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Critique de Slava


Slava
07 décembre 2020
C'est avec cette version du Livre de Poche réunissant deux des pièces célèbres de William Shakespeare que j'ai connu l'intemporel dramaturge. Roméo et Juliette et le Songe d'une nuit d'été contenu dans ce livre, deux oeuvres marquées par l'amour et les jeux qui s'y nouent, l'une tragique, l'autre comique.
Comment peux-je résumer ces deux pièces du théâtre anglais que beaucoup ont déjà réussi à le faire mieux que moi ? Romeo et Juliette qui raconte les amours contrariés de Romeo Capulet et de Juliette Montaigu séparés par la haine mutuelle qu'entretiennent les deux familles dans le climat de guerre animant Vérone et dans le Songe d'une nuit d'été les manigances farcesque des fées qui se livrent entre eux sous une nuit chaude de juin et que subissent de jeunes gens fuyant Athènes parce que s'aimant de manière interdite. La différence séparant ces deux intrigues étant que comment ces romances se termineront, l'une dans la tragédie et la désolation, l'autre dans l'allégresse et dans la béatitude. Mais toutes célèbrent et montrent la force de l'amour qui défie les conventions sociaux et poussent à toutes les folies.
Roméo et Juliette peut sembler étrange quand on l'ouvre car, et c'est là la surprise, elle commence comme une comédie : badinerie des nobles, bagarre fanfaron et parfois ridicule entre les hommes qui se défient pour rien, jeux de mots bien avisés et parfois graveleux (qu'hélas la traduction française restitue mal) et la douceur sucrée de la liaison amoureuse entre deux tendrons que s'aiment purement. Il faudra attendre l'acte III et la mort soudaine et violente de Tybalt, qui brise alors le ton de la pièce pour que l'engrenage infernale s'enclenche et que la tragédie peut opérer. Inutile aussi de conter la fin déchirante du couple mais qui continue de saisir et d'émouvoir dans sa beauté et sa tristesse. En dépit de son ancienneté, la pièce est d'une singulière modernité, ou les tourtereaux que peuvent s'identifier les adolescents d'aujourd'hui s'opposent contre la guerre et les vieilles traditions que se livrent leurs familles hautaines prêtres à leurs jeter des bâtons dans les roues et que seul l'amour à la mort pourra réunir dans la paix les deux clans, ou la jeunesse qu'on qualifie d'inconstante triomphe malgré la chute et on peut qu'admirer Juliette qui agit, décide et organise son sort et qui ne se contente pas de rester sur son balcon à écouter la sérénade magnifique de Roméo, un féminisme certes discret mais qui dans notre ère actuel peut qu'être redécouvert.
Le Songe d'une nuit d'été est certes plus légère que la pièce tragique mais loin d'être une simple bouffonnerie fantaisiste. On se perd très vite dans le déroulement de l'histoire, qui est très confus, dû surtout aux amusements des fées qui brouille les pistes. Dans l'atmosphère onirique régnant sur les âmes et corps, dans les multiples enchantements qui troublent la vue, le surnaturel s'introduit dans la réalité. On rit aux farces que se livrent les fées, aux piètres acteurs jouant Pyrame et Thisbé (qui a d'ailleurs inspiré Shakespeare pour Romeo et Juliette), à Lysandre, Hermia, Demetreus et Lysandre qui s'écharpent du à la potion d'amour qui les font aimer les uns des autres avec les quiproquos et à Bottom doté d'une tête d'âne que courtise les fées et leur reine Titania mais on est éblouis mais aussi anxieux par la splendeur princière des fées qui ne sont pas encore les adorables pixies et autres fées clochettes mais des puissances redoutables et manipulant les destins à leurs guises : des puissances capricieuses dont une dispute futile entre Titania et Obéron est le début de ce large cafouillage et qu'aucun des deux n'est puni à la fin malgré tous les dégâts causés par leurs manipulations. Une pièce qui fait rêver par ses images fantastiques, par ses jeux d'ombres et de lumières et qui continue toujours d'enchanter petits, les petits pour le spectacle et les quiproquos, les grands par la poésie sublime de Shakespeare, des sous-entendu parfois gaillards qui se cachent derrière de chastes et picturales phrasés, et la cocasserie générale qui y règne.
Deux pièces éternelles sur l'amour et leurs effets, qui influent sur les mortels comme les fées, et qui font basculer des vies. Deux pièces à lire pour le plaisir et l'émerveillement, pour pleurer et rire tout simplement et admirer l'image double de l'être humain qui chante joyeusement ou dans la lamentation les effets de la passion amoureuse.
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