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Critique de Foxfire


Cela fait quelques mois déjà que j'ai déniché ce bouquin dans un vide-grenier. Mais, la faute à une couverture hideuse, je ne cessais de différer ma lecture. Pourtant j'aime beaucoup Silverberg, auteur qui sait concilier divertissement et propos dans des récits efficaces. le fait que ce roman ait comme source d'inspiration "au coeur des ténèbres" de Conrad a achevé de me convaincre de m'atteler à cette lecture.

L'hommage au "coeur des ténèbres" est en effet assumé et assez flagrant. Si "les profondeurs de la terre" n'atteint pas la grandeur du chef d'oeuvre absolu qu'est le roman de Conrad, Silverberg propose ici une belle variation autour de son modèle et livre un roman fort et prenant.

L'aspect planet opera du roman est très réussi. L'auteur déploie des trésors d'imagination pour donner vie à un monde riche et foisonnant. La découverte de la faune et la flore de Belzagor est un grand plaisir. La qualité de la peinture de Belzagor permet à l'auteur de mettre en lumière que la colonisation transforme aussi les colons. Eux qui voulaient imposer leur mode de vie, leur prétendue supériorité, eux qui prétendaient façonner ce nouveau monde à leur image sont eux-mêmes transformés par la nature même du territoire colonisé.
La peinture de la nature belzagorienne laisse une impression moins forte que celle de la nature africaine par Conrad mais elle est très dépaysante et très agréable.

Le voyage initiatique de Gundersen est très bien mené. Silverberg a décidément un immense talent de conteur. Avec lui, une quête intérieure devient une aventure addictive. Certes, cela n'a pas l'intensité dramatique du voyage de Marlowe, le héros de Conrad, mais le récit est passionnant et conjugue bien divertissement et réflexion.
Ce roman a du coeur et la quête rédemptrice de Gundersen est souvent émouvante. Il faut dire que ce personnage est bien campé ainsi que les différents protagonistes qu'il croise au cours de son périple, rencontres qui permettent d'éclairer son voyage intérieur.

Silverberg est un humaniste et il le démontre encore ici à travers l'évocation de la colonisation de Belzagor. S'il fustige l'ethnocentrisme de l'Homme, son propos est subtil et jamais asséné de façon agressive. Il y a une forme de gentillesse chez Silverberg que je trouve très touchante. Jamais il ne pose un regard condamnatoire sur les personnages, il tente plutôt de comprendre leurs motivations. Gundersen prend conscience bien tard de son comportement inique, alors que les colons sont déjà partis, rendant la planète à ses habitants. Mais Silverberg ne porte pas de jugement définitif et si la rédemption de Gundersen est tardive elle n'en est pas moins sincère et belle. Cette note d'espoir apporte une certaine douceur au roman.

"Les profondeurs de la terre" est un très beau roman prenant et intelligent, plein de bonté. Même s'il aurait sans doute pu un peu développer d'avantage certains aspects, ce roman est une belle réussite qui procure un grand plaisir de lecture.
Ce joli moment passé grâce à Silverberg m'a aussi donné très envie de relire le chef d'oeuvre de Conrad
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