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Aujourd'hui, c'est son jour de congé. Qu'il passe, comme tous ses jours de congé à oublier. Oublier le cri des bêtes, les yeux écarquillés, le sang. Pour être moins gris, il se rend à l'hôpital où l'infirmière Joséphine lui administre sa dose hebdomadaire d'un liquide arc-en-ciel. Mais Joe est déçu aujourd'hui d'apprendre que Joséphine est en repos. C'est l'infirmière Gisèle qui s'occupera de lui. de retour chez lui, il avale rapidement son déjeuner, se permet une sieste puis s'en va acheter des bonbons qu'il ira offrir à Sam dont la pommette est, aujourd'hui, ornée d'un petit bleu vif. À la fin de la journée, sous un ciel tout gris, Joe se sent cafardeux. Après une nuit très courte qu'il a passé à réfléchir à la phrase d'une vieille dame entendue à la télé, il a pris sa décision. Aujourd'hui, il ne franchira pas la porte de l'abattoir. Au nez de l'éleveur, occupé à rire de bon coeur avec son collègue, il volera son camion, chargé de six vaches, et prendra la fuite. Avant d'aller trouver le bonheur, il ira chercher le petit Sam, certain que lui aussi à droit à sa petite dose...

Comme son père et son grand-père, Joe travaille à l'abattoir. Un métier qu'il n'a visiblement pas choisi, lui qui est fragile et qui ne supporte ni les bêlements des moutons, ni les beuglements des vaches. Alors, Joe a décidé de s'enfuir, emmenant avec lui six vaches, qu'il sauve d'une mort certaine, et le petit Sam, qu'il sauve lui aussi de sa famille d'accueil (qui n'en porte que le nom), pour leur faire découvrir la montagne et ses prés verts. Mais la liberté et le bonheur ont un prix, Joe le sait bien... En attendant, il cueille ses petits moments de bonheur, qu'il aime aussi offrir, et profite de sa fuite, en dehors de sa vie et un peu en dehors du temps. Il profite de l'air et du vert des montagnes, de ses retrouvailles avec son ami d'enfance, des sourires de Sam, de son amour secret pour l'infirmière Joséphine, de la générosité de ceux qu'il rencontre. Empreint de tendresse, d'un brin de mélancolie, ce road-trip doux-amer, tout à la fois grave et léger, déborde de vie, de poésie et d'émotions. Une ode à la fuite et aux rêves à laquelle la plume de Guillaume Siaudeau permet de croire et d'espérer...

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Pas trop saignant est un court ouvrage absolument percutant, déployé au moyen de chapitres concis mais gorgés d'une rage athlétique et d'un grand coeur. L'auteur confesse un récit fragile -parce que l'on sent qu'il nous échappe- et fugace : le·a lecteur·rice est isolé, sans pour autant être rejeté, et devient bel et bien le·a témoin d'une course vers deux antipodes, la vie et la mort, réconcilié autour d'un même désir, celui d'être libre. La plume de Guillaume Siaudeau, poétique vigoureuse, dévoile alors une cavale démente, aux pétales délicates, un conte doux-amer qui vient, non sans humour, écorcher quelques anomalies de la société. Le·a lecteur·rice butine alors un peu de mélancolie mais surtout beaucoup de tendresse dans ce récit qui est une véritable fracture temporelle, un arrêt dans le temps qui constelle le cerveau du·de la lecteur·rice en d'innombrables étoiles d'affection.
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Sympa, d'autant que le sujet principal est la liberté. Cette liberté que se donne, un jour, cet homme qui travaille dans un abattoir. Il va libérer six vaches condamnées à mort et un petit voisin malheureux dans sa famille d'accueil. La cavale va démarrer. Un humour, limite noir, avec une analyse de notre société absurde. Auteur découvert par hasard, dont je vais m'empresser de lire ses précédents romans. Conquise par son style décalé.
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Le cri des cochons ou celui des vaches, un matin, Joe décide qu'il ne peut plus les supporter. Car ces cris envahissent sa vie, son repos, ses nuits, ses rêves. Ce n'est pourtant pas une décision simple à prendre lorsque l'on travaille dans un abattoir.

Chaque semaine, Joe doit recevoir des perfusions pour arriver à vivre à peu près normalement. Et dans ces moments-là, son seul rayon de soleil, c'est l'infirmière Joséphine. Il faut dire qu'elle aussi habite les nuits de Joe, ses rêves, sa folie douce et ses envies d'ailleurs. Mais rêver n'est plus suffisant, car ça ne fait pas vivre heureux.

Il en est sûr désormais, le bonheur est dans la fuite, loin de l'odeur du sang, celui des bêtes et celui des perfusions, loin de l'hôpital et de la mort.

Alors ce matin-là, le premier éleveur qui pose sa bétaillère devant l'abattoir à la surprise de la voir s'envoler avec ses six vaches à l'intérieur. Et Joe trace la route, mais n'oublie pas de récupérer au passage le jeune Sam, cet enfant élevé par des tuteurs qui ont confondu maison de redressement et éducation familiale.
Ils se font la belle. Par l'autoroute, par les petites routes, jusqu'à la montagne et ses verts pâturages ensoleillés. Ou pas. Il peut faire gris et froid dans les montagnes quand on n'a rien à manger et que l'on est entouré par quelques voisins trop bavards.

Quelle heureuse surprise. J'ai apprécié ce court roman aux chapitres brefs, qui fleure bon douceur et mélancolie, teinté d'un humour grinçant et parfois si réaliste. Il y a beaucoup de tendresse et de douceur dans ce road-trip pour la vie, dans ce texte aux intonations douces amères qui nous ramène indiscutablement à la banalité et la dureté du quotidien.

Chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/02/18/pas-trop-saignant-guillaume-siaudeau/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Troisième roman de ce jeune auteur né en 1980 et troisième fois que je me laisse embarquer dans son univers décalé, à la frontière du rêve et de la réalité. On suit ici le parcours de Joe, équarisseur dans un abattoir ne supportant plus la vue du sang et le cri des bêtes condamnées à une mort atroce. Un solitaire qui décide un jour de tout plaquer pour partir sur les routes au volant d'une bétaillère dérobée sur son lieu de travail et contenant des vaches destinées à finir en steaks hachés. Après un détour pour kidnapper Sam, un enfant placé et maltraité dont il est devenu le meilleur ami, Joe roule vers la montagne et trouve d'abord refuge chez son vieux pote Jacques. Il rencontre ensuite Robert, veuf bourru au coeur grand comme ça qui prend fait et cause pour les fuyards tandis que la traque s'organise et que les policiers de tout le pays se lancent aux trousses de la bétaillère et de ses drôles d'occupants.

Y a de la joie et de la tristesse dans cet inclassable petit texte, une gravité affleurant en permanence sous des faux airs de légèreté. La liberté a un prix, la fuite ne pourra jamais être que temporaire et on sait la partie perdue d'avance mais cela renforce l'infinie empathie que le lecteur ressent pour Joe et ses comparses. A l'opposé les forces de l'ordre en prennent pour leur grade, un matraquage en règle sous l'angle de la moquerie et de l'humour noir offrant une représentation aux accents anar certes caricaturale mais pour le coup vraiment drôle.

C'est une confirmation, j'aime beaucoup la plume et le ton de Guillaume Siaudeau, son regard lucide, désabusé et pétri d'humanité, sa capacité à mettre en scène des gens du peuple aussi attachants que solaires et ses histoires douces-amères dont la petite musique nous reste en tête longtemps après avoir tourné la dernière page.

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J'ai eu un véritable coup de coeur pour ce livre court et puissant. D'une manière poétique, l'auteur nous embarque avec Joe dans son envie d'évasion, de liberté et de rêve. Je me suis sentie transportée dans ce camion, aux côtés des personnages, avec les vaches à l'arrière et les vertes prairies comme destination. Mon seul regret : j'aurai aimé que cela dure plus longtemps pour poursuivre l'aventure avec Joe et Sam...
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Un livre si beau, si intense, qu'il est difficile de s'en remettre, de s'en libérer... Un livre qui résonne, qui vous cingle... Mais un livre qui fait rêver, qui donne de l'espoir, une chance, une brèche !

Quel tour de force de mêler tant de poésie et de puissance dans un ouvrage si court. Guillaume Siaudeau épate par sa maîtrise de l'émotion et de l'authenticité de son récit et de ses personnages. On s'attache, on s'inquiète, on rit, on sourit, puis on respire...

Un petit trésor que cet écrit.
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Et voilà encore un roman bien trop court à mon goût (135 pages) : il est tellement bien qu'on ne veut pas le lâcher !

Pour son troisième roman, Guillaume Siaudeau nous embarque dans l'aventure folle de Joe. Joe ne supporte plus de travailler dans un abattoir, d'entendre la mort des animaux. Il souffre dans son âme et sa chair. le seul moyen de supporter son existence est de venir régulièrement à l'hôpital pour subir des injections qui le soulagent momentanément. Un jour, son infirmière préférée, Joséphine, n'est pas là pour lui faire son shoot. Cet événement va être le déclencheur d'une décision soudaine : stopper cette vie de massacres, retrouver une liberté. Là où certains démissionneraient simplement, lui s'enfuit avec un camion, six vaches et Sam, un petit orphelin qui vit chez des gens peu fréquentables. Les voilà embarqués dans une folle aventure, traqués par la police mais aidés par deux personnages : Jacques et Robert.

Mais que peut bien faire Joe avec six vaches, un enfant et un mal-être à surmonter ?

Ce roman, découpé en trois parties, possède de nombreux thèmes que j'affectionne : le mal-être qu'on cherche à enfouir au plus profond de soi, à dissiper du mieux qu'on peut, en silence ; le souhait de recouvrer une liberté aussi infime et éphémère soit-elle ; se retrouver, être en accord avec ses idées même si elles vont à l'encontre de la pensée collective. Guillaume Siaudeau nous offre un superbe anti-héros, un homme solitaire, un peu à la marge car d'une sensibilité à fleur de peau. On s'attache à ce personnage discret, amoureux de son infirmière, attaché à un petit gamin à la vie difficile, et surtout complètement vidé par une vie non choisie. L'auteur fournit aussi de beaux personnages secondaires, l'ami Jacques et le vieux Robert, qui les aident dans leur fuite. On s'amuse de la vision cruelle qu'il donne des policiers. Je ne vous parle même pas de la fin, une fin comme je les aime et qui fait écho à un magnifique film.

Le tout est servi d'une très belle plume.
J'ai reçu un beau shoot de littérature, sans intraveineuse, sans infirmière, mais qui m'a apporté un arc-en-ciel de plaisir. Un roman que je ne peux que vous inciter à dévorer, à point.
Lien : http://www.leslecturesdumout..
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Merci une fois de plus aux éditions Alma de nous faire partager un petit bijou (et merci à Masse Critique !). Il faudrait que je mette la totalité du livre en citation, tant ce roman est truffé de pépites littéraires, délicates et émouvantes.
Joe travaille dans un abattoir. Un matin, il décide de ne pas reprendre le travail après son jour de congé et fait même mieux : il vole une bétaillère et ses six vaches vouées à une mort cruelle (mon coeur de végétarienne a fait un bond de reconnaissance), passe prendre Sam, un petit garçon pour lequel il s'est pris d'affection, placé chez des Thénardier 2.0, et direction le Sud et la liberté.
La morosité et la violence du quotidien, un vide existentiel, allégés par un shoot hebdomadaire et légal de drogues dignes d' "Orange Mécanique", la prise de conscience d'un métier ingrat, la volonté de sauver un petit garçon tout en se sauvant soi-même : un road trip digne de Thelma et Louise, mais avec des vaches et un p'tit bonhomme. Autant dire que j'ai dévoré "Pas trop saignant"...
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Un style alerte et poétique,
une ambiance douce-amère,
une générosité débordante,
un livre qui fait rire ET réfléchir,
Une pépite!

Voilà ce que je voulais dire au sujet de ce livre qui a dès le matin ensoleillé ma journée, je voulais dire "Bravo" à Guillaume Siaudeau, c'est toujours un émerveillement de découvrir une plume de cette qualité!
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