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Critique de BazaR


C'est la deuxième fois que je lis Macbeth. Je l'ai vue au théâtre une fois. Eh bien je suis de plus en plus sous le charme.

Il faut dire que la version que j'ai lue, originellement traduite et publiée par François-Victor Hugo, est agrémentée d'une longue introduction du fiston de Victor. Cette introduction, en laissant la parole au chroniqueur anglais Holinshed dont Shakespeare s'est inspiré pour écrire sa pièce, replace avec brio les événements dans l'histoire de l'Écosse du XIème siècle. D'après ce qui est reproduit ici, Holinshed n'était pas un manche non plus en matière d'écriture. Tout y est, y compris les éléments fantastiques. La chronique, déjà, vaut son pesant de cacahuètes.

Est-ce à dire que Shakespeare s'est contenté de réaliser une banale adaptation ? Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. le tragédien s'est emparé de la matière première, a ramassé les événements dans une durée restreinte et usé d'exhausteurs d'émotions tragiques dans de superbes dialogues et magnifiques tirades.
Est-il nécessaire de rappeler les faits ? Il s'agit de la perversion d'un vaillant sujet du roi d'Écosse Duncan, qui sauva par trois fois le pays, par une prophétie proférée par trois sorcières : Macbeth est destiné à être roi. Réalisant assez vite qu'il lui faudra auto-réaliser la prophétie, il perpètre sournoisement le meurtre de son suzerain et devient ce qui a été promis. Mais cela ne va pas sans valse-hésitation ni sans torture de l'âme par un inconscient efficace. Son conscient réagit brutalement en se comportant en tyran, conscient soutenu par son épouse qui acte comme un bloc d'infamie à l'état brut.
Mais la prophétie des sorcières n'est pas achevée ; elles y ajoutent un avenant. L'interprétant à sa guise, Macbeth est persuadé à tort de son invulnérabilité. Comment ? Il ne risque rien tant que les arbres de la forêt de Bernane ne se mettront pas en marche ? Quoi ? Il ne pourra être tué par une créature né d'une femme ? Franchement, que craint-il alors ? Mais les prophètes adorent jouer avec la sémantique. Et « la forêt se mettra en marche ». Et « une créature qui n'est pas née d'une femme se trouvera sur son chemin ». (A noter entre parenthèses que ces deux prophéties sont quelque peu reprises dans les Seigneurs des Anneaux, où une forêt se met vraiment en marche et où le chef des Nazguls est occis par une créature qui n'est pas un homme).

Shakespeare traduit à merveille les atermoiements de Macbeth, sa guerre avec sa conscience qu'il finit par gagner, se transformant dès lors en tyran sanguinaire. Il fait adopter le chemin inverse à Lady Macbeth qui ne ressent nul scrupule, nul remord, mais dont l'inconscient travaillé par son immoralité finit littéralement par la rendre folle au point de la pousser au suicide. L'intrigue baigne dans une atmosphère fantastique que l'on ressent presque physiquement : lande écossaise déserte fouettée par la foudre, incantations, bave de crapaud et danses de sorcières. S'amusent-elles, les forces obscures de la Nature, avec le destin des hommes…

Il y aurait encore tellement à dire mais je manque de mots dans ce billet quelque peu improvisé. Je finirai en disant que je comprends que cette pièce soit l'une des plus célèbres et des plus jouées de Shakespeare.

Ah, non ! Je voulais ajouter un truc. Si la prophétie annonce à Macbeth qu'il sera roi, elle annonce à son compagnon Banquo qu'il sera le père d'une dynastie de rois. Tout ce que la pièce nous dit, c'est que Fléance, le fils de Banquo échappe à l'assassinat. François-Victor Hugo nous apporte le fin mot : Fléance épouse la fille du roi du Pays de Galles. Ils ont un enfant, Walter, qui devient sénéchal du roi d'Écosse avec le titre de « lord Stewart », nom qui deviendra « Stuart ». Inutile d'en rajouter.
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