je déteste être adolescent. je n’aime pas ce temps où tout nous semble définitif alors que tout est transitoire.
.....l’absence d’émotion est, chez mon père, le signe d’un vide intérieur. S’il ne varie pas, c’est qu’il est constant dans la médiocrité. Il n’avait pas eu la force d’affronter les conséquences, notamment sur son fils unique, du changement qui venait de bouleverser son existence, alors il faisait comme si cela n’avait pas eu lieu. Afin d’éviter les turbulences en altitude, mon père avait choisi de piloter sa vie au ras du sol.
J’ai enfilé mon maillot vert frappé du logo Manufrance en rentrant de l’école et je me suis enfermé dans ma chambre en attendant l’heure du coup d’envoi. Ce qui me contrarie le plus, c’est de devoir regarder le match avec Hugo. Hugo ne comprend rien au football. C’est un corps mou et grassouillet, sous une tignasse emmêlée qui, de dos, rappelle la chevelure d’Oswaldo Piazza, le défenseur central argentin de Lasse. Il s’agit bien là du seul aspect de la personnalité de ce porcelet qui me soit sympathique. S’il se présentait à moi toujours de dos, peut-être que je finirais par l’aimer un peu. Hugo est le fils de Virginie. Il s’est installé chez nous en même temps qu’elle. Personne ne m’a demandé mon avis. Notamment pas mon père. Tout de suite, la présence d’Hugo a suscité en moi un sentiment de rejet fait d’un mélange d’humiliation et de dégoût.
Mes amis parlent d'elle en disant "ta belle mère", mais moi je l'appelle " ma fausse mère". Par souci d'exactitude.
on m'a fait rencontrer un juge qui m'a demandé:" est ce que tu préfères vivre avec ton papa ou ta maman?
- ma maman
le juge a dit que j'irai vivre chez papa
Ollivier pense qu'un tel contrôle de soi traduit une vraie force de caractère. Moi je pense l'inverse: l'absence d'émotion est, chez mon père, le signe d'un vide intérieur. S'il ne varie pas, c'est qu'il est constant dans la médiocrité.
Finalement, c'est toujours la même histoire lorsqu'il s'agit de la foi, ce n'est qu'à la fin qu'on sait si on a eu raison d'y croire ou pas.
C'est cela que j'aime le plus dans le football: se diluer dans une foule qui vibre à l'unisson et se laisser emporter par ses mouvements démesurés.
Je m'appelle Nicolas Laroche.
Je suis né à Glasgow, le 12 mai 1976.
J'avais treize ans et demi.
Ce jour-là, l'Association Sportive de Saint-Étienne (ASSE) jouait la finale de la coupe d'Europe des clubs champions contre le Bayern Munich. (p. 13)
Maman est partie et papa l’a remplacée par Virginie, un peu plus tard. Moi je l’ai remplacée le jour même par une équipe de football.