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Citations sur Je veux croire au soleil (11)

S'il est vrai que la privation de la vue oblige à développer une autre sensibilité au monde, pourquoi ne pas tenter de la décrire, de la cerner au plus juste pour en garder la trace ?
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Cette fraîche odeur de forêt, je ne sais donc pas la décrire. Pourtant, elle me ravit et m’apaise. Je la hume, je l’embrasse, je me fonds dans son effluve qui se mélange si bien avec le chant des oiseaux. Heureusement qu’ils sont là, bien présents à mes oreilles, me dis-je à moi-même. Qu’un monde sans l’exubérance et la gaieté des oiseaux serait donc déprimant, pour tout dire, sinistre. Ce serait la mort sur terre ! Chaque fois que je vais en forêt, je sais au moins que je vais y retrouver les oiseaux. Ils enchantent mes pas et je leur en serai toujours reconnaissant.
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« Vous avez entendu ce rouge-gorge, là-bas ? » Je dresse l’oreille et j’entends en effet un oiseau. « Non, non, pas lui. Ça, c’est un vulgaire moineau qui est sur le fil en face de nous. Le chant des rouges-gorges n’est pas du tout comme ça. » Il se lance dans un sifflotement magnifique. J’en reste coi et lui exprime mon admiration. « J’adore les rouges-gorges, explique-t-il, parce qu’ils annoncent le printemps. Ils arrivent du Mexique tout rachitiques et après avoir mangé beaucoup de vers chez nous, ils en repartent bien gras. »
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Chère radio, comment ne pas te rendre hommage ! Tu as été, tu restes toujours ma fenêtre ouverte sur l’univers. Toutes ces voix, toutes ces musiques que tu me fais entendre, continuent à me donner les couleurs de la vie et nourrissent mon imagination. Comme un détenu dans sa cellule, aux heures les plus sombres de ma chute, tu ne peux pas savoir combien tu m’as aidé à ne pas me sentir enfermé dans la prison de mon aveuglement. Tu as été mon système respiratoire, grâce auquel j’ai pu rester branché sur les rumeurs du monde.
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Je dois avoir l’air ridicule avec ma canne et mon chapeau. Pourvu que personne ne me voie… Oh, après tout, tant pis ! Mieux vaut mettre toutes les chances de mon côté. Je compte encore une vingtaine de marches – elles sont vraiment petites, il faut faire attention de ne pas les rater. Soudain, ma canne touche le sol : arrivée sur la terre ferme. Ouf ! Je reprends pied et je fais une pause.
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Quand j’arrive dans un pays étranger, j’aime bien écouter les différentes radios pour y découvrir les voix, les chansons et les sujets qui y sont abordés. J’emporte toujours avec moi un petit poste, ce qui m’évite d’apprendre la manipulation du récepteur installé dans une chambre d’hôtel. Au moins, en ce cas, je suis tout de suite autonome. Je me lance donc dans l’exploration des ondes canadiennes, m’asseyant confortablement sur le canapé. Je tombe immédiatement sur de la musique anglo-américaine plutôt criarde et énervante. Que de stations ! et que de pub ! Je zappe… Tiens, des chansons latinas : ça fait chaud au cœur… à moins que ce ne soit de la musique créole ? Cet air est entraînant, et ça sent le soleil. Je tourne encore le bouton et je tombe sur de la musique classique : ça ressemble à du Mozart. Plus surprenantes, ces vieilles chansons françaises des années 1950 : je ne vois pas quelle radio en France pourrait encore diffuser ces antiquités.
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Quand je m’expose dans la rue, j’adopte donc ma posture de guerrier, surtout en milieu étranger. Je mets d’abord mon casque : un chapeau à larges bords, lesquels me servent d’antennes et de protection à hauteur du visage. C’est comme un pare-chocs. Si je dois porter quelque chose, ce qui arrive souvent, un sac à dos est essentiel : il permet de garder libre l’usage des deux mains.
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Je sors de mon sac le Samsung Android dont j’ai fait récemment l’acquisition. J’ai longtemps hésité avec le iPhone d’Apple. Ces appareils sont d’un usage compliqué pour les non-voyants, en raison d’un simple détail : ils sont lisses. De tels outils, derniers cris de notre modernité, commodes d’emploi pour celui qui voit, sont une catastrophe pour celui qui ne voit pas. Ce sont les instruments quotidiens d’une dictature qui ne dit pas son nom et qui transcende les régimes politiques : celle de l’image. Il est vrai qu’Apple a intégré un logiciel vocal pour pallier cette faille. Aux États-Unis, une loi interdit en principe de mettre sur le marché des produits introduisant une discrimination entre les consommateurs. Mais il faut quand même des heures et des heures de formation aux non-voyants pour se familiariser avec l’appareil. Sans compter qu’ils doivent parler à leur machine pour envoyer un texto : vive la discrétion !
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Mon appareil me permet ainsi d’écouter de la musique ou des livres enregistrés au format MP3. Le bonheur est encore plus grand quand le livre a été lu selon le procédé DAISY, une norme d’enregistrement qui reconstitue les chapitres et les sections du livre, indique les pages comme dans la version papier, restitue ses notes de bas de page, etc. Avec cet appareil, qui tient dans une poche, je peux encore prendre des notes, faire des commentaires dans le texte – bref, avoir une lecture active. Je me plonge donc dans l’univers de Beyrouth en guerre et dans le projet fou du narrateur, Georges, qui se rend de quartier en quartier, parfois au péril de sa vie, pour réunir les futurs acteurs de la pièce. Antigone sera palestinienne et Créon maronite.
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Je pourrais certes « regarder » un film, mais il est désormais nécessaire que quelqu’un me décrive l’action quand les images deviennent muettes. Personne ici pour me rendre ce service. À moins qu’ils proposent des films en audio-description ? C’est un nouveau procédé qui, au moyen d’une voix off, décrit les éléments visuels de l’œuvre. Je doute que cette technique soit déjà arrivée dans cet avion.
De toute façon, ça ne me dit rien. Pas plus que d’écouter de la musique. Pourtant, j’aime bien découvrir les styles musicaux proposés aux passagers. Mais je sais que ça va être compliqué pour les écouteurs : il va falloir qu’une hôtesse vienne me les installer, m’apprendre à me servir de la télécommande, me montrer comment choisir un canal, etc. Cela va prendre du temps et je vais être l’attraction du coin.
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