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Critique de JeanPierreV


“La littérature n'est pas là que pour faire plaisir mais aussi pour déranger, questionner, émouvoir, remuer.”
Philippe Besson qui parlait de la littérature en général a résumé inconsciemment en quelques mots le propos du livre de Lionel Shriver.
L'a t-il écrit après cette lecture, j'en doute, mais ses mots s'adaptent tout à fait à ce titre.
Après la lecture de "Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes", j'avais besoin d'en savoir un peu plus sur Lionel Shriver, d'être dérangé par le regard qu'elle porte sur cette Amérique donneuse de leçons au monde...
À aucun moment, je n'ai été déçu par cette lecture! Certes, j'ai été dérangé, mal à l'aise...mais fortement intéressé par ce regard, par cette lecture.
Eva Katchadourian est la mère de Kevin, un gamin qui lui causa de nombreux problèmes quand il était jeune enfant. Elle aurait tout pour être heureuse, mais non! Elle est mal dans sa peau et culpabilise, et ressasse le passé, tous ces petits riens, qu'elle dut supporter du fait de l'état psychique de Kevin....
Elle doit se bourrer de somnifères pour pouvoir enfin dormir....Kevin son fils est en prison, il est l'un de ces gamins américains, qui dans un accès de folie a tué d'autres gamins dans son lycée...
Il n'est pas le premier à commettre ce geste
Pourquoi, pourquoi ? Cette question la hante, et hante chacun de nous. Elle savait que Kevin présentait des troubles psychologiques, elle nous en parle, mais de là à commettre de tels crime!
Pourquoi des gamins "pètent-ils les plombs" subitement -en apparence - et tuent certains de ceux qui étaient leurs camarades...les exemples américains ne manquent pas: fusillade de Columbine, lycée Saugus de Santa Clarita, en Californie, Lycée Marjory Stoneman Douglas, Université d'Umpqua...et ce n'est qu'une toute petite partie de la longue liste que chaque lecteur pourra trouver en quelques clics sur Internet.
Certains rejetteront ce livre pas toujours facile, rejetteront ce regard sans complaisance, cette analyse du fonctionnement de certains gamins, de certaines familles et de la société américaine.
Kevin a quant à lui tué 9 gamins...la fin du livre nous dévoilera son machiavélisme.
Quand des enfants commettent de tels gestes, de telles atrocité, il est facile d'en rechercher la cause dans l'éducation donnée, de stigmatiser les erreurs commises par les parents, mais finalement, ne seraient-ils pas le mal incarné ? La réponse est sans détour : Kevin est malade, mal à l'aise, mal aimé !
Cette mère écrit dans cette longue lettre à son mari : "personne ne peut supporter Kevin plus de quelques semaines", c'est elle qui le dit, elle ne l'aime pas, elle préfère sa fille...que Kevin hait. le lecteur sera fortement dérangé par les actes commis par Kevin sur sa soeur!
Partant de ce fait divers, Lionel Shriver, se met à la place de cette mère qui écrit à son mari, et crie au monde sa souffrance, son incompréhension, et nous livre un diagnostic sans complaisance de la mentalité, de la violence de cette société américaine. Cette mère ne s'en cache pas, et affirme en toute conscience qu'elle n'aime pas Kevin, qu'elle lui préfère sa fille....que Kévin porte tous les motifs de rejet! Un malaise entre la mère et Kevin présent bien avant le drame
Mais son cri va au-delà de la description des problèmes entre membres de la famille !... Non, la cause est ailleurs.
Elle se trouve peut-être dans la politique, voire dans l'âme américaine, dans l'organisation de la société, dans cette notion de supériorité, présente inconsciemment dans l'esprit de tout américain.
Elle possède un sens aigu de la description des personnages, de leurs états-d'âme et de la vie des couples américains. Mais après tout n'est pas lié et étroitement dépendant du fonctionnement de la Nation américaine, donneuse de leçons au monde? Son regard est sévère, fortement dérangeant.
Oui, certains seront dérangés et rejetteront cette noirceur, rejetteront ce livre qui évoque les notions de culpabilité, de responsabilité, d'éducation, de parentalité, de conscience, de violence, de punition....
Alors me sont revenus à l'esprit ces mots de Nelson Mandela : "Nous devons à nos enfants -les êtres les plus vulnérables de toute société- une vie exempte de violence et de peur"
Un gros chantier pour les USA!
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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