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Critique de karmax211


Un des 117 romans durs ( sans Maigret... pour le dire simplement ) de Simenon dont l'action n'a pas pour cadre la bourgeoisie provinciale mais où l'étude de moeurs, une très fine étude psychologique des caractères, des personnages, demeure cependant au coeur de l'histoire.
Un des 117 romans durs parmi les moins connus, les moins cités de Simenon.
Un des 17 romans durs à ne pas avoir eu droit à une adaptation cinématographique ( tout juste une adaptation télé passée quasi inaperçue )... mais qu'on lit comme on regarderait un film de Jacques Becker ou d'Henri Decoin ; on ne perd donc pas au change.

Cette fois, Simenon nous entraîne ( aucun jeu de mots ) à Cannes, à la fin des années 50, dans un cabaret, une boîte de nuit où le strip-tease, les entraîneuses, le champagne, les gogos, les combines et les rivalités sont rois.
On y boit, on y mate, on y danse, on cotillonne,on fricote, on pelote et plus si " affinités ", on y fait la fête, une fête de celles dont est faite la comédie humaine...
Le night-club ( pour faire genre...) a pour nom le " Monoco ".
Son propriétaire se prénomme Léon. C'est un demi-sel ( mi-voyou, mi-indic ) qui a autrefois fait de la prison pour sa supposée participation à un règlement de comptes entre bandes rivales du milieu parisien.
Il a épousé Florence ( devenue Madame Florence ), une ex-péripatéticienne qui, aujourd'hui tient la caisse du Monoco, veillant avec célérité sur les intérêts de la maison.
Au bar, il y a Jules. Discret, il attend son heure... dit-on...
L'ouvreur, le bonimenteur, le chasseur, le voiturier, le garçon de courses, c'est Émile, un gamin débrouillard... que certaines filles ont déniaisé et qui connaît tous les petits secrets des unes et des autres...
Et puis il y a les filles en question.
Célita, une ex-danseuse de 32 ans reconvertie par nécessité, par échecs successifs, au strip-tease et aux extras tarifés à l'occasion.
À son âge, elle sait que ce job, et la relation "privilégiée" qu'elle entretient depuis plus de six mois avec Léon, sont sa dernière chance pour mettre le grappin sur le patron et tout ce qui va avec.
Entre Célita et Florence s'est instauré un jeu du chat et de la souris... Qui sera le chat et laquelle sera la souris ?
Il y a Natacha, l'intello au corps sculptural... mais trop " grande". La seule qui ne boucle pas ses fin de mois à l'aide d'extras.
Il y a Kitty, autant effeuilleuse que racoleuse. Kitty est celle qui ne dit jamais non.
Il y a Marylou, la bonne " grosse ", qui partage un appartement avec Célita. Brave fille, elle est toujours prête à rendre service même si pour cela elle doit payer de sa personne.
Il y a enfin Francine, mère d'un petit Pierrot qui, elle, a échoué dans son ambition à faire de la scène. Alors, elle est entraîneuse, vestiaire, et souvent extra...
Ce petit monde est, jusqu'à l'arrivée d'une provinciale mal dégrossie de 19 ans, une famille dans laquelle chacune et chacun tentent d'exister à sa façon.
Maud, la provinciale, va bouleverser inexorablement la vie et les règles de cette famille.

Drame qui se joue presque à huis clos, Simenon grâce à ses qualités de narrateur, à son sens aiguisé de la mise en scène, des situations, du dialogue et de personnages qui crèvent l'écran ou le livre ( pourquoi pas ? ), nous fait vivre un suspense étouffant, prenant, très habile... même si la fin m'a paru... enfin, disons que je voyais ou j'espérais plus grand.
Ce roman n'en est pas pour autant déceptif.
C'est un bon cru... pas le meilleur, mais il mérite qu'on lui accorde l'intérêt et l'attention qu'il a suscités chez ceux qui, comme moi, ont passé deux bonnes heures à en apprécier ses poisons et ses amertumes.
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