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Critique de Arakasi


Stonefield est le paradis des écrivains en herbe et des scribouilleurs du dimanche. Quelle que soit la période de l'année, ils sont nombreux à venir profiter de la cuisine délicieuse de Beth, l'hôtesse de cette charmante retraite campagnarde, des sapiences de Nicolas, son écrivain à succès (et un brin cavaleur) de mari, et des beuglements des vaches ruminants dans les champs environnants. Et tout ce beau monde se prélasse dans des chaises longues, fait des ballades digestives dans les prés et, en somme, s'ennuie un peu… Jusqu'au jour où Tamara Drewe débarque pour s'installer quelques temps dans la maison de campagne de sa mère récemment décédée.

Tamara Drewe est tout simplement TROP. Trop sexy. Trop londonienne. Trop tout. Avec ses shorts extra-courts et son nez refait, la jolie journaliste ne va pas tarder à faire tourner toutes les têtes masculines des alentours – et, par la même occasion, faire monter sur leurs grands chevaux toutes les matrones du coin, soucieuse de garder leurs époux époustouflés en laisse. C'en est fini du paisible train de vie campagnard ! Les taureaux fulminent dans les champs, les maris bavent de lubricité, les épouses s'énervent et les écrivains en herbe lorgnent tout ça par le trou de la serrure … Et dire qu'il y en a pour affirmer que la vie à la campagne est bonne pour les nerfs !

Charmante découverte que ce roman graphique ! D'abord un peu rebutée par les couleurs pastelles et les décors mièvrement campagnards (en ce qui me concerne, la campagne, c'est plutôt le truc des autres), je suis vite tombée sous le charme de la plume incisive et légère de Posy Simmons. Sous les dehors d'une comédie romantico-sociale, cette talentueuse auteur anglaise dresse un portrait juste et ironique des campagnes britanniques et de la « faune » qui la peuple – petits bourgeois provinciaux, adolescents s'ennuyant ferme en attendant la fin des vacances d'été, londoniens avides d'air frais… Chaque protagoniste est planté avec beaucoup de justesse et les intrigues frappent par leur réalisme sans concession. le personnage de Tamara pourrait, par exemple, être facilement cantonné à celui de la garce nymphomane, mais s'avère suffisamment nuancée pour attirer la sympathie (bon, ok, on a aussi envie de lui flanquer des gifles de temps en temps, mais on a tous connu des filles comme ça, non ?).

Un petit mot également sur la forme assez remarquable : Posy Simmons a adopté un parti-pris ingénieux consistant à alterner des passages en bande-dessinée et des paragraphes de texte à la première personne permettant de découvrir les points de vue des différents personnages. Un procédé rarement utilisé et très efficace qui place « Tamara Drewe » à la frontière entre la bande-dessinée et le roman. Pour la petite histoire, le roman graphique est librement inspiré d'une oeuvre célèbre de l'écrivain britannique Thomas Hardy : « Loin de la foule déchaînée » – livre qui rejoint aussitôt ma pile déjà imposante de bouquins à dévorer.
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