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Critique de Sarindar


Henry V de Shakespeare, c'est l'occasion d'une réflexion sur l'exercice du pouvoir pour un homme comme les autres qui doit se singulariser par une action militaire et une victoire incontestable pour marquer durablement les esprits et légitimer la présence de la branche Lancastre des Plantagenêts sur le trône d'Angleterre après l'usurpation du pouvoir par Henry IV. le brillant fait d'armes accompli par Henry V à la bataille D Azincourt (25 octobre 1415) va donc donner consistance à une ambition familiale.

Et pourtant, ce n'était pas gagné d'avance, car Henry V, présenté par Shakespeare comme un profiteur de la vie et un jeune fêtard, surnommé Harry, et accompagné dans ses beuveries par l'incroyable et increvable hédoniste paillard qu'est Falstaf (personnage truculent dont certains traits ont été empruntés à sir John Falstolf, plus connu en réalité pour sa bravoure que pour ses écarts de conduite et ses frasques), est déjà un être énigmatique en raison de sa tendance à se démarquer par le fait qu'il a l'habitude de s'isoler pour réfléchir sur la destinée humaine et la meilleure manière d'employer sa vie, tendance qui ne fait que se renforcer avec l'exercice du pouvoir, ce qui l'oblige à rompre avec ses habitudes anciennes faites de facilité. La prise de responsabilité rend cet homme plus grave, du moins si l'on suit les méandres de sa pensée selon Shakespeare, et s'il y a un brin de nostalgie lorsqu'il compare ce qu'il est devenu avec ce qu'il a été et avec l'insouciance des hommes et soldats qui le suivent et qui vont affronter les Français lors de la bataille D Azincourt, victoire qui prolongera la guerre commencée en 1337 et la fera durer jusqu'en 1453, la faisant passer dans L Histoire sous le nom de guerre de Cent Ans, il n'en reste pas moins désireux d'assumer pleinement et avec conscience les devoirs de sa charge tout en méditant sur ce qu'il à a faire et qui le démarque du reste des hommes sans oublier qu'il n'est lui aussi qu'un homme guère différent des autres, ce que prouve son passé, des pensées qu'il remue dans sa tête tandis qu'il se mêle à ses troupes, qui ne le reconnaissent pas, au coin du feu, la nuit qui précède la bataille.

Il lui faut un certain culot, le jour de la Saint-Crépin, pour haranguer ses troupes qu'il convoque comme une "joyeuse bande de frères" (band of brothers) avant d'affronter les Français.
Shakespeare décrira ensuite la bataille D Azincourt et les tractations d'Henry V pour demander au roi de France Charles VI le Fou et à Isabeau de Bavière la main de leur fille, Catherine de France, pour tenter de devenir roi de France alors qu'il règne déjà sur l'Angleterre. Henry V sera tout près d'y parvenir (par la signature du traité de Troyes en 1420), mais il échouera de peu en mourant prématurément à Vincennes en 1422, peu avant Charles VI. Sur cela Shakespeare se gardera bien d'insister.

François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015).
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