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Citations sur L'architecte du sultan (121)

Et c'est ainsi, au terme de presque cinquante ans comme architecte impérial et quatre cents bâtiments exquis, sans compter d'innombrabres sanctuaires et fontaines, que Sinan quitta ce monde. Il avait toujours laissé une petite faille dans ses ouvrages, façon de reconnaître qu'il n'était ni parfait, ni complet, car ces qualités n'appartiennent qu'à Dieu. C'est à peu près dans le même esprit qu'il mourut, à l'âge glorieux mais imparfait de quatre-vingt-dix-neuf ans et demi.
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Sinan était comme l'eau courante. Quand un obstacle entravait sa course, il coulait dessous, dessus, autour, par tous les moyens possibles ; il trouvait un passage à travers les failles et il continuait à couler de l'avant.
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Au cours de l'été, Sinan et les quatre apprentis commencèrent ce qui était la plus grande entrepris la mosquée Suleymaniye. [...] Sinan fit apporter des caracasses de vaches et de mouton par les bouchers. On les suspendit à des crochets en divers emplacements pour les mettre à pourrir. Une ou deux fois par semaine, Sinan venait inspecter la viande. Là où la pourriture était la plus rapide, le degré d'hygrométrie était plus élevé. Comme l'humidité rongeait les bâtiments à la manière de mites grignotant une toile, il évitait ces endroits là. Il recherchait un point où l'air était sec et le terre suffisamment ferme pour résister en cas de tremblement de terre. Installée au sommet d'une colline, la mosquée, comme le souverain dont elle tiendrait son nom, aurait un œil sur toute la cité.
Chacun des matériaux fut choisi avec soin. Le plomb et le fer venaient de Serbie et de Bosnie, le bois de Vama. Le marbre arrivait des pays arabes et du lieu où se dressait jadis le palais du roi Salomon - leurs surfaces polies reflétaient encore la beauté de la reine de Saba. Une colonne géante avait été transportée depuis Baalbek, la ville du Soleil. Dix sept colonnes furent soustraites à hippodrome, dérangeant le fantôme irrité de l'impératrice Théodora.
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Le centre de l'Univers n'était ni à l'est ni à l'ouest. Il était là où on se soumettait à l'amour. Parfois c'était l'endroit où on enterrait un être aimé.
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A quelle allure les choses changeaient, jusqu'où les gens pouvaient tomber, et de quelle hauteur ! Y compris ceux qu'il aurait crus hors d'atteinte. Ou peut-être, justement ceux-là. Comme s'il existait deux arcs invisibles : avec nos paroles et nos actes nous montons; avec nos paroles et nos actes nous descendons.
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"Quel âge as-tu?
-Douze ans.
-J'ai un an de plus, dit-elle. J'en sais plus long que toi."
Toujours incliné, Jahan ne put s'empêcher de sourire. Elle n'avait pas dit le plus évident: qu'elle était de naissance noble et lui un moins que rien. Lui rappeler qu'elle était plus agée, c'était faire comme s'ils étaient ou pourraient un jour devenir égaux
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Lèvres rouges comme un bouton de rose, chevelure soyeuse, taille plus mince qu’une branche de saule. Agile comme une gazelle, forte comme un bœuf, dotée d’une voix de rossignol – une voix dont elle userait pour chanter des berceuses à ses bébés, pas pour des bavardages oisifs, et jamais pour s’opposer à son mari : voilà l’épouse que lui aurait souhaité sa mère si elle était encore en vie.
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Après des semaines de navigation en haute mer, la première image de la cité eut un effet insolite sur l’imagination de Jahan — surtout un jour brumeux comme celui-ci. Il scruta l’horizon, la ligne où l’eau battait contre le rivage, une bande grise, sans pouvoir distinguer s’il allait vers Istanbul ou s’il s’en éloignait. Plus il la fixait du regard plus la terre semblait une extension de la mer, une ville de métal fondu perchée sur la pointe des vagues, vertigineuse, toujours mouvante. Ce fut là, plus ou moins, sa première impression d’Istanbul, et à son insu, elle ne changerait plus, même après une vie entière passée ici.
(…) peu à peu la brume se dissipa comme si on avait tiré un rideau. La ville, clairement dessinée maintenant, s’ouvrait devant lui, incandescente. Ombres et lumières, crêtes et creux. De haut en bas, colline après colline, bosquets de cyprès ici et là, elle semblait un amas de contrastes. Se reniant à chaque pas, changeant d’humeur avec chaque quartier, tendre et cynique d’un même élan, Istanbul donnait généreusement tout et dans le même souffle exigeait qu’on lui rende son cadeau.(…) Bien qu’étranger à ses façons, le garçon pressentit à quel point on pouvait tomber sous son charme. p 32-33
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Un artisan aussi diligent et passionné que Sinan avait peut-être du mal à accepter sa mortalité. Il élevait des bâtisses destinées à résister au temps alors que sa propre nature éphémère l'accablait chaque jour plus lourdement.
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"Ne pleure pas, dit le sultan. Prie."
Honteux de sa faiblesse, Jahan redressa les épaules. "Je prierai pour nos soldats, mon seigneur.
- Non. Prie pour eux tous. Il n'y a plus de différence maintenant."
Cet homme qui pendant ses quarante-six années de règne avait livré sans relâche une guerre après l'autre ; qui avait donné l'ordre de tuer le plus brillant de ses grands vizirs et peut-être son seul ami ; qui avait assisté à l'étranglement de son fils aîné, en avait fait mourir un deuxième de chagrin, et organisé l'assassinat d'un troisième là-bas en Perse ; qui s'était imposé comme le plus fort de tous les sultans ottomans - cet homme venait de dire, dans un champ de pissenlits et de cadavres, qu'au bout du compte, il n'y avait pas de différence entre le soldat à l'intérieur et le soldat à l'extérieur de la forteresse, laissant Jahan face à une énigme qu'il serait incapable de résoudre avant bien des années.
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