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Critique de LecturesdeVoyage


Le samedi est jour de funérailles au Ghana et c'est l'occupation principale du pays ce jour de la semaine. le roman de Taiye Selasi se construit autour d'un enterrement ghanéen. La première femme et les quatre enfants de Kweku Sai visitent un atelier de cercueils de fantaisie avant d'opter pour une crémation et laisser l'océan emporter l'urne contenant les cendres de leur mari et père. Kweku avait grandi dans ce petit village de pêcheurs au bord de la côte. Elève brillant, il avait réussi à immigrer aux USA pour y étudier et devenir un chirurgien de renom dans un des hôpitaux les plus prestigieux de Boston. Il y rencontra et épousera Fola, une nigérienne, et, parfaite incarnation du rêve américain, ils y élèvent quatre enfants, Olu, les jumeaux Taiwo et Kehinde et Sadie. Suite à une accusation infondée d'erreur médicale, il décide sans crier gare de quitter les Etats-Unis et abandonne sa famille. Il retourne vivre au Ghana, y épouse en secondes noces une infirmière, et un beau matin, victime d'une crise cardiaque qu'il aurait sans doute pu enrayer, il meurt affalé dans l'herbe encore humide de son jardin donnant sur la mer.
Taiye Selasi a donné une conférence TED très partagée où elle suggère de ne plus demander aux gens de quel pays ils sont, mais plutôt dans quelles villes, ou même dans quels quartiers, ils sont des locaux. Elle a aussi contribué à rendre populaire le concept d'Afropolitains, ces Africains qui ont beaucoup bougé dans leurs vies et sont à l'aise sur plusieurs continents. Son livre décrit chacun des membres de cette famille afropolitaine au moment où il apprend le décès de Kweku. Depuis que le père s'en était retourné au Ghana, chacun avait tenté tant bien que mal de grandir et de trouver sa voie. Olu, en fils modèle, a suivi les pas paternels en devenant un chirurgien prometteur aux Etats-Unis. Il a épousé Ling, un autre médecin, fille d'immigrants chinois. Après quelques mois traumatisants au Nigeria où leur mère les avait envoyés poursuivre leurs études secondaires en les confiant à la garde de son demi-frère, les jumeaux qui avaient toujours été fusionnels ont du mal à se parler. Taiwo est une étudiante brillante, mais, à la faculté de droit de New York, elle tombe amoureuse du doyen. Leur relation fait scandale et elle quitte l'école. Kehinde est devenu un artiste coté, mais ses bras portent toujours les marques du jour où il avait cherché à s'ouvrir les veines. Sadie, la benjamine, reste longtemps le « baby » couvée par Fola, sa maman, avant qu'elles ne rompent sèchement au moment de rentrer à l'université de Yale, rupture qui entraînera Fola à elle aussi s'installer au Ghana, sans pour autant renouer avec son ex-mari.
Les quatre enfants et Ling se retrouvent dans le même vol au départ de New-York et sont accueillis par Fola à l'aéroport d'Accra. Tout en préparant l'enterrement, ils vont se reparler, partager leurs secrets et leurs déceptions, quitter leurs peurs. J'ai beaucoup aimé ce roman, bien qu'il m'ait fallu un peu de temps pour « rentrer dans l'histoire ». Même si c'est un roman qui parle de l'immigration et du sentiment d'être à cheval sur deux cultures, je l'ai aussi apprécié au-delà de cette perspective : c'est avant tout l'histoire d'une famille, de ses espoirs et de ses attachements, de ses fractures et de ses trajectoires dont les membres se retrouvent un matin pour des funérailles – très sobres selon les standards ghanéens – au bord de l'océan.

Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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