AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,66

sur 101 notes
5
3 avis
4
9 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'écologie et la démocratie, deux thèmes chers au coeur et à la plume de Luis Sepúlveda, sont au centre de ces deux textes (longues nouvelles ou courts romans, c'est selon).

Dans le premier, Hotline, George Washington Caucaman, mapuche et inspecteur de la police rurale patagonne, vient de neutraliser un trafiquant de bétail en lui tirant dans les fesses. Rien d'extravagant dans ce Far West chilien, sauf que, hic, le voleur n'est autre que le fiston bien-aimé d'un général dignitaire du régime de Pinochet. Lequel régime, bien que tout récemment renvoyé à ses études de démocratie, dispose encore d'une certaine influence et d'une certaine assisse (en dépit du postérieur troué du gamin), et voilà Caucaman puni et muté à Santiago, troquant les effluves de bouse de vache pour les gaz d'échappement, et la chasse aux contrebandiers pour la brigade des moeurs. Chargé d'enquêter sur les téléphones roses, il tombe sur une étrange affaire dans laquelle les gérants d'une de ces hotlines font l'objet d'inquiétantes intimidations de la part d'un de leurs clients. Caucaman est rattrapé par son passé, mais rira bien qui rira le dernier...

Dans le deuxième texte, on change de continent et d'atmosphère, entre Zurich et Milan, dans le milieu feutré des assurances et de la maroquinerie de luxe. Brunni, l'un des magnats milanais du secteur, vient de trépasser. La mort est suspecte, la police ouvre donc une enquête, de même que la compagnie d'assurances, qui dépêche sur place son inspecteur Dany Contreras, chilien exilé en Europe depuis quinze ans. L'enjeu pour la compagnie : une assurance-vie d'un million de francs suisses à payer en mains propres à un certain Manaï, résidant au fond du Pantanal en Amazonie brésilienne, selon la volonté de Brunni. A la seule et unique condition que celui-ci soit décédé de mort naturelle ou accidentelle. Et notre inspecteur Contreras de mettre les pieds, non pas dans un panier de crabes, mais dans une mare aux crocodiles: la mort de Brunni pourrait en effet être liée à un trafic illégal de peaux de yacarés, une variété protégée de petits caïmans d'Amazonie, vivant en particulier sur le territoire des Anarés, l'une des dernières tribus à être entrée en contact avec l'homme blanc et dont le grand sorcier n'est autre qu'un certain Manaï...

Dans ces deux textes tragi-comiques, Sepúlveda oppose dictature et démocratie, densité des villes et nature infinie, les Blancs et les Indiens, l'appât du gain et du pouvoir à la Justice et à la protection de la Nature. Même si le ton est à la farce, ironique, simple et alerte, et même si le format est court, l'essentiel est dit et les injustices dénoncées. Sepúlveda y met une grande force de conviction, jamais démentie au fil de son oeuvre.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          432
Du grand écrivain voyageur Luis Sepùlveda, on connaît son roman le plus célèbre, « le vieux qui lisait des romans d'amour » devenu un best seller international, ou encore le récit pour enfant « Histoire d'une mouette et du chat qui lui appris à voler ». On connaît moins « Yacaré / Hot-line », un recueil de deux petits romans policiers pas plus gros qu'une nouvelle parus initialement dans « Journal d'un tueur sentimental ». C'est dommage car, s'ils ne font pas partie des oeuvres maîtresses de l'auteur, ils offrent malgré tout une lecture tout à fait divertissante, pittoresque et pleine de sel.

Le premier récit, « Hot Line », met en scène un indien mapuche, le policier rural George Washington Cacauman, qui lutte contre les trafiquants et les voleurs de bétail dans les vastes plaines de Patagonie.
Dès le début, le ton est donné et il s'annonce piquant. En effet, l'inspecteur aux manières cavalières et aux airs de Charles Bronson, se fait remonter les bretelles pour avoir explosé le postérieur d'un fils de militaires !
« -George Washington Cacauman, tu as fait sauter le cul du fils du général Canteras !!! »
Et ça bien sûr, ce ne sont pas des choses à faire dans un pays où le retour à la démocratie est encore tout relatif et où l'ombre du général Pinochet plane avec autant de toxicité que le nuage de pollution au-dessus de Santiago.
C'est justement à Santiago que son supérieur, afin d'apaiser les esprits, a muté le pauvre policier plus habitué à renifler les bouses de vaches qu'à humer les vapeurs des pots d'échappement et plus enclin à chevaucher un équidé qu'à arpenter le bitume de la capitale…
‹‹La ville lui parut immense, froide et sauvage. On respirait difficilement et on avait du mal à s'orienter, car le soleil brillait quelque part dans un endroit incertain du ciel, au-dessus de la couche graisseuse de gaz qui recouvrait Santiago. ››
Sur place, Georges Washington est affecté aux affaires sexuelles et se voit confier la sympathique mission d'enquêter sur les téléphones roses…
Lorsqu'il reçoit un couple reconverti dans la Hotline, harcelé et terrorisé par les messages téléphoniques d'un mystérieux correspondant, l'inspecteur Cacauman comprend vite qu'il ne s'agit plus simplement de « factures de téléphone d'onanistes ayant des problèmes de paiements » mais d'une affaire qui ne sent vraiment pas bon…

Quel rapport peut-il bien exister entre un grand magnat des maroquineries milanaises, un enquêteur en assurances suisse, deux policiers italiens et le sorcier d'une peuplade indienne du fin fond de l'Amazonie ?
C'est ce que l'on apprendra en remontant la piste de « Yacaré » qui nous entraîne, sur fond de trafic de peaux de crocodiles, à la découverte des indiens Anarés du Pantanal. Cette peuplade d'Amazonie a vu son univers bouleversé par l'apparition du plus dangereux des prédateurs : l'homme blanc, qui est venu chasser sur ses terres le « yacaré », un petit caïman objet de sa vénération et source de toutes ses traditions.
Mais alors pourquoi, Don Vittorio Bruni, le géant de la maroquinerie italienne mort subitement en pleine réunion, a-t-il souscrit une assurance- vie d'un million de francs suisses au profit d'un de ces indiens, le sorcier Manai ?
C'est ce que les policiers Arpaia et Chielli du commissariat de Milan, et l'expert Danny Contreras, exilé chilien résidant en Suisse spécialement mandaté dans la cité lombarde par son cabinet d'assurances, vont tenter de découvrir dans cette affaire tendant à prouver, si besoin est, combien le « jeashmaré » (l'homme blanc), a pu se révéler un fléau pour les tribus indiennes d'Amazonie…ou d'ailleurs.

Epicé, relevé juste à point, savoureusement mitonné à la sauce sauvage des grands espaces, les romans de Luis Sepùlveda sont comme le plat national chilien, ils s'ingurgitent dans la bonne humeur et la simplicité, avec cette convivialité des bonnes choses qu'on aime à partager dans un optimisme amical, fraternel.
Cet entrain, ce côté enjoué et rieur que l'on puise souvent dans l'oeuvre de l'auteur sud-américain, s'enrichit qui plus est d'un engagement politique et écologique, véritable fer de lance d'une production littéraire des plus foisonnantes pour cet écrivain impliqué qui a connu et éprouvé les geôles du général Pinochet.
Sous le couvert de l'ironie et de la caricature, « Hot Line » dénonce ainsi ce que furent les premières années de transition démocratique de l'après Pinochet dans un pays encore tout imprégné du passé, où les militaires tentent de jouer encore les prolongations ; tandis que « Yacaré », davantage écologique, révèle avec un brin d'amertume que la soif de profit et de cupidité conduit malheureusement à la perte des grands espaces et à la destruction définitive des espèces animales et humaines.
Au-delà de la spiritualité, de l'humour et de la fantaisie qui caractérisent ces deux récits policiers, Sepùlveda continue encore et toujours à délivrer un message fort qui nous touche et nous donne à réfléchir.
Commenter  J’apprécie          400
Des dialogues succulents. Un inspecteur de police mapuche tire dans les fesses d'un trafiquant de bétail. Seulement, comme c'est le fils d'un général, il est muté à Santiago où il se retrouvera à démanteler un téléphone rose. On visionne bien le cowboy en ville déroutant ses collègues par sa façon d'être.
Deuxième histoire. Enquête d'un agent d'assurance sur un ponte de maroquinerie milanaise décédé de mort naturelle ou assassiné. le testament va nous emmener en Patagonie sur la piste d'un grand sorcier.
Des personnages au parler d'un cinéma qui n'existe plus. L'ombre de Pinochet, les privilèges, le pouvoir, les trafiquants avides d'argent, sans scrupule envers les animaux.
Commenter  J’apprécie          320
Deux beaux textes, une fois de plus. Luis Sepulveda est un auteur talentueux, une valeur sûre, il possède une plume alerte. Il sait captiver son lectorat et lui offrir tout l'exotisme de l'Amérique du Sud. Encore une belle aventure que ce livre constitué de deux courts romans.
Lien : http://araucaria20six.fr/
Commenter  J’apprécie          310
Deux nouvelles longues et policières, plutôt que deux romans policiers. Courts, mais pas trop courts, ce qui prouve le talent de l'auteur qui arrive à poser et l'intrigue, et l'ambiance, et les personnages,puis à nous amener au dénouement, le tout sans que ça ait l'air forcé, là où d'autres attaqueraient à peine le présentation des personnages...
Qu'il s'agisse d'un trafic de peaux de reptiles assortis de massacres d'indiens ou d'un pauvre flic rurale se retrouvant dans une métropole à se frotter à un fou furieux menaçant des acteurs d'une ligne rose, c'est original, peuplé de personnages intéressants. le premier est plus politique avec ses allusions à l'histoire moderne et tragique du Chili, le second plus tourné vers l'écologie, mais les deux ont la force de se baser sur pas mal d'humour, ou plutôt d'ironie piquante, pour dénoncer, au lieu de s'enfoncer dans une démonstration qui serait barbante.
Ce n'est pas parfait, mais c'est délicieux.
Commenter  J’apprécie          100
Deux petits romans policiers réunis dans un seul volume.
Dans le premier, l'inspecteur rural mapuche Georges Washington Caucaman à la gachette facile se retrouve placardisé dans la ville enfumée de Santiago du Chili. Tout en calmant ses maux d'estomac à coup de bicarbonate, il mène une enquête sur le téléphone rose...
Dans le second, alors qu'il se croyait bien à l'abri, l'nspecteur Dany Contreras est envoyé à Milan sur la piste d'un sorcier qui le conduit jusqu'en Amazonie... il va découvrir l'existence des indiens Anarés qui tiennent à leur mode de vie, envers et contre tous...
On retrouve ici les thèmes chers à l'auteur, même si j'ai préféré le premier, j'ai passé un bon moment. Un petit livre facile à emporter, avec une bonne typo... pratique pour lire dans son lit !
Commenter  J’apprécie          90
Deux courtes enquêtes menées avec brio et ironie.
J'ai aimé la trempe énergique des enquêteurs et leur gouaille primesautière.

A lire !
Lien : http://www.babelio.com/monpr..
Commenter  J’apprécie          80
"Hot line" , drôle de nom pour ce bouquin...hors contexte, mais bon.

C'est un court récit, écrit de façon intense et truculente sur les aventures d'un privé d'origine mapuche (la mère de Sepúlveda a des origines mapuches, son nom est Calfucura), un vrai chasseur de voleurs de chevaux dans la pampa le mec. le pauvre mapuche sera catapulté dans la grande et dure ville qui est Santiago car il a osé s'attaquer à un fils de général...
Commenter  J’apprécie          20
Ces deux textes s'apparentent plus à des nouvelles qu'à des romans courts. Ils se lisent vite mais sont tout de même très prenants. C'est là toute la force de Sepùlveda, il accroche le lecteur dès la première ligne sans jamais le lâcher.
Peu importe ce qu'il raconte, je m'y plonge à coeur perdu.
Hot line met en avant l'impunité qui règne au chili avec un petit air de western latino. Son personnage principal est très attachant.
Yacaré a pour thème la destruction des cultures indiennes en nous narrant l'histoire d'un trafic de peaux.
Il y a beaucoup d'humour dans ces deux textes qui restent proches des thèmes chers à l'auteur (l'écologie, la politique…). Ils peuvent être un bon moyen de découvrir l'auteur.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (223) Voir plus



Quiz Voir plus

Le vieux qui lisait des romans d'amour

En quelle année est paru ce roman ?

1990
1991
1992

10 questions
486 lecteurs ont répondu
Thème : Le vieux qui lisait des romans d'amour de Luis SepúlvedaCréer un quiz sur ce livre

{* *}