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Critique de araucaria


Oser écrire une critique d'un tel "monument" a quelque chose d'indécent. S'il s'agissait d'un roman, cela serait possible, mais ce livre est un récit autobiographique, et personne n'est en mesure de se mettre à la place de l'auteur, de ses sentiments et de sa souffrance. Jorge Semprun est un "rescapé" du camp de concentration de Buchenwald, intellectuel très érudit et brillant et à l'avenir prometteur, qui a mis des décennies avant de pouvoir reprendre le chemin de l'écriture... de même qu'il aura mis encore plus de temps avant de reprendre le chemin de Weimar et du camp de Buchenwald. Cela se comprend aisément, ne serait-ce que lorsqu'on lit ces quelques lignes extraites du manuscrit "L'écriture ou la vie" :
(...) - Un jour viendrait, relativement proche, où il ne resterait plus aucun survivant de Buchenwald. Il n'y aurait plus de mémoire immédiate de Buchenwald : plus personne ne saurait dire avec des mots venus de la mémoire charnelle, et non pas d'une reconstitution théorique, ce qu'auront été la faim, le sommeil, l'angoisse, la présence aveuglante du Mal absolu - dans la juste mesure où il est niché en chacun de nous, comme liberté possible. Plus personne n'aurait dans son âme et son cerveau, indélébile, l'odeur de chair brûlée des fours crématoires.
(...)
Un jour prochain, pourtant, personne n'aura plus le souvenir réel de cette odeur : ce ne sera plus qu'une phrase, une référence littéraire, une idée d'odeur. Inodore, donc. -

Témoigner de l'indicible, comme ont pu le faire d'autres rescapés de l'enfer de la déportation, voilà ce qu'a accompli Jorge Semprun, avec toutefois un style bien particulier, très intellectuel, introduisant beaucoup de références littéraires, et faisant souvent des digressions.
Un livre qui vient compléter les textes de Primo Levi, cités dans l'ouvrage, faisant oeuvre de devoir de mémoire.
A lire! Absolument!

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