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Critique de Gehenne


Sur fond d'uchronie (en 1944, l'Allemagne nazie est en passe de gagner la guerre et vient d'envahir la Grande-Bretagne), ce roman magistral, à l'écriture fluide, imagée et poétique, se déroule entièrement au Pays de Galles "dans une vallée reculée, une impasse, une tranche de vie isolée, enchâssée dans les crevasses des collines". C'est la que vivent cinq femmes (et des enfants) dont les maris sont partis répondant à l'appel programmé de la Résistance à l'envahisseur germanique, un projet mûri depuis le début de la guerre dans le plus grand secret, épouses comprises. Celles-ci se retrouvent donc un beau matin seules face aux tâches immenses de leurs fermes (culture et élevage), mais ignorées des combats, la Wehrmacht étant engagée prioritairement dans la bataille autour de Londres.
Jusqu'au jour où une patrouille de six soldats allemands s'engage dans la vallée galloise pour une mystérieuse mission imposée par les SS sur l'ordre d'Himmler lui-même. La cohabitation s'installe d'abord sur le mode de la peur, de la méfiance, voire du rejet. Mais l'apaisement et bientôt l'entraide durant un terrible hiver surviennent grâce à la sagesse du capitaine de la petite unité, Albrecht Wolfram, universitaire hostile à la philosophie nazie, pétri de culture et parlant un anglais châtié (il a passé un an à Oxford pour ses études), grâce aussi au sang-froid de deux des femmes, qui participent à l'élaboration de l'équilibre forcément fragile de cette coexistence imposée.
La guerre parviendra-t-elle à atteindre cet édifice précaire fondé sur le respect mutuel ?
Owen Sheers est connu aussi pour ses recueils de poésie ce qui ne surprendra pas le lecteur de ce roman dont la langue brille de mille feux et est une ode à la nature sauvage et superbe de ce coin perdu du Royaume-Uni. Un roman parsemé de véritable moments de grâce et riche d'une profonde humanité, un grand bonheur de lecture.
NB : on ne saurait oublier d'associer à l'éloge stylistique la traduction française de Bernard Hoepffner.
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