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Des ténèbres à la lumière…
Si Silverberg s'est inspiré dans une certaine mesure d' Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad pour écrire son roman Les Profondeurs de la Terre, on peut parfaitement le lire et l'apprécier sans connaître ce classique de la littérature anglaise.
Le personnage principal du roman de Silverberg, Edmund Gundersen, revient sur la planète Belzagor, planète dont il a été un administrateur avant qu'elle ne devienne indépendante une dizaine d'années auparavant.
Les Terriens qui ont colonisé Belzagor ont exploité ses ressources et traité en esclaves ses habitants qui ressemblent à des éléphants, les Nildoror, mais ils ont fini par leur reconnaître le statut d'êtres pensants.
Les Profondeurs de la Terre, c'est le récit de voyage que Gundersen entreprend, à travers un monde exotique et fascinant, vers le mystérieux Pays des Brumes et sa montagne de la Renaissance, voyage au cours duquel il va faire de stupéfiantes découvertes...
C'est le récit des rencontres avec les personnes qui ont joué un rôle important dans sa vie, rencontres qui lui permettent de mesurer à quel point un fossé se creuse entre lui et les autres habitants humains de la planète.
C'est le récit de la métamorphose physique et psychique d'un être qui ressent une profonde culpabilité et qui aspire à la rédemption.
Un très beau roman.
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Cela fait quelques mois déjà que j'ai déniché ce bouquin dans un vide-grenier. Mais, la faute à une couverture hideuse, je ne cessais de différer ma lecture. Pourtant j'aime beaucoup Silverberg, auteur qui sait concilier divertissement et propos dans des récits efficaces. le fait que ce roman ait comme source d'inspiration "au coeur des ténèbres" de Conrad a achevé de me convaincre de m'atteler à cette lecture.

L'hommage au "coeur des ténèbres" est en effet assumé et assez flagrant. Si "les profondeurs de la terre" n'atteint pas la grandeur du chef d'oeuvre absolu qu'est le roman de Conrad, Silverberg propose ici une belle variation autour de son modèle et livre un roman fort et prenant.

L'aspect planet opera du roman est très réussi. L'auteur déploie des trésors d'imagination pour donner vie à un monde riche et foisonnant. La découverte de la faune et la flore de Belzagor est un grand plaisir. La qualité de la peinture de Belzagor permet à l'auteur de mettre en lumière que la colonisation transforme aussi les colons. Eux qui voulaient imposer leur mode de vie, leur prétendue supériorité, eux qui prétendaient façonner ce nouveau monde à leur image sont eux-mêmes transformés par la nature même du territoire colonisé.
La peinture de la nature belzagorienne laisse une impression moins forte que celle de la nature africaine par Conrad mais elle est très dépaysante et très agréable.

Le voyage initiatique de Gundersen est très bien mené. Silverberg a décidément un immense talent de conteur. Avec lui, une quête intérieure devient une aventure addictive. Certes, cela n'a pas l'intensité dramatique du voyage de Marlowe, le héros de Conrad, mais le récit est passionnant et conjugue bien divertissement et réflexion.
Ce roman a du coeur et la quête rédemptrice de Gundersen est souvent émouvante. Il faut dire que ce personnage est bien campé ainsi que les différents protagonistes qu'il croise au cours de son périple, rencontres qui permettent d'éclairer son voyage intérieur.

Silverberg est un humaniste et il le démontre encore ici à travers l'évocation de la colonisation de Belzagor. S'il fustige l'ethnocentrisme de l'Homme, son propos est subtil et jamais asséné de façon agressive. Il y a une forme de gentillesse chez Silverberg que je trouve très touchante. Jamais il ne pose un regard condamnatoire sur les personnages, il tente plutôt de comprendre leurs motivations. Gundersen prend conscience bien tard de son comportement inique, alors que les colons sont déjà partis, rendant la planète à ses habitants. Mais Silverberg ne porte pas de jugement définitif et si la rédemption de Gundersen est tardive elle n'en est pas moins sincère et belle. Cette note d'espoir apporte une certaine douceur au roman.

"Les profondeurs de la terre" est un très beau roman prenant et intelligent, plein de bonté. Même s'il aurait sans doute pu un peu développer d'avantage certains aspects, ce roman est une belle réussite qui procure un grand plaisir de lecture.
Ce joli moment passé grâce à Silverberg m'a aussi donné très envie de relire le chef d'oeuvre de Conrad
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Depuis le début du challenge auteur consacré à Robert Silverberg, je n'avais plus vibré comme cela avait été le cas avec Les déportés du Cambrien, Les ailes de la nuit ou Les royaumes du mur. J'ai adoré ce bouquin, qui m'a embarqué dès les premières pages.

Nous suivons le personnage de Gundersen qui revient sur la planète Belzagor après plusieurs années d'absence. Il y avait passé 10 ans, à l'époque où la planète était une colonie terrestre et où les autochtones avaient été asservis sans aucune considération. Les deux principales espèces sont les Nildodror et les Sulidoror.

Les Nildoror font penser à des éléphants tandis que les Sulidoror font penser à des tapirs bipèdes plus grands que des humains.

Gundersen revient avec une seule idée en tête : approcher au plus près de la cérémonie de la Renaissance au centre de la vie mystique de la planète. Au cours de son voyage, on va apprendre tout ce qu'il y a à savoir sur ce qu'il s'est passé à l'époque de la colonisation. Gundersen a commis des « péchés » envers les habitants de Belzagor, il veut se racheter.

J'ai beaucoup aimé les descriptions de la faune et de la flore. le personnage de Gundersen est vraiment bien campé et attachant. Il ne m'a pas vraiment fait penser au Marlow de Joseph Conrad. J'ai de loin, préféré le personnage de Silverberg qui était plus entier.

Oui, on peut faire un parallèle entre la colonisation de l'Afrique (et les affreusetés qui vont avec) et celle de la planète Belzagor. Il y a aussi un personnage qui s'appelle Kurtz mais bon la lecture du livre de Joseph Conrad n'a pas eu d'écho particulier.

J'ai bien aimé la fin et aussi les personnages secondaires.

Excellent moment de lecture.




Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) (188)
Challenge 2018 l'année Silverberg
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10 ans après l'indépendance d'une planète jadis sous la dépendance de l'humanité , son ancien administrateur colonial revient en visite privée de découverte et de redécouverte .

Il est à la recherche de souvenirs , et il veut aussi découvrir du neuf , en essayant de porter un autre regard sur ce monde et ses habitants tellement singuliers , qu'il croyait pourtant bien connaître .

Ce roman plonge le lecteur dans une ambiance postcoloniale très caractéristique de ce genre de textes .

En effet , le lecteur découvre d'anciens colons qui sont restés et en même temps , il découvre aussi leurs motivations à rester sur ce monde évacué par le plus gros de l'espèce humaine .
L'auteur tente de découvrir leurs passés , leurs souvenirs , leurs présents , le murmure des médisances passées et ce que semblent être devenus leurs idéaux ou plus simplement leurs péchés mignons ....

Le voyageur fait aussi la découverte d'une planète très étrangère ( de nouvelles régions qu'il ne connaissait pas ) , une faune et une flore tout à fait curieuse , le plus souvent déroutante et définitivement variées et autre .
Il semble y avoir deux espèces intelligentes sur ce monde , deux espèces diamétralement différentes , aux liens culturels serrés , plus que génétiques .

Les Sulidorors sont bipèdes et ils ont des mains , alors qu'ils semblent pourtant moins intelligents que les Nilidorors , quadrupèdes sans mains , mais qui possède pour leur part , une culture et un langage infiniment plus riches que leur voisins de palier qui néanmoins coopèrent volontiers avec eux .

Le visiteur curieux et nostalgique qui nous guide , souhaite également découvrir une cérémonie religieuse des Nilidorors , La Renaissance .
C'est la cérémonie centrale d'un véritable culte à mystère .
Notre voyageur voyage donc tous le longs de ce roman pour découvrir cette cérémonie et plus généralement , pour approfondir cette culture , qu'il culpabilise de ne pas avoir estimé à sa juste valeur , en son temps .
Il souhaite ressentir beaucoup de ce qui lui a échappé naguère du fait de ses anciens préjugés ou de ses erreurs de jugement d'alors .

C'est incontestablement le thème de la route versus contexte post colonial . Une époque où toutes les parties présentes sont transformées par le passé , par le présent et par les séquelles du passés ainsi que par le temps qui continue d'avancer, alors que l'histoire continue naturellement d'être en marche ..

Les personnages se croisent , plus ou moins , les uns façonnant les autres , au grès de leurs perceptions qui occasionnellement s'entremêlent , s'ajustent , qui se pondèrent , qui éventuellement se confrontent et s'opposent avec une certaines acrimonie, assez modérée généralement dans ce texte agréable et modéré .
Ce que l'on perçoit généralement du réel n'est souvent que le fruit de ce qui est déjà en nous-même et nous croyons ainsi fréquemment voir des choses qui sont souvent , en fait , autres que telles que nous les voyons .

Certains personnages sont empêtrés dans ce qu‘ils croient , savoir , aimer ou voir , au point qu'ils se perdent quelquefois , à des degrés divers dans une réalité qui devient relative car elle flotte au grès des regards et des observateurs , comme au grès des souvenirs avérés , tangibles , étayés ou bien simplement construits selon des filtres savamment opaques et souvent réducteurs .
Cela peut perdre ces personnages et même quelquefois leur couter la vie .

Ce texte n'a par ailleurs rien d'onirique et d'évaporé , au contraire , il est bien « terrien « car très concret et très pragmatique .
Les personnages sont solides , ce monde aussi est solide et il est aussi véritablement dépaysant et étranger ..


Donc voici , un vrai planète opéra assez riche , mais relativement contemplatif , on est loin du thriller effréné .
Cependant il y a quantité de choses à découvrir et à connaitre dans cet longue route ( assez brève finalement si on raisonne en nombre de page ) .

C'est enfin et pour finir , un texte modérément optimiste et assez édifiant .
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Un beau roman que nous offre là Robert Silverberg, le récit du pèlerinage d'un homme, à la fois un voyage intérieur et une ouverture sur «l'autre».

Edmund Gundersen revient sur la planète Belzagor, ancienne colonie terrienne qui a retrouvé son indépendance une décennie plus tôt. Il ne sait pas trop ce qu'il recherche au départ en effectuant ce voyage, mais c'est l'occasion pour lui de retrouver d'anciens amis restés sur place et de cerner davantage la culture des habitants d'origine, les Nildorors et les Sulidorors.
Les premiers ont une certaine ressemblance avec des éléphants tandis que les seconds font penser à de grands singes aux griffes affutées. Il fut donc facile pour les terriens de les assimiler à des animaux et de les traiter comme esclaves, jusqu'à ce qu'on leur reconnaisse enfin la capacité de penser.
On va donc accompagner Gundersen dans son périple à travers la jungle particulière de cette planète, puis cet énigmatique pays des brumes. Il va évoluer au milieu de ces indigènes si sages, échanger avec eux pour essayer de mieux les comprendre, culpabiliser aussi en repensant à ce passé colonial. Il va s'immerger dans leur culture et leurs rites pour s'élever lui-même...

«C'est en connaissant de nouvelles vies que nous rafraîchissons nos âmes.»

Dans cet ouvrage, Silverberg nous montre l'aveuglement de l'homme face à ce qu'il ne comprend pas, son mépris rapide pour une culture qu'il ne reconnait pas, la tendance à déterminer une société évoluée en se basant uniquement sur ses propres critères... Mais il porte également un petit espoir par la reconnaissance de ses erreurs, la transformation de l'homme et sa communion avec les autres intelligences.

Lu dans le cadre du Challenge «2018, l'année Robert Silverberg...»
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Un sympathique petit roman dont seul Monsieur Silverberg a le secret.
En peu de chapitres et de pages, il parvient à nous dépeindre toute une planète étrangère avec sa faune et sa flore. Il décrit l'existence de deux races extra-terrestres douées d'intelligence, avec leurs mystères, leurs traditions et leurs croyances.

C'est un récit captivant sur la perpétuelle soif de suprématie de l'homme. Sa volonté d'étendre sa propriété et son modèle de vie et de pensée. Ce principe qui veut que les autres espèces doivent s'adapter à l'homme et non l'inverse. Ou bien cet effort d'adaptation qu'il va concéder mais qui n'est en réalité que l'expression d'une condescendance insultante.
Silverberg critique ouvertement ici le manque d'ouverture d'esprit et de curiosité intellectuelle, le tout sur un fond de colonisation mais sans jamais tomber dans la lourdeur, la violence gratuite ou la cruauté.
Il nous rappelle qu'il nous faut dépasser nos préjugés. le fait qu'il ait créé des races d'extra-terrestres au moins aussi intelligents que l'homme, mais ressemblant fortement à des animaux ou des croisements d'animaux terrestres, aide à faire passer son message. Comment considérer qu'un être aussi proche physiquement de l'éléphant puis être l'égal intellectuel et spirituel (ou même supérieur) de l'homme ? En plus, ils ne se rebellent pas, et acceptent d'obéir sagement aux ordres, alors pourquoi chercher plus loin si cette soumission est éthiquement acceptable ?

Enfin voilà, je me perds un peu dans mes explications, mais vous aurez compris le thème central du bouquin. Comme d'habitude avec cet auteur, ne vous attendez pas à une histoire pleine d'actions, de rebondissements, de surprises en tout genre. Il s'agit plutôt du pélerinage en terre étrangère d'un héros attachant, dont les souvenirs nous permettent d'apprendre au fur et à mesure comment était la période d'occupation par la race humaine.

Je le conseille, sans hésitation, pour tous les fans de Silverberg.
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C'est un beau voyage que j'ai fait sur la planète Belzagor , ancienne colonie humaine, qui a finalement retrouvé son indépendance. Parce que oui j'avais l'impression d'y être, au milieu de cette faune et cette flore inconnus, au côté de Gundersen, revenu sur cette planète qu'il a jadis administré. Les Nildoror, ces êtres intelligents et pensants qui ressemblent à des éléphants ont -ils pardonnés aux humains de s'être servi d'eux ? Et comment se sent Gundersen en revenant sur cette planète qui redevient plus sauvage ? A ses côtés c'est un véritable voyage vers plus d'humanité que l'on entreprend, une quête de rédemption qui percera les mystères de cette planète. Je suis toujours admirative de l'imagination fertile de Silverberg et des thèmes abordés qui nous touchent toujours. Un roman de plus qui m'a plu de cet auteur !
Robert Silverberg le club
Challenge Mauvais genre
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En l'an 2248, l'ancien agent colonial Edmund Gundersen est de retour sur la planète qu'il était chargé d'administrer avant que celle-ci ne proclame son indépendance. De la même manière que, dans notre réalité, la Haute-Volta est devenue le Burkina Faso et la Rhodésie du Sud est devenue le Zimbabwe, après le départ des colons la Terre de Holman a été rebaptisée Belzagor par les autochtones. Ceux-ci sont de deux sortes : les nildoror, quadrupèdes herbivores physiquement proches de l'éléphant, et les sulidoror, bipèdes carnivores ressemblant à des tapirs. Souvent considérés par les Terriens comme des animaux seulement bons à effectuer des travaux pénibles pour le compte des colons, nildoror et sulidoror apparaissent enfin à l'ancien agent colonial comme des êtres intelligents, capables de développer une riche civilisation qu'il s'agit désormais de comprendre...

Robert Silverberg a transposé dans l'espace la décolonisation qui, lorsque fut publié le roman au tout début des années 70, n'appartenait pas encore aux historiens mais était au contraire d'une brûlante actualité. Il y a beaucoup à dire sur un tel sujet et, dans un contexte de SF autorisant toutes les extrapolations, cela aurait pu donner lieu à des développements passionnants... Mais si les grandes questions sont abordées par l'auteur, il ne fait que les effleurer. Le roman dans son ensemble manque un peu d'enjeux. On suit Edmund Gundersen dans son "pèlerinage sentimental" sur les traces de son passé, qui débouche sur une quête mystique dont je ne révélerai pas la teneur. On est dans un Planet opera classique, à la Jack Vance, si bien que le "sense of wonder" tourne à plein régime : le voyage du personnage principal est prétexte à des descriptions très évocatrices de la géographie, de la flore, de la faune et des moeurs étranges des deux races extraterrestres qui se partagent la domination de Belzagor... C'est très bien, mais je reste quand même un peu sur ma faim.

Qu'il s'agisse de l'ambiance ou de certaines thématiques (avec cette fascination de l'auteur pour la jungle, la nature la plus sauvage, ainsi que le destin du personnage principal : homme "civilisé" qui devient autre en côtoyant la "barbarie"), j'ai retrouvé quelque chose du "Seigneur des ténèbres" écrit par Robert Silverberg une dizaine d'années plus tard. Mais "Les profondeurs de la terre" n'est pas aussi ambitieux, pas aussi abouti, que le roman que, d'une certaine manière, il préfigure... L'un comptant plus de 1000 pages contre moins de 300 pour l'autre, ceci pouvant expliquer cela. J'aurais peut-être davantage apprécié "Les profondeurs de la terre" si je l'avais lu avant "Le seigneur des ténèbres" et non après... J'ignore comment ce roman est perçu par les spécialistes de Robert Silverberg, mais j'imagine qu'il doit être considéré comme une oeuvre plutôt mineure au sein de son impressionnante bibliographie. En tout cas, même si ce voyage sur la planète Belzagor fut pour moi agréable, il sera certainement loin d'être aussi marquant que "Roma Aeterna", "Gilgamesh, roi d'Ourouk" ou "L'oreille interne", autant de romans dont le souvenir me reste, de longues années après les avoir lus...

Je serais néanmoins très curieux de lire la BD "Retour sur Belzagor" récemment sortie. Le principal atout du roman, à mon sens, étant son aspect visuel, une adaptation graphique semble tout à fait appropriée... À suivre, donc !
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"Les Profondeurs de la Terre" est un hommage à Joseph Conrad et à son roman "au Coeur des Ténèbres", un auteur qui est dans le panthéon personnel de Silverberg, il lui a d'ailleurs à nouveau rendu hommage dans son unique roman historique, paru en 1985, "le Seigneur des Ténèbres".

Ce récit se déroule sur Belzagor, une planète autrefois nommée la Terre de Holman, lorsque elle était encore colonisée par les humains. Nous sommes une dizaine d'année après l'indépendance et Edmund Gundersen, autrefois administrateur de ce monde, s'y rend de nouveau, dans le but de découvrir la mystérieuse cérémonie de la Renaissance, que pratiquent périodiquement les Nildoror, une des deux races intelligente de Belzagor...

Silverberg nous propose une histoire en forme de balade sur un monde dont il restitue à merveille l'altérité et l'étrangeté.
L'expédition de Gundersen est le prétexte pour découvrir les différentes régions, la faune et la flore de Belzagor. On croise aussi plusieurs Nildoror et Sulidoror et on entrevoie leur mode de vie, qui pourrait, de prime abord, être considéré comme primitif, car ce sont là deux races dépourvues de technologies et, en apparence, de culture, autre qu'une tradition orale qui se transmet de génération en génération.

Mais Silverberg ne limite pas son propos à un simple road-trip extraterrestre et le soin qu'il apporte au développement des personnages, notamment Gundersen, et la façon qu'il a de mêler voyage physique et cheminement intérieur, font de ce récit une histoire émouvante. Et c'est donc subtilement, à travers les yeux du protagoniste principal, qu'il introduit une critique de la colonisation ou plutôt de la "pensée coloniale". J'imagine que c'était aussi le propos de Conrad dans son roman mais ne saurais le dire avec certitude car je ne l'ai pas lu.

Finalement, peu de critiques négatives à formuler sur ce roman, si ce n'est la fin qui est assez prévisible, mais le suspens n'était clairement pas le but rechercher par Silverberg.

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Je n'ai pas lu « Au coeur des ténèbres » de Joseph Conrad qui est le roman dont s'est inspiré Robert Silverberg pour écrire « Les profondeurs de la terre ». Si ce livre doit se résumer en un mot, c'est “aventure” qui le qualifierait le mieux. Bien évidemment au sens propre grâce à une magnifique odyssée sur la planète Belzagor qui fut colonisé jadis par les terriens, avant qu'elle ne fût rendue à ses peuples, un parallèle intéressant avec l'Afrique. L'analogue ne s'arrête pas cet impérialisme de l'homme blanc, mais aussi avec la faune, puisque les deux êtres intelligents qui l'habitent sont semblables à des éléphants, ainsi que des singes. Ces deux dénominations sont bien plus simples à assimiler que ces noms barbares pour les nommer (tout comme leur identité). C'est pourquoi, j'ai eu beaucoup de mal à m'immerger dans cet univers.

À cela s'ajoute une quête mystique, d'abord floue, puis évoqué sous l'appellation de résurrection. Pour le personnage principal, il a aussi pour synonyme de rédemption. Robert Silverberg arrive avec beaucoup d'adresse à remettre en question la place de l'homme blanc dans la société, ses vices et son économie. Bien évidemment, il est aussi question de foi.

Tout est dans le contemplatif. On observe avec extase ce monde exotique, sa faune parfois inquiétante et sa flore. On prend le temps. J'ai pris plaisir à voyager sur ces terres étranges. Une excellente lecture.
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