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Critique de BazaR


Une oeuvre incontournable que je ne découvre qu'aujourd'hui.

Demain les chiens est un recueil de nouvelles écrites entre 1944 et 1947 et publiées dans le fameux pulp Astounding Science Fiction de John W. Campbell. Il faut y ajouter la nouvelle conclusive écrite en 1951 et publiée ailleurs, et un court texte hommage écrit en 1971. le recueil en lui-même fut publié en 1952. Les nouvelles se suivent et on y retrouve sensiblement des personnages communs. Chaque nouvelle est précédée d'une courte introduction où des intellectuels chiens donnent leur avis sur la nature réelle ou fantaisiste des « contes ».

Le titre est un peu trompeur : l'homme a une très grande place dans ces récits. C'est la fin de sa civilisation à laquelle on assiste, en commençant par la fin de la civilisation urbaine, à notre époque à peu près. Les avions privés permettent de loger loin de son lieu de travail (comme notre télétravail) et l'idée forte est que si on supprime les villes, il n'y a plus de cible pour les armes nucléaires. Les hommes se dirigent donc vers une civilisation plus rurale, chacun isolé dans un grand manoir avec des serviteurs robots, un peu à la manière du roman d'Asimov Face aux feux du soleil. Les hommes sont vus essentiellement à travers une famille, les Webster, qui au fil des générations finira par devenir le nom commun pour désigner l'homme.

Je ne vais pas détailler tous les thèmes balayés par ce recueil, juste vous en donner un avant-goût. C'est avant tout un recueil de temps très long ; les millénaires se succèdent en quelques ellipses. Les hommes disparaissent, lentement, sans bruit, mais d'autres choses les remplacent : les robots, les chiens qui vont développer leur propre civilisation et l'étendre à tous les animaux (il y a un côté Jean de la Fontaine dans la splendide nouvelle Ésope). Il y a aussi des mutants humains, une forme de vie sur Jupiter qui joue un grand rôle, des mondes parallèle et… j'arrête là, je vous laisse la surprise du reste.

Ce temps long donne une impression d'inanité de ces formes de vie qui s'agitent le long de leurs dizaines d'années d'existence. Tout cela à quoi bon ? Mais Clifford D. Simak décrit tout ceci avec une extrême douceur. La violence en est quasiment bannie, et en tout cas hors la loi. Malgré la situation précaire des « websters », le sentiment dominant la lecture est très feel-good.
Le texte de Simak intégré à la fin du volume avoue que le recueil est surtout le rejeton de la désillusion de l'auteur quant à l'espèce humaine. Car Simak est effondré par la puissance des armes nucléaires qui montrent le bout de leur nez. En même temps c'est une forme d'utopie, sans volonté d'anticiper véritablement le futur.
Mon édition contient enfin une postface de Robert Silverberg qui reprend brièvement la biographie de l'auteur et l'importance colossale de ce recueil dans la SF.

Une question cependant n'est pas abordée, et c'est bien dommage : que sont devenus les chats ?
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