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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il aura fallu attendre 94 longues années avant que ne soit publié un ouvrage à la fois : objectif et très documenté sur Lev Davidovitch Bronstein, plus connu sous le pseudonyme de…, Léon Trotski.
D'ailleurs, cet ouvrage fait partie d'une trilogie de Robert Service (enseignant à l'université d'Oxford) concernant les biographies des trois principaux fondateurs du système Totalitaire Communiste d'U.R.S.S., puis Mondial : celle-ci sur Trotski qui vient d'être éditée en France et à suivre donc, celles de Lénine et de Staline.

Car, curieusement à ce jour, les rares livres concernant Trotski, relèvent pour la plupart, d'hagiographies participant à cultiver le mythe ; et écrites par des écrivains et pseudo-historiens…, Pro-Trotskistes.

Au préalable, voici deux précisions factuelles :
– Les dates exprimées dans ce commentaire sont celles de l'ancien calendrier julien, usité en Russie jusqu'en janvier 1918 et en retard de 13 jours par rapport au calendrier grégorien ;
– Et, le Bolchevisme signifiant majoritaire, était l'intitulé du Communisme avant mars 1918.

Trotski est né le 26 octobre 1879 à Ianovka dans la province de Kherson en Nouvelle-Russie, au sud de l'Ukraine actuelle.
Dès l'adolescence en tant que Marxiste, il était gêné par le bon niveau de vie de sa famille, ce que les Communistes nomment encore aujourd'hui « petit-bourgeois » ou « bourgeois ».

Suite à son agitation Révolutionnaire, il se retrouva pour la première fois en prison en 1898.
Il éprouvait déjà à cette époque, une haine viscérale envers la « bourgeoisie ». D'ailleurs, en exil en France en 1935, il écrira dans un journal, page 71 :

« (…) qu'il n'existait : « aucune créature plus répugnante qu'un petit bourgeois pris d'un besoin primaire d'amasser des biens ». »

Cette description correspondait parfaitement à la condition sociale de ses propres parents. Plus tard (comme nous le verrons), ils devaient eux-mêmes devenir des victimes de la politique de « lutte des classes » par la « dictature du prolétariat » de…, leur propre fils…

Il se maria en 1898 avec Alexandra Sokolovskaïa, une révolutionnaire elle aussi, qu'il rencontra lors de leurs activités militantes. Après avoir été tous les deux emprisonnés, ils furent exilés en Sibérie.
Mais les conditions d'exil sous le régime Tsariste n'étaient en rien comparables avec les premiers camps de concentration et camps de travaux forcés, que Trotski et Lénine allaient mettre en place à partir de 1918, et qui devinrent l' »Archipel du Goulag » sous Staline, pour reprendre l'intitulé du célèbre ouvrage d'Alexandre Soljénitsyne Oeuvres complètes, tome 4 : l'Archipel du goulag, Tome 1.
Trotski considérait même que le fait de côtoyer des exilés Révolutionnaires : cela ressemblait à une université révolutionnaire libre en pleine Taïga Sibérienne.

Puis, Trotski s'enfuit seul en août 1902 de Sibérie en abandonnant lâchement toute sa famille : son épouse et ses deux bébés. Mais pour Trotski la « cause », à cette époque, passait déjà avant sa propre famille. Les êtres humains les plus proches de lui, passaient au second plan, alors les autres…

Il rencontra pour la première fois en octobre 1902, son futur acolyte co-organisateur du coup d'État d'Octobre 1917 : Vladimir Ilitch Oulianov, plus connu sous le pseudonyme de Lénine. Ce dernier permit à Trotski d'écrire des articles dans son journal l'Iskra (l'Étincelle).
Et cette même année, Lénine publia son livre « Que faire ? », dont l'objectif était de « mettre en place une organisation centralisée de révolutionnaires professionnels ».

En novembre 1902, il rencontra sa seconde femme (mais ils ne se marièrent jamais), Natalia Sedova.

En 1903, Trotski tourna le dos à Lénine, et cette querelle dura jusqu'en juillet 1917.

A l'été 1904, Trotski fit la connaissance à Munich, d'Alexandre Helphand, un Marxiste comme lui, dont le pseudonyme était Parvus. Il devint alors le mentor de Trotski. Tous deux refusèrent d'adhérer aux : Parti Menchevique (signifiant minoritaire) représenté par Martov, et Bolchevique (signifiant majoritaire) représenté par Lénine. Ces deux Partis étaient issus de la scission en 1903, du Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie (P.O.S.D.R.).

Le 9 janvier 1905 se déroula une manifestation pacifique en Russie. Mais celle-ci fut réprimée dans un bain de sang : le « Dimanche Rouge » ; après que le Tsar Nicolas II ait fait tirer sur la foule de manifestants. Cette tragédie déboucha sur une Révolution, qui échoua.
La population traumatisée par cette répression, Nicolas II comprit alors qu'il devenait urgent d'engager de profondes réformes économiques, sociales, de modernisation de la Russie et surtout de Démocratisation.

Quant à Trotski, il jouait déjà pleinement le rôle qu'il s'était attribué, de contestataire invétéré, sectaire et égotiste. Il critiquait TOUT : le Tsarisme, le Capitalisme, les Mencheviques et même…, les Bolcheviques. Bref, l' »infaillible » Trotski était déjà persuadé de détenir la « Vérité Absolue » en toutes choses.
Pour Trotski, comme lui avait inculqué Parvus, un simple soulèvement était insuffisant, il fallait appliquer ce qui est devenu pour le restant de ses jours, son dogme intangible, à savoir : la « Dictature du prolétariat » dans le cadre d'une « Révolution permanente mondiale ».
Juif d'origine, Trotski se revendiquait d'être : un Marxiste Internationaliste athée.

Le 28 juin 1914, l'Archiduc François-Ferdinand d'Autriche fut assassiné à Sarajevo. Cet évènement fut à l'origine de la Première Guerre Mondiale.

Puis en 1905, Trotski fut à nouveau incarcéré. Il s'évada et s'exila dans différents pays. Il fut expulsé de France en 1916 et se retrouva dans le pays du Grand « Satan » Capitaliste : aux Etats-Unis, en 1917.
Il apprit alors début mars, qu'une Révolution Populaire se déroulait en Russie et que le Tsar Nicolas II avait dû abdiquer.
Aussitôt, il décida de rentrer en Russie et après moult péripéties, il arriva à Petrograd le 4 mai 1917 ; soit un mois après le retour de Lénine, en provenance de Zurich.
Après le renversement de la Monarchie, la nouvelle étape pour les Bolcheviques consistait dans l'élimination du Gouvernement Provisoire de Kerenski, mis en place après l'abdication de Nicolas II.
Trotski voyait dans le Parti de Révolutionnaires Professionnels qu'était le Parti Bolchevique, l'outil lui permettant de pouvoir conduire au Communisme, d'abord en Russie, puis espérait-il, après avoir renversé les classes dirigeantes dans toute l'Europe, de « Communiser » le monde entier !

Courant juin, les Bolcheviques organisèrent de nouvelles manifestations dans le but de relancer une insurrection, au slogan de : « Tout le pouvoir aux soviets », avec l'aide militaire des marins de la base navale de Cronstadt.
En grand adepte de la Révolution Française et tout particulièrement de la
Terreur Jacobine, Trotski se prenant pour un tribun Jacobin, haranguait les marins de Cronstadt tout en démontrant clairement, que son objectif était l'instauration d'un régime dictatorial et violant. Ce qui était excessivement clair dans ses propos, page 200 :

« Des têtes doivent tomber, le sang doit couler… La force de la Révolution française, c'était cette guillotine qui raccourcissait d'une tête les ennemis du peuple. C'est un instrument excellent. Il nous en faut une dans chaque ville. »

Tragiquement pour le Peuple Russe, en 1917, Trotski disposait de moyens techniques d'extermination beaucoup plus conséquents, que dans la France du 18ème siècle, et dont il n'hésita pas un instant à se servir, constamment et massivement.

Le 3 juillet, les marins de Cronstadt ainsi que le 1er régiment de mitrailleurs se présentèrent au siège du Parti Bolchevique, à l'institut Smolny. Mais Trotski, Lounatcharski et Grigori Zinoviev étant conscients que le Gouvernement Provisoire disposait encore de trop nombreux régiments militaires, firent disperser la foule. Ce n'était que partie remise… D'ailleurs, Trotski en 1920, confia lors d'une réunion du Parti : qu'il se servit de ces « évènements » pour « tester » la possibilité d'un coup d'État.
Le 6 juillet, un mandat d'arrêt fut délivré contre Lénine qui s'enfuit alors en Finlande, et Trotski, Kamenev et d'autres Bolcheviques furent emprisonnés.

En Août, survint le conflit ouvert entre Kerenski et le Général Kornilov : Kerenski craignait un coup d'État de Kornilov contre le Gouvernement Provisoire. Pour contrer Kornilov, il libéra les Bolcheviques ; et le 2 septembre, Trotski et Kamenev furent également libérés, en espérant qu'ils compromettent la tentative de putsch de Kornilov. Cette stratégie réussit parfaitement, mais suite à ces libérations, un danger beaucoup plus grand menaçait le Gouvernement Provisoire…

A partir de cette date, ce fut Trotski principalement qui, en l'absence de Lénine exilé en Finlande, tenait les rênes du Parti Bolchevique.
Contrairement à ce que voudrait nous faire croire la propagande Communiste depuis 1917, la « Révolution d'Octobre » fut bel et bien un coup d'État. Et il arrivait à Trotski lui-même, d'appeler un chat…, un chat, et ici, en ce qui nous concerne d'appeler : un coup d'État…, un coup d'État, page 207 :

« Quand je fus libéré de la prison de la démocratie révolutionnaire, nous nous installâmes dans un petit appartement loué à la veuve d'un journaliste libéral, dans une grande maison bourgeoise. Les préparatifs du coup d'État d'octobre allaient bon train. Je devins président du soviet de Petrograd (…). »

Le Comité Central se réunit le 10 octobre, au n°32 rue Karpovka chez Soukhanov, Menchevique de gauche qui était absent, mais en présence de sa femme Galina Flaxerman, Bolchevique, elle, et qui avait tout organisé.
Lénine était rentré clandestinement peu de temps avant à Petrograd, muni d'une perruque.
L'ordre du jour était essentiel, puisqu'il s'agissait de voter Pour ou Contre, le coup d'État : 10 votèrent, Pour, et 2 (Zinoviev et Kamenev), Contre.
La décision ultime était donc prise et elle contribua à bouleverser TOUT le 20ème siècle, dans le monde entier…
Le 16 octobre, fut créé le Comité Militaire Révolutionnaire (C.M.R.), l'organe militaire indispensable devant servir à coordonner et organiser le coup d'État militaire Bolchevique.

Le 24 octobre, dans le cadre du C.M.R., Trotski déclencha les opérations et envoya les soldats prendre le contrôle des points névralgiques de Petrograd, comme : les bureaux de poste et de télégraphe, les banques, les centraux téléphoniques et les gares. le coup d'État était lancé. le 25 octobre, ce fut l'assaut du Palais d'Hiver afin de renverser le Gouvernement Provisoire. Kerenski, lui, réussit à s'enfuir quelques heures auparavant.

Un nouveau Gouvernement appelé par Trotski « soviet des commissaires du peuple » ou Sovnarkom fut donc constitué, avec Lénine comme Président et Trotski en tant que Commissaire du Peuple (ministre) aux Affaires Étrangères.
Lénine et Trotski représentaient les deux principaux fondateurs, désormais inséparables, du régime Bolchevique. Et dès le 1er novembre, lors du Comité de Petrograd, Trotski défendit Lénine contre les attaques de Lounatcharski : ce dernier traitant Lénine de dictateur. Maintenant que les Bolcheviques détenaient le Pouvoir, Trotski pouvait à présent, définitivement « tomber les masques » et affirmer clairement ses intentions Dictatoriales, Terroristes et finalement…, Totalitaires, du régime que les Bolcheviques commençaient à mettre en place, page 218 :

« Il n'y a pas de politique intermédiaire. Pas de retour en arrière. Nous sommes en train de mettre en place la dictature du prolétariat. Nous forcerons les gens à travailler. Pourquoi autrefois, sous la terreur, le sabotage existait-il ? Nous, nous n'avons pas simplement la terreur, mais la violence organisée des ouvriers appliquée à la bourgeoisie (…) Il faut dire clairement et sincèrement aux ouvriers que nous ne sommes pas favorables à une coalition avec les mencheviks et les autres ; ce n'est pas là l'essentiel. Ce qui compte, c'est le programme. Nous nous sommes alliés aux paysans, aux ouvriers et aux soldats qui se battent aujourd'hui (…) (Nous n'irons) nulle part si nous ne gardons que quelques bolcheviks (au sein du gouvernement). Nous avons pris le pouvoir et maintenant nous en portons la responsabilité. »

Malgré tout, dans cette déclaration, Trotski, même s'il était un peu plus clair sur ses objectifs à caractères Totalitaires, mentait toujours… Puisque entre mars et octobre 1917, les Bolcheviques avaient promis aux ouvriers, aux soldats et aux paysans, un programme politique résumé en un slogan : « le pain, la paix, la terre ». Or dramatiquement, ils eurent réellement l'inverse : la Terreur Rouge Bolchevique, la Guerre Civile, le Communisme de Guerre conduisant à la gigantesque Famine de 1920 – 1921 faisant 5 000 000 de morts ; et selon l'expression de Lénine, lui-même : la « guerre à mort aux Koulaks (petits propriétaires terriens) » !

Entre le mois de décembre 1917 et mars 1918, Trotski fut mandaté par Lénine pour négocier la paix avec les Allemands, afin de sortir de la 1ère Guerre Mondiale pour pouvoir se consacrer pleinement, à la mise en place du régime Totalitaire Communiste en Russie, par la « Dictature du prolétariat ».

En novembre 1917, les Bolcheviques se virent dans l'obligation d'organiser des élections, en vue de la convocation de l'Assemblée Constituante. Mais ils perdirent ces élections.
Malgré moult tentatives d'escroqueries, de manipulations et d'intimidations de la part de Lénine, ils furent contraints de convoquer l'Assemblée Constituante, le 5 janvier 1918. Mais celle-ci fut dissoute par la force dès le lendemain.
Au début de l'année 1918, le bureau politique du Comité Central du Parti Bolchevique était composé de : Lénine, Staline, Sverdlov, Sokolnikov et…, Trotski.
La direction du Comité Central s'installa alors à Moscou au Kremlin.

Puis, le 3 mars 1918 à Brest-Litovsk, une paix « honteuse » et même caractérisée par Lénine lui-même de « paix obscène », compte tenu des immenses territoires cédés, fut signée avec l'Allemagne.

Après avoir été Commissaire du Peuple aux Affaires Étrangères, Trotski changea de « casquette » pour devenir Commissaire du Peuple aux Affaires Militaires.
Courant février, Trotski se consacra donc à constituer son Armée Rouge Soviétique, dans l'optique de déclencher la Guerre Civile.
Manquant d'officiers expérimentés, Trotski n'hésita pas à recruter 60 000 officiers et 200 000 sous officiers de l'ex-Armée Tsariste, afin d'encadrer ses soldats. Pour un Idéologue Marxiste forcené comme Trotski, il est curieux de constater qu'il acceptait d'encadrer son Armée Rouge, avec ses ennemis jurés. Mais ce serait effectivement mal le connaître, puisqu'il avait pris l'infâme précaution, de garder en « otages » les familles (enfants, femmes, vieillards) de ses officiers. Et en cas de trahison de leur part, il menaçait leurs familles de subir les pires tourments.
Il était également un grand adepte des exécutions sommaires, notamment pour les déserteurs de son Armée Rouge, comme décrit par l'auteur, page 264 :

« Il mettait toujours l'accent sur les résultats pratiques, et demeurait un fanatique de la discipline, capable de décimer les régiments qui désertaient ou faisaient preuve de couardise sous le feu ennemi. Au nombre des condamnés figuraient aussi bien des officiers. »

P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
Lien : https://communismetotalitari..
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