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Citations sur La nostalgie n'est plus ce qu'elle était (26)

Simone Signoret au sujet de sa mère :

Non, et c'est peut-être pour cela qu'elle était plus sensibilisée. De toute façon, elle faisait toujours les choses pas comme les autres. A peu près à la même époque, elle s'est aperçue que la brosse à dents qu'on venait d'acheter était "made in Japan". On est retourné chez le marchand de couleurs qui portait un béret basque et était certainement un militant des Croix de Feu. Très polie, ma mère lui dit : "je voudrais échanger cette brosse à dents. Parce que, voyez-vous, elle est fabriquée au Japon - Ah oui, et alors ?" fait le marchand.
"Vous comprenez, monsieur, lui expliqua ma mère, les Japonais viennent de signer un pacte avec les Italiens et les Allemands et toute marchandises japonaise, la moindre brosse à dents, ce sont des armes pour le Japon, l'Italie et l'Allemagne. Des pays fascistes". A ce moment là, j'aurais donné la terre entière pour ne pas être à côté ! Mais le type reprenait : "Vous voulez donc une brosse à dents française ? - Non, je ne suis pas chauvine. Je veux seulement une brosse à dents qui ne soit ni allemande, ni italienne, ni japonaise". On a dû s'accommoder d'une brosse à dents anglaise. Ma mère considérait qu'elle n'avait pas perdu sa journée et je pense aujourd'hui qu'elle avait parfaitement raison. Mais quand on a douze ou treize ans, on est terriblement gêné.

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Dans une rue de Courbevoie, il y a quelques années, je regagnais consciencieusement ma place de départ pour une ultime répétition de mouvement. C'était pour les extérieurs du Chat de Granier-Deferre, avec Jean Gabin. La veille, à la télévision, on avait passé les Diaboliques. Deux messieurs du quartier m'abordèrent avec de grands sourires : « Salut Simone... Ça va Simone... On vous a vue hier à la télé... Dites donc... vous avez pas rajeuni... »

J'ai dit « Eh non ! », j'ai souri, et je me suis bien gardée d'ajouter : « Et vous, est-ce que vous avez rajeuni ? ». Je me suis bien gardée aussi de leur demander s'ils auraient pu dire cette phrase à leur cousine exilée à l'étranger et de retour au pays, au bout de vingt ans. La formule, dans ces cas-là, c'est plus tôt : « C'est formidable, tu n'as pas changé... »

Passé la quarantaine, allez, mettez quarante-cinq ans, vous avez deux solutions : ou vous vous accrochez aux rôles qui font genre trente-cinq, trente-six ans, ou bien vous faites comme tout le monde et acceptez aimablement que quarante-cinq ans, ce soit plutôt sur la route des quarante-six que sur celle des quarante-quatre.

Si vous voulez vous accrocher aux personnages qui ont ému, fasciné, enchanté, ou bouleversé d'anciens adolescents aux fronts déjà un peu dégarnis qui vous assènent des « Ah-la-la, qu'est-ce que j'ai pu être amoureux de vous quand j'étais au lycée... » - à vous de jouer... Mais jouer quoi ?

Ils ne vont pas chez les chirurgiens esthétiques. Nous, nous pouvons y aller. Je crois que c'est le moment où nous choisissons d'y aller ou de n'y pas aller qui est déterminant pour les fameux cadeaux-surplus-miracles que j'évoquais plus haut.

Je n'y suis pas allée. Je n'y suis pas allée parce que je n'ai jamais été une star, je n'ai jamais imposé une coiffure, une façon de parler, un style vestimentaire. Et je n'ai donc jamais eu le souci de perpétuer une image qui est souvent l'équivalent de la belle chanson qui fixe à jamais une période de la jeunesse. J'ai trop mythologié moi-même pour ne pas savoir de quoi je parle.

C'est très difficile d'être une star. Et c'est très difficile d'être une star à laquelle on reconnaît de moins en moins de talent, uniquement parce qu'elle est devenue une star. Alors que, sans ce talent initial, elle ne serait pas devenue star. Et c'est très difficile de rester star. Et ça doit être terrible de cesser de l'être.

C'est très facile de continuer de fonctionner au rythme de ses contemporains, de mûrir puis de vieillir avec eux.

116 – [Points A 19, p. 312]
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La vieille dame revivait. Nous deux ( 1 ), on bondissait, cependant qu'elle racontait à quoi ressemblait la couleur qu'elle avait exécuté sur le crâne de Jean Harlow, trente ans auparavant, et qui lui avait assuré le succès.

( 1 ) NDL : Marilyn et Simone.
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Et Montand dansa avec eux la Hora comme s'il n'avait fait que ça toute sa vie.
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«  Le secret du bonheur en amour ,ce n’est pas d’être aveugle mais de savoir fermer les yeux quand il le faut » …
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Le Figaro a mené une enquête auprès des gens qui avaient signé l 'appel de Stockholm : - Oui . Il y a eu des réponses extraordinaires , celle de Maurice Chevallier ( je ne l'avais pas lue . Si je l'avais lue , je ne l'aurais pas signée . ) , François Périer ( Vous me dites que ce texte est une émanation du communisme . Je ne me suis pas posé la question .Je l'ai lu , il m'a paru extrêmement intelligent et intéressant . Moi qui suis chrétien , j'aurais préféré qu'il émanât du Vatican . Malheureusement , ce n'est pas le Vatican qui m'a proposé de le signer )
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«  Le secret du bonheur en amour , ce n’est pas d’être aveugle, mais de savoir fermer les yeux quand il le faut » ...
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Hitler est vraiment entré dans ma vie avec l'arrivée massive de petites juives allemandes au cours secondaire. Quand les gens disent : « On ne savait pas ce qui se passait en Allemagne. », je me demande comment ils ont fait, je ne sais pas quels yeux et quelles oreilles ils se sont bouchés ! A la maison débarquaient périodiquement des juifs allemands. Curieusement, ce n'est pas mon père qui amenait ces réfugiés chez nous, mais ma mère, qui était finalement beaucoup plus indignée que lui, en tout cas pour ce qui concerne la question juive. Je me rappelle certaines filles qui aidaient un peu ma mère. L'une d'elles s'appelait Lotte, elle était particulièrement belle et émouvante. On ne l'a jamais perdue de vue. Il y en avait qui restaient chez nous quelques jours avant de partir ailleurs. ça discutait beaucoup. En allemand. Je me souviens fort bien de l'arrivée d'un groupe de juifs dont les uns sont partis pour l'Amérique et les autres pour la Palestine. Ce clivage ressemblait terriblement à celui qui s'est produit à la fin du siècle dernier, lors de la grande Dispersion, entre ceux qui ont préféré aller fabriquer des casquettes dans les sweat-shops de New-York et ceux qui sont allés se battre contre les moustiques sur le lac de Tibériade.

42 – [Points A 19, p. 28]
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Puis il parla de la Pologne et raconta comment Staline avait complètement liquidé le parti communiste polonais et certains espagnols en exil à Moscou. Il mima Beria. Il parla des camps - il tapait sur la table en scandant "seize millions de morts" - et aussi la déportation prévue pour les juifs d'Urss dans un état où on les aurait concentrés.
Nadia traduisait. Elle revivait son enfance et son adolescence. Moi, je regardais Khrouchtchev et je regardais beaucoup Molotov qui ne regardait personne. Et, dans mon oeil on devait pouvoir lire cette question : "et vous, qu'est-ce que vous faisiez pendant ce temps là ?" Khrouchtchev y répondit avant même que j'aie eu la chance de la formuler : "je vois très bien ce que vous pensez, dit-il en pointant son doigt vers moi par dessus la table. Vous pensez : Vous, qu'est-ce que vous faisiez pendant ce temps là ? Je ne pouvais rien faire, parce que faire quoi que ce soit contre Staline, c'était le faire contre le Socialisme."
C'est alors que Mikoïan porta le deuxième toast de la soirée en l'honneur du camarade Khrouchtchev qui avait eu le courage de dire la vérité au monde, pour le bien du socialisme. Za vaché zdarovié !
C'était sans doute vrai, mais est-ce que Monsieur Khrouchtchev était bien sûr qu'en envoyant l'Armée Rouge à Budapest, il faisait du bien au Socialisme ?
- Oui, répondit Khrouchtchev, nous sauverons le Socialisme de la contre-révolution.
-Mais, dit Montand, Tito aussi vous l'avez pris autrefois pour un contre-révolutionnaire et un traître.
- Erreur du passé, répondit Khrouchtchev.
-Il n'y a donc pas d'erreur possible du présent ?
- Notre armée est à Budapest parce que les Hongrois nous ont appelé au secours.
.......
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On est retourné chez le marchand de couleurs, qui portait un béret basque et était certainement un militant des Croix de Feu. Très polie, ma mère lui dit :
- Je voudrais échanger cette brosse à dents. Parce que, voyez-vous, elle est fabriquée au Japon.
- Ah oui, et alors ? fait le marchand.
- Vous comprenez, monsieur, lui expliqua ma mère, les Japonais viennent de signer un pacte avec les Italiens et les Allemands, et toute marchandise japonaise, la moindre brosse à dents vendue, ce sont des armes pour le Japon, l'Italie et l'Allemagne. Des pays fascistes.
A ce moment-là, j'aurais donné la terre entière pour ne pas être à côté ! Mais le type reprenait :
- Vous voulez donc une brosse à dents française ?
- Non, je ne suis pas chauvine. Je veux simplement une brosse à dents qui ne soit ni allemande, ni italienne, ni japonaise.
On a dû s'accommoder d'une brosse à dents anglaise. Ma mère considérait qu'elle n'avait pas perdu sa journée, et je pense aujourd'hui qu'elle avait parfaitement raison.
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