AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Biblioroz


Le sujet de l'histoire a été déjà lu. En effet, la résilience suite à un deuil a nourri bon nombre d'ouvrages littéraires. La fuite physique et psychologique face à un traumatisme, un regard différent porté sur sa vie, l'impossibilité de continuer à mettre ses pas dans ceux parcourus hier avec l'être aimé, voilà autant de tristes facettes abordées régulièrement dans la littérature.

Mais ici, vous arriverez en Lozère, comme Étienne, sur ces hautes terres rocailleuses piquetées de petites touches colorées par les fleurs de mai, dans la grande solitude du causse. Vous y verrez Achille, dans sa cape de berger, surveillant attentivement ses brebis avec l'inestimable aide d'Hector, son border collie. Il suffit d'un ordre bref et, d'une efficacité sidérante, il ramène une brebis imprudente. Une invite à s'abriter d'une averse et Étienne suit Achille qui a plutôt l'habitude de se cacher des promeneurs estivaux afin de ne pas perturber son troupeau, ni sa solitude.
Le berger vit dans un hameau de deux âmes, du côté de Florac, et Louise, la propriétaire du troupeau, vous ouvrira sa maison dont le mobilier en bois brut exprimera toute la rusticité de son intérieur.
Étienne demandera à y rester deux ou trois nuits, pour endormir la douleur loin de Paris où elle est apparue si brutalement. Pourquoi ne pas rester un peu ici, dans cette immensité ondulante ? Les jours se feront finalement mois, saisons, toute une année sabbatique…

D'une plume tout en simplicité, Christian Signol dessine merveilleusement cet univers montagneux, ses dolines, ses pruneliers en fleurs, ses orages d'été dont le tonnerre ébranle tout le causse rendant les brebis nerveuses et tremblotantes. Alors que les oiseaux survolent le causse, il nous montre les brebis qui broutent activement, enivrées par cette herbe fraîche après le fourrage de l'hiver.
Côté humain, l'histoire ne s'encombre pas non plus d'éléments alambiqués mais laisse toute sa place à la simplicité d'une relation qui s'installe. Achille, même loin des hommes, diffuse son instinct terriblement humain. Inutile d'être éloquent pour saisir la gravité des maux, sa perception de l'autre aide Étienne, y compris dans ses silences. Les confessions s'éveillent tout doucement.
Avec humilité, une solidarité et une entraide réciproque vont naître entre Louise, Achille et Étienne. Chacun sera à tour de rôle un soutien pour l'autre.

Ici, comme Étienne, j'ai trouvé que tout était réconfortant. Les petits soucis du troupeau, la musette et son casse-croûte, le pain beurré, le vin coupé d'eau, l'odeur puissante de la bergerie. Les préoccupations sont aux antipodes de celles qui occupaient la vie citadine d'Étienne. Son propre étonnement devant ces deux sortes de vies, ces deux univers si diamétralement opposés montre que des choix existent encore. Notre narrateur s'éloigne d'un monde dans lequel la souffrance est trop vive pour se laisser revenir à la vie dans un monde plus naturel. Mais pour combien de temps ? Juste celui de refaire surface ? Est-ce envisageable sur le long terme ?

Ce petit livre apaise, délivre auprès d'Achille un autre enseignement. Une vie simple. Et si c'était ça, la liberté ?
Commenter  J’apprécie          2911



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}