fassent bon ménage. (...)
Il me semble que la fréquentation quotidienne de l'imaginaire ne s'accorde pas avec la pratique journalière de la folie. Il y a là comme un voisinage trop intime, une proximité presque incestueuse. La folie dévastatrice des
patients domine toujours la folie douce de la fantaisie créatrice. Et puis notre métier est un sacerdoce. soit tu seras un excellent psychiatre et un mauvais écrivain, ce sera l'inverse. Dans le premier cas, bien sûr, ce serait
moins grave, un mauvais écrivain n'a jamais tué personne. Mais tu auras meurtri tes rêves, ce qui est au fond un autre crime..." (p. 111)

Un moment de lecture tout à fait touchant, qui nous apprend moult choses sur ce médecin contrarié... plus attiré vers l'écriture et la Littérature...

Je n'ai lu que "Les derniers jours de Stefan Zweig" ... me restent dans mes curiosités prioritaires, "L'exercice de la médecine", et " le cas Edouard Einstein "... que je lirai, avec une attention accrue,en ayant un regard plus averti, sur le parcours de cet auteur...
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Citations et extraits (93) Voir plus Ajouter une citation
J'ai tant pleuré qu'un jour un coquard s'est formé sur ma paupière supérieure droite, hématome gros comme un œuf de pigeon, et tel que l'ami ophtalmologiste que je consultai alors m'avoua n'en avoir jamais vu en vingt ans de carrière − je ne tirais aucune fierté des trésors d'ingéniosité que ma petite fabrique de chagrin déployait. Je pleurais tant les premiers mois, naufragé dans ma vallée de larmes, que mon entourage s'inquiétait pour ma santé mentale. Je pleurais matin, midi et soir, comme pour respecter une prescription de l'au-delà, pleurais, aussi inapte à endiguer ma peine que si, en quittant ce monde, mon père avait emporté mon entière volonté. Je pleurais sans raison, pareil au déséquilibré qui rit pour un rien, pleurais à la moindre allusion triste ou joyeuse que faisait la vie quant au passage de mon père sur cette terre. Je pleurais comme certains esprits simples disent qu'un homme ne devrait jamais pleurer, anéanti de douleur, un édifice effondré sur mes épaules, je pleurais de désespoir, liquéfié, dissous, manquant de souffle et d'air. Mais le plus étrange était que ce saccage intime qui me laissait plus abattu qu'un boxeur après son combat, loin de m'affliger, s'accomplissait dans une sorte d'extase, car cet abîme de désolation, plongée à l'écart du monde, m'accordait de partager un dernier moment avec mon père.
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Ce matin-là du dernier jour de mon père, dans le taxi pour Charles-de-Gaulle, le chauffeur m'avait tendu un kleenex d'un geste empli d'aimable discrétion.
− Ne vous en faites pas, avait répondu l'homme sur un ton de bienveillance après que je me fus platement excusé du spectacle que je lui imposais.
Mes larmes taries, je commençai à lui parler de mon père, me confiai à lui comme à un ami d'enfance retrouvé par hasard, dont on ne sait plus rien, à qui rien ne nous lie plus, mais auprès de qui on retrouve une familiarité immédiate bâtie sur le sable d'un passé révolu.
− Moi aussi j'ai perdu mon papa, avait-il fini par déclarer d'un air compatissant, et sans doute voulait-il me consoler en m'emmenant communier dans la confrérie des orphelins de père.
Ses mots de réconfort eurent sur moi un effet mortifère, j'enrageais intérieurement, soupçonnant derrière ses paroles bienveillantes la volonté d'enterrer mon père vivant. Depuis qu'il se débattait entre la vie et la mort, des accès de fureur immotivée se déchaînaient à tout propos, m'entraînaient dans d'impensables algarades, la colère était devenue une seconde nature que dévoilait le moindre mot entendu de travers.
− Ça n'est pas exactement pareil, avais-je corrigé d'une voix blanche. Moi, mon père est encore en vie.
− Je comprends, admit-il sur le ton de l'excuse, vous, votre père est vivant.
J'avais laissé passer un silence, mais incapable de taire ma douleur, j'avais ajouté :
− Ce qui est terrible, c'est que bientôt il cessera de l'être.
− Oui, c'est cela qui est terrible, avait-il répété tristement... Chez moi, on dit qu'il faut prier.
− Vous pensez que cela sert à quelque chose ?
− Cela rend plus fort, je crois.
− Je ne veux pas être plus fort, je veux juste que mon père s'en sorte ! m'exclamai-je dans un nouvel éclat de colère insensée.
− Que disent les médecins ?
− Que c'est fini.
L'homme s'était accordé un instant de réflexion.
− Alors, priez, avait-il fini par lâcher.
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Elle se nommait Mme Boyer, la première patiente qui est décédée sous mes yeux, et, parmi la foule de silhouettes croisées dans les couloirs et les chambres des hôpitaux, je distingue encore la lueur inquiète de ses yeux, la peau parcheminée de son front, son visage mélancolique et las qui s'éclaircissait à la moindre gentillesse que vous lui adressiez. Elle avait été admise dans le service de réanimation, au stade terminal de son insuffisance cardiaque.
Alors que je l'examine à son arrivée dans le service, je l'entends dire d'une voix étouffée :
« Ne vous faites pas de souci, jeune homme, j'en connais un brin sur ma maladie, je vous aiderai si le professeur vous interroge. Si je peux me permettre un conseil, profitez vite de mon expérience : je ne vais pas durer longtemps... Oh, comme je vous envie. Avoir la vie devant vous. Évidemment, vous ne réalisez pas ! À votre âge, on croit avoir le temps... Vous savez, moi aussi, j'ai été jeune. À vingt ans, j'avais un corps splendide ! Et regardez ce qu'il en reste... »
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Je ne suis pas sûr que tu aies raison, Laurent. Pour te dire le fond de ma
pensée, je ne crois pas que littérature et psychiatrie fassent bon ménage. (...)
Il me semble que la fréquentation quotidienne de l'imaginaire ne s'accorde
pas avec la pratique journalière de la folie. Il y a là comme un voisinage
trop intime, une proximité presque incestueuse. La folie dévastatrice des
patients domine toujours la folie douce de la fantaisie créatrice. Et puis
notre métier est un sacerdoce. soit tu seras un excellent psychiatre et un
mauvais écrivain,soit ce sera l'inverse. Dans le premier cas, bien sûr, ce serait
moins grave, un mauvais écrivain n'a jamais tué personne. Mais tu auras
meurtri tes rêves, ce qui est au fond un autre crime...(p. 111)
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Jacob, le père de Victor était tout l'inverse. Homme de parole et d'action, type bourré de qualités à qui certains prêtaient tous les défauts, grande gueule n'ayant peur de rien ni personne, il avançait dans la vie sans s'appesantir sur les obstacles ni se perdre en conjectures. Personnalité qui comptait autant d'adulateurs que de contempteurs, qu'on saluait chapeau bas ou qu'on préférait ignorer, il accordait de l'importance aux détails, était capable de s'emporter d'une même colère pour l'honneur du capitaine Dreyfus et pour un thé à la menthe refroidi. Tout lui tenait à cœur quand son épouse n'avait de cœur à rien. Le couple était bien assorti, l'une la froide majesté d'un Vermeer, l'autre le maniérisme d'un Titien.
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