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Critique de Mome35


Toutes les polices du Monde se distinguent par un uniforme. Mais toutes n'ont pas forcément le prestige qui sied à leur tenue. Sous elle, en grattant bien, il y a parfois des âmes noires, des personnes à la gâchette facile, sans scrupules, rackettant à tous les coins de rue. Des êtres qui ne sont que des bandits habillés d'un costume de respectabilité, protégés par leur situation et craints par tous parce que profitant d'un abus de position dominante. En modifiant un dicton populaire, on dirait que l'habit ne fait pas le flic.
Si la police est une institution dépendant des gouvernements, dans certains pays ces derniers sont parfois (souvent) également corrompus. Karachi, est l'une de ces villes gangrénée par la criminalité. Cette mégapole parmi les plus peuplées de la planète (plus de 20 millions d'habitants) est le théâtre de ce roman de Omar Shahid Hamid. Ancien policier d'élite avant de prendre en charge la cellule antiterroriste, il sait de quoi il parle. A Karachi, les partis politiques ont leur service d'ordre armés de Kalatchnikovs, assassinant, recrutant et régnant par la terreur. Les forces de l'ordre ne songent qu'à améliorer leur ordinaire en se remplissant les poches, prélevant leur pourcentage de silence et de quiétude chez les dealers de drogue, les prostituées. Tout ce qui, en fait, est hors-la-loi.
C'est dans cette atmosphère qu'évoluent les commissaires D'Souza et Akbar. Tous deux ont fait leurs classes ensemble et hormis le fait qu'ils touchent aussi leurs « prestations » hebdomadaires, ils sont - peut-être – plus « honnêtes » que leurs congénères. Combattant certains partis plus mafieux que politiques, ils vont, au hasard, des fluctuations gouvernementales se retrouver, l'un D'Souza placardisé comme directeur d'une prison où l'autre Akbar est enfermé, pour avoir dépassé les bornes. le kidnapping d'un journaliste américain va relancer leur situation. Ils sont les deux seuls à pouvoir le sauver avant sa décapitation prévue pour le 24 décembre.
Si l'on peut regretter l'absence d'un lexique pour les termes locaux trop peu expliqués, ce livre reste captivant par son exotisme (on peut le rapprocher de certains romans de Cedric Bannel sur l'Afghanistan), et pour comprendre la philosophie des habitants et les mentalités d'une ville où une vie ne vaut pas quelques roupies. Les analepses qui posent l'antériorité de la déchéance des deux héros D'Souza et Akbar sont très bien rendus et ne cassent pas le rythme narratif.
S'il y avait une moralité à tirer de cette lecture, on la trouverait chez Kant : « la possession du pouvoir corrompt inévitablement la raison. »

Merci à Masse critique et aux éditions Presses de la Cité de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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