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Critique de Allantvers


Terrible sensation que de refermer une saga familiale en sachant que, contrairement à toutes les autres sagas familiales, celle-ci ne peut avoir de suite…

« La famille Moskat » est en effet une peinture incroyablement vivante et émouvante de la communauté juive de Varsovie, qui prend sa source dans la figure du patriarche Meshulam Moskat régnant sur sa tribu à l'aube de la première guerre mondiale et suit les pérégrinations, atermoiements et ramifications de sa nombreuse descendance jusqu'aux premières heures de la seconde en 1939. Si certains membres de la famille s'éloignent au fil des ans de la stricte obédience aux lois hassidiques, la communauté reste fortement cimentée autour de ses liens de sang et d'histoire.

Toute la sensibilité d'Isaac Bashevis Singer s'exprime dans ses pages pour témoigner d'un monde qui n'est plus, raconter un quotidien fait de foi, de doutes, de plantureuses victuailles partagées et d'argent, et donner vie à cette famille à travers des personnages qui haut en couleurs, qui crépusculaire de passion mystique, qui à demi vénal, qui porté vers un judaisme moderniste.
Et Singer de nous faire comprendre par l'appel à tous nos sens l'irrémissible foi en lui-même de ce peuple, son fatalisme, sa sagesse millénaire mâtinée de rouerie, comprendre aussi pourquoi, malgré les nombreux signaux annonciateurs du drame à venir, ils ne sont pas partis.

Lecture profonde et éclairante qui fait pour moi écho aux « Disparus » de Daniel Mendelsohn, « la famille Moskat » exhibe du néant indéterminé de la Shoah des individualités lumineuses afin de maintenir une trace d'une société humaine qui a brutalement arrêté d'exister. Brillant et bouleversant.
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