Mon premier roman pour débuter cette année 2022 et direction la Turquie ! J'avais envie de voyage et d'évasion… Nous voici donc aux côtés de Jahan et de son éléphant blanc Chota dont l'on va suivre les aventures durant de nombreuses, nombreuses années. Venus d'Hindoustan après un long voyage chaotique, ils accostent à Istanbul, une ville cosmopolite qui rassemble dans son sillage musulmans, chrétiens, juifs, gitans et tant d'autres peuples. A leur arrivée, Jahan se retrouve promu cornac du Sultan et s'installe dans la ménagerie royale avec Chota, parmi les autres dompteurs d'animaux en tout genre. Petit à petit, il apprend les codes de ce monde particulier et parvient à établir sa place…
Par certains aspects, ce roman historique m'a fait penser aux Piliers de la Terre de Ken Follet, l'univers de l'architecture étant un élément central du récit, bien qu'ici il ne soit pas question de construire une cathédrale, mais d'édifier des mosquées toutes plus resplendissantes les unes que les autres pour des Sultans aux caractères et aspirations variées. On rencontre Sinan, le maître, l'architecte impérial, au parcours admirable, et ses quatre apprentis, dont fait partie Jahan (et Chota, ne l'oublions pas !).
Ce roman est un petit pavé et j'ai parfois trouvé quelques longueurs au récit. Malgré tout j'ai apprécié les personnages de Jahan et de Chota. Je trouve cependant dommage que les relations entre les divers protagonistes n'aient pas été plus creusées et mises en avant, telles que la relation Jahan/Mihrimah (si touchante de pudeur) ou celle de Jahan/Sinan. En fait, je trouve que les personnalités de chacun ne sont pas assez développées, côté "humain", on reste en surface et cela a tendance à engendrer une certaine distance avec le récit. Je me suis plongée dans ma lecture mais je n'étais pas "immergée", si je puis dire.
Malgré tout, j'ai passé un agréable moment grâce à ce roman qui m'a fait voyager et connaître un peu mieux l'Histoire d'Istanbul et de ses Sultans, de ses conquêtes et de ses mosquées resplendissantes, de son organisation et de la vie qui s'y déroulait alors au XVIème Siècle ! L'autrice le précise elle-même en fin d'ouvrage, elle prend quelques libertés avec les faits historiques. Tout n'est pas exact à 100%. Et quoique romancé, il y a une grande part de vérité : les personnages ont pour beaucoup existés ainsi que les faits relatés.
Dans la dernière partie du roman, tout s'accélère et de nombreuses révélations viennent éclairer un passé trouble et troublé. Les masques tombent. Les langues se délient. Que de gâchis finalement… Tout ceci m'a rendu le personnage de Jahan d'autant plus attachant. Et j'ai ressenti un pincement au coeur pour tout ce qu'il avait enduré au travers de sa vie. La fin se teinte de mélancolie et d'une douce nostalgie. Jahan est vieux, beaucoup ne sont plus, il se livre enfin un peu plus sur ses sentiments, ses ressentis, ses émotions. On gagne en profondeur et en humanité. J'ai trouvé ce final touchant et émouvant...
Bref, une très belle découverte dans l'univers d'
Elif Shafak !
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