Citations sur Intrusion (14)
Je pense que ce n'est pas en effaçant les dégâts causés par les adultes que l'on enrayera le problème de ce que ces enfants subissent. Bien au contraire. Si l'on sait que l'on possède une gomme pour effacer, pourquoi ne pas commettre tous les méfaits ? Vous voulez offrir des lobotomies de luxe à ceux qui veulent oublier leurs péchés ? (...)
Plus de culpabilité, plus de coupables.
Plus de coupables, plus de justice. (p. 452)
Par le passé, se disait-elle, on craignait essentiellement la maladie et la mort. Aujourd'hui, c'est la vie qui faisait peur. (p. 70)
Le bien-être (...) était une notion subjective et diffuse. Le sentiment d'être bien dans sa vie, de se lever le matin l'esprit vivant et combatif pour accomplir quelque chose qui nous ressemble, la sensation d'être en paix, d'être à la bonne place avec les bonnes personnes, de s'être trouvé, d'être heureux.. comment le matérialiser par des tests, des évaluations ? (p. 69)
L'adrénaline était le meilleur antidote naturel à la dépression, elle saturait momentanément le cerveau, et le stimulait. Elle conseillait de se plonger sous une douche froide ou de faire quelque chose de totalement nouveau, d'adresser la parole à un voisin inconnu...Bref, un acte qui pouvait relancer la machinerie des méninges jusqu'à la prochaine alerte. Cyrille sortit de sa petite valise son bandonéon de voyage. Elle libéra les soufflets et ouvrit en grand la fenêtre qui donnait sur la rue et son brouhaha. Elle prit une bonne inspiration et se mit à jouer un paso doble endiablé. p.225
Effrayant. Qui savait, à part elle, que son père la surnommait Lily quand elle était petite ? Qui savait, à part Benoît, quelle place le tango et la musique occupaient dans sa vie ? Comment Julien Daumas pouvait-il avoir obtenu ce genre d'informations personnelles ? Cyrille se dit que rien n'était magique dans ce monde, il y avait forcément une explication logique, il suffisait de la découvrir.
La mémoire était un pivot dans le processus d'"accès au bonheur", envahissante ou incomplète. C'était le grenier indispensable où se cachaient nos paradis perdus et nos malheurs.
Sans mémoire, l'homme n'était plus qu'une enveloppe vide. Elle eut soudain l'impression d'avoir cent vingt ans. p.135
Elle était en cavale, anonyme. La dernière fois qu'elle avait mis les pieds dans cette rue démente où tout pouvait arriver, n'importe où et n'importe quand, elle avait dix ans de moins et cherchait un sens à sa vie. Ele ressemblait alors peut-être à cette rue, paumée, excessive, festive, téméraire.
Le deuil, la perte, la douleur, la souffrance font partie de la vie humaine. L'homme est capable de tout surmonter car il existe un phénomène qui s'appelle la résilience et qui permet, même aux victimes des pires ignominies, de s'en sortir. Le cerveau, grâce à son extraordinaire plasticité, sait faire le tri tout seul et désapprendre la souffrance, avec le temps. Bien sûr, il faut l'y aider, c'est ce que je tente de faire à longueur de journée, en atténuant la douleur par le médicament Mésératrol, en les accompagnant. Mais leur faire oublier ? Non ! (p. 451-452)
Elle était psychiatre, connaissait les pathologies mentales, mais elle avait choisi une autre voie qui lui semblait bien plus audacieuse et compliquée. Elle passait quinze heures par jour à soigner et à combattre le mal qui poussait dans le meilleur terreau qui soit, notre société de compétitivité, de rentabilité et d'individualisme. Ce "mal" prenait différents aspects selon la personne à qui il s'attaquait. Repli sur soi, tristesse, démotivation, dégoût de tout, solitude, sentiment d'abandon, souffrance psychique, manque de confiance en soi, manque d'amour, sensation d'inutilité, peur de vieillir, de s'enlaidir, angoisse de rater, de ne pas être parfait, peur de perdre ses acquis, la mémoire, de devenir dépendant, terreur du lendemain et de l'inconnu, peur de perdre le contrôle... Tous ces maux insidieux, exprimés de milliers de manières différentes, devant elle, dans son bureau de consultation, relevaient selon elle du même mal. (p. 70)
Elle passait quinze heures par jour à soigner et à combattre le mal qui poussait dans le meilleur terreau qui soit, notre société de compétitivité, de rentabilité et d'individualisme.