La seizième clé

Ce qui ne te tue pas te rend plus fort.

- Vous êtes pour de vrai?

La question était à ce point candide, tellement spontanée, qu'Oswald ne put s'empêcher de pouffer :

- Eh bien, ici, il est très difficile de savoir ce qui est "pour de vrai" ou pas. Je commence à m'y perdre.

Il compta dans sa tête et prit conscience que seize jours le séparait désormais de son Seizième anniversaire.
Et à cette occasion, comme les années précédentes, on lui offrirait une nouvelle clé.
Sa seizième clé.
Était ce là de la simple superstition ? Oswald avait en tout cas le sentiment tenace que cette fois, cette cérémonie ne serait pas uniquement symbolique et que, peut être, certaines questions qui lui trottaient parfois dans la tête trouveraient là leur réponse.

- Personne n'est plus fou que toi, Oswald.
- La folie est un ingrédient indispensable à la création.

« Nous n’habitons pas sur une île, mais dans un fragment de réalité qui dérive hors de toute logique physique, suite à une expérience scientifique visant à modifier le cours du temps. Nous avons été récupérés, chacun d’entre nous, depuis des réalités alternatives, parce que nous sommes tous la variante d’un des plus grands scientifiques au monde, et que nous avons en nous le pouvoir de rectifier les choses. Nous vivions tous ici, dans les mêmes lieux … et, pourtant, pas au même instant : il existe en fait plusieurs Hemyock empilés les uns sur les autres dans le temps, plutôt que dans l’espace. Désormais, il ne reste plus qu’un temps commun à tout le monde, car les horloges qui faisaient tenir tout cela debout se sont arrêtées. Cela vous va comme explication ? »
p. 201 (citation choisie par Summer Roy)

- J’aurais bien aimé t’embrasser. Cela me semble hélas difficile.
- Dans une autre réalité, peut-être ?

Page 124

Marie

"Oswald était assis sur le sable, Zelah allongée à côté. Alors, leur petite fille de huit ans qui faisait face à la mer se retourna vers eux et leur cria, papa ! maman ! Je vous aime !"

J'ai choisi ce passage du livre car c'est la fin de l'histoire et on découvre que les deux personnages principaux vivent ensemble et ont un enfant. Leur calvaire est enfin fini.

Alors, Gabriela se dressa sur la pointe des pieds et s'élança. Elle se mit à tourbillonner autour du brasero avec une légèreté telle que ses orteils ne semblaient jamais toucher le sol, l'effleurer tout au plus. Elle est devenue pareille au vent, s'émerveilla Oswald. Ce n'était pas seulement la souplesse des gestes et la caractère aérien de l'interprétation qui faisaient de cette scène un spectacle aussi particulier ; il y avait, dans les enchaînements, dans les angles que Gabriela choisissait pour sauter, s'étendre, retomber, une forme d'intelligence qui subjugua Oswald et l'emplit autant de tendresse que d'admiration.

Là, une première note franchit ses lèvres ; une note d'abord hésitante, dont les contours finirent par s'affermir. Oswald eut la certitude que cette note n'appartenait à aucune échelle connue, qu'elle avait parcouru un chemin impensable depuis un territoire longtemps laissé à l'abandon.

-Au fond, ce qui est le plus étrange, dans tout ça, c'est que nous sommes supposés être la même personne.
- Mais nous ne le sommes pas, au final, n'est-ce pas ? Nous sommes très différents. Nous provenons du même lancer de dés ; et les dés ne sont pas retombés au même endroit dans les deux cas.
- Il n'empêche : je me demande si cela fait de moi un nouveau Narcisse.
- Comment cela ?
- Tu sais bien : Narcisse est tombé amoureux de son reflet.
Zelah ne put réfréner un sursaut.
- Que veux-tu d...