La Trilogie des Illumières, tome 1 : L'Eternéant

"Bon, d'accord, nous ne sommes pas des fantômes. Nous somme des Objets Ectoplasmiques Non Identifiés. O.E.N.I. Tu préfères ?"

Les adultes, voyez-vous, par nature même, ne s'égarent jamais lorsqu'ils voyagent vers la lumière - peu importe s'ils se cognent tout le long du chemin - car ils sont toujours persuadés de savoir exactement où ils vont, même quand ce n'est pas le cas. Par conséquent ils finissent toujours par arriver quelque part. Si vous ne me croyez pas, demandez-vous ceci : avez-vous déjà vu un adulte monter dans une voiture pour aller "nulle part" ? "

"Si vous croisez le chemin d'une Verte-l'âme, ainsi qu'on les appelle, il vaut mieux être honnête et lui asséner immédiatement la vérité. Si nécessaire, confrontez-la à une expérience qu'elle ne pourra pas ignorer, sans quoi elle continuera à refuser la réalité et à se rendre malheureuse. Se réveiller dans l'Eternéant, c'est comme plonger dans de l'eau froide. passé le choc initial, une fois qu'on est dedans tout va bien."

Racine aurait eu le souffle coupé devant les gratte-ciel de Midtown – si ce n’est qu’il n’avait plus de souffle à couper. Le spectacle le plus époustouflant de tous était ces deux tours d’argent qui scintillaient du sud de la ville. Deux monolithes identiques, des jumelles de verre et d’acier qui reflétaient la lueur grise de l’aurore.
- Je ne savais pas que ça existait, des immeubles pareils, dit Racine.
- Ils n’existent pas, répondit Allie dans un soupir. Enfin, plus maintenant.
Racine perçut dans sa voix une tristesse si profonde qu’elle semblait toucher au centre de la Terre.

Un jour comme un autre, dans un virage en épingle qui surplombait une forêt morte, une Toyota blanche percuta une Mercedes noire si violemment que leurs carrosseries fusionnèrent en un éclair d’argent.

New-York possédait sa part de berceaux. Le plus beau de tous se situait sur la pointe sud de Manhattan : deux frères gris et leur grande sœur, la statue de la Liberté. Les tours avaient trouvé leur paradis. Elles existaient désormais dans l’éternéant, soutenues avec force et pour toujours par la mémoire collective d’un monde en deuil, par la dignité des âmes qui, ce sombre jour de septembre, avaient atteint le bout du tunnel.

Génial, songea-t-elle. Je joue les Wendy pour un Peter Pan délinquant et les Enfants perdus en version mutants.

pas mal

- Ce n'est pas possible, balbutia Racine. Ils sont en train de manger. Je rêve?
Lila sourit.
- Mary a troqué quelque chose contre un gâteau d'anniversaire. Elle l'a partagé avec les petits.
- Mais on n'a pas besoin de manger, observa Racine, perplexe.
- Et alors? ça ne veut pas dire qu'on doit se priver quand on trouve de la nourriture fantôme.
- De la nourriture fantôme ? répéta le garçon. Il y a de la nourriture fantôme?
Nick le regarda en secouant la tête.
- ça fait un siècle que tu es là et tu ne savais même pas une chose pareille?
Racine avait l'air dépité d'un gamin qui a raté le bus pour Disneyland.