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Citations sur La poésie sauvera le monde (36)

Oui, la poésie c'est la vie même, la vie en intensité, ramenée à son rythme essentiel, celui du souffle et de la scansion du sang, cela seul qui justifie qu'on inventât le vers : quoi d'autre? La veine bat aux tempes du poème. En raison de quoi, tout vrai poème, outre les circonstances de l'époque qui le vit naître, est notre contemporain. Tout vrai poème est contemporain d'un coeur qui bat.
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Il se trouve que si le poème nous rend à cette intensité, c'est qu'il ne ment pas : tout poème a pour arrière-pays la mort. Le poème est ce rebranchement immédiat de la conscience à vif sur l'intensité de la vie dans la mort. Or il dit réciproquement, car le poème est sans âge, la relativité de la mort dans la vie puisque la nappe phréatique de la vie est inépuisable : « Si nous habitons un éclair, il est le cœur de l'éternel. » dit René Char.
Page 50
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La poésie relève d'abord d'un principe premier et fondateur d'incertitude. Elle est donc d'abord un scepticisme, je veux dire une quête de l'ouvert qui récuse l'immobilisation tant dans le pessimisme arrêté que dans l'optimisme béat. Elle naît du pressentiment que toute vue des choses, toute nomination, tout concept, toute définition, pour indispensables qu'ils soient, tendent à clore le réel et à en limiter la compréhension. Là où l'histoire humaine, par nécessité, organise, classe, catégorise, fixe et ordonne, elle récuse la segmentation et l'immobilisation du sens. Tout poème est un démenti à la donnée immédiate et objective puisqu'il se donne pour fonction de rendre sensible, donc perceptible, ce que l'évidence obnubile.

Pp. 26-27
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Le poème ne cherche pas à contenir le réel, n'est pas cette contention du réel qui vise à l'inventorier en représentations stables et repérables, en conventions donc. Il tente d'en percevoir l'extension infinie dans la résonance qu'il a dans la conscience. Le réel de surface, tangible et visible, est inventoriable (le récit dresse cet inventaire), le réel dont nous entretient la poésie, non pas celui qui se décrit mais celui qui se vit, est comme la vie qui l'agit, infini.

p. 50
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Aux poètes de cultiver l'orgueil non de leur œuvre mais de leur art. Il ferait beau voir qu'on s'excusât d'être les héritiers de Villon, Rimbaud, Apollinaire ou Éluard.
Page 17
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Dire un poème c'est réapprendre le sens de la parole vivante, la refonder en valeur. C'est aussi prendre conscience de ce que notre époque frénétique a invalidé : un rythme ce n'est pas seulement un effet d'accélération, ce peut être l'exact inverse. Une goutte d'eau qui tombe toutes les vingt secondes fait un rythme, lequel, en raison justement de la latence qu'il s'incorpore, s'impose nécessairement à l'écoute. Le silence dans la langue, son respir, qui est la propriété exclusive du poème, voici en effet qui sauvera la langue de son asphyxie.

p.103
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Il y a ceci encore : le poème fomente, dans l'une de ses propriétés les plus constantes, l'acte de résistance le plus irréductible à la neutralisation de la langue telle qu'elle s'opère aujourd’hui : la métaphore. Là où la langue mutante obéit au principe absolu de l'accélération par troncation, siglaison, parataxe et nominalisation, la métaphore oppose le détour, donc le ralentissement qui seul autorise l'expansion du sens et sa lecture. La métaphore est longue en bouche, pourrait-on dire. La métaphore fait obstacle, retient le pas et exige qu'on demeure. C'est ainsi enfin qu'on habite sa langue et qu'on y décèle les accès jusque-là ignorés à la réalité. La langue mutante impose le droit chemin, elle clôt. La métaphore est un geste libertaire, elle déclôt. Il est vrai que, paradoxalement, une métaphore réussie risque de se figer bientôt en stéréotype.
Page 92
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[…] ce que l'on nomme communément émotion, terme qui ne convient que si on l'entend dans son acception première d'émeute (ainsi parla-t-on longtemps, n'est-ce pas, d'émotion populaire pour désigner un mouvement séditieux).
Page 84
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Le poème ne cherche pas à contenir le réel, n'est pas cette contention du réel qui vise à l'inventorier en représentations stables et repérables , en conventions donc. Il tente d'en percevoir l'extension infinie dans la résonance qu'il a dans la conscience. Le réel de surface, tangible et visible, est inventoriable (le récit dresse cet inventaire), le réel dont nous entretient la poésie, non pas celui qui se décrit mais celui qui se vit, est comme la vie qui l'agit, infini.
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On comprend que dans un temps plus obsédé que jamais de prise et de maîtrise, d'ordre et de sécurité, toutes choses qui ne s'obtiennent qu'en réprimant justement la part d'inconnu, d'imprévisible, d'indécidable que porte immanquablement le réel, la poésie soit tenue pour intempestive.
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