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Critique de Polars_urbains


Maigret pense que Joseph Heurtin, condamné à la peine capitale pour le meurtre d'une riche Américaine et de sa femme de chambre, a été un coupable un peu trop parfait ! Il obtient de le faire libérer, ou plutôt organise sa fausse évasion de la prison de la Santé, pour mieux rechercher le véritable assassin et les commanditaires éventuels du crime. La tête d'un homme devient alors une longue traque impliquant Jean Radek, un ancien étudiant en médecine et un couple de riches Américains. Dans l'univers cosmopolite d'avant-guerre où de mêlent déclassés et oisifs fortunés, monde et demi-monde – univers dont Georges Simenon était familier – l'action, assez rocambolesque, se déroule entre les brasseries à la mode de Montparnasse, La Coupole en particulier, et les villas cossues de Saint-Cloud.

Si le point de départ de l'histoire est peu crédible – on sait que Maigret se veut un raccommodeur de destinées mais de là à aller contre une décision de justice et à faire évader un condamné à mort, il y a de la marge – la suite est efficace, les péripéties de la traque, filature, poursuite, tentative de suicide, suicide…, parvenant à créer une forme de suspense. Une intrigue qui se prête bien à l'adaptation à l'écran (deux films et sept téléfilms, un record), ce que confira dès 1933, deux ans après la parution du roman, le succès du film réalisé par Julien Duvivier, avec Harry Baur dans le rôle du commissaire.

Alors qu'une partie du roman concerne la « fuite » de Joseph Heurtin, un être fruste ballotté par la vie, Simenon s'intéresse surtout à la personnalité de Jean Radek, un étudiant tchèque frustré que sa brillante intelligence ne soit pas reconnue, prêt à mettre celle-ci au service du mal grâce à un plan machiavélique.

Face à ce personnage cynique, manipulateur et (trop) sûr de lui, qui n'est pas sans rappeler le Raskolnikov de Crime et Châtiment, Maigret se livre à une guerre des nerfs, opposant sa placidité à l'arrogance de Radek, l'amenant inexorablement à douter de plus en plus de lui-même.

Patient comme toujours, tenace comme jamais – il risque sa carrière dans l'affaire – Maigret, accroché à son intime conviction, répare une erreur judiciaire mais pas une existence (« Celui-là ne remontera jamais le courant ! » dit-il à propos de Joseph Heurtin) et livre le vrai coupable à la cour d'assises qui l'enverra à l'échafaud . La tête d'un homme pour une autre. de quoi laisser Maigret abattu, bouleversé par les derniers mots du condamné avant son exécution – « Vous allez retrouver votre femme, n'est-ce pas ?... Elle vous a réparé du café … » – incapable alors de rentrer chez lui et de retrouver un peu de chaleur et de normalité.

Lien : http://maigret-paris.fr/2020..
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