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EAN : 9782368687222
178 pages
Stellamaris (20/05/2021)
5/5   3 notes
Résumé :
Le cœur du confinement, la pandémie, les étudiants, les concerts, l’Avant, le Pendant, l’Après. Comment désormais frissonner en caressant ta joue ? En effleurant ton épaule ?
Un journal de l’urgence, une galerie de portraits, la pratique
musicale dans le cambouis ou la splendeur du quotidien.
Eric Rohmer, Ravel, Christian Vander, Barbara, Rembrandt, Fanny Ardant... tous remettent les pendules à l’heure : l’art nous sauve.


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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je tiens tout d'abord à remercier Pierre-Michel Sivadier de m'avoir proposé de découvrir ses "Mets du jour".
Il a écrit ce recueil pendant le confinement. Pensées, poèmes, souvenirs sont classés en trois parties : l'Avant, le Pendant et l'Après. Et je dois dire que tant le style que le fond m'ont séduite.

"En France, la musique est un divertissement. On pratique la pause musicale, puis on revient à la pensée, aux choses sérieuses. On n'ose pas parler musique. Moi, je ne suis pas spécialiste comme vous. Alors on s'exprime comme on peut." Très clairement, l'auteur a ici mis le doigt sur mon souci face à cette lecture : musicien, il parle de son art avec passion. Mais ces passages-là nécessiteraient des connaissances que je n'ai pas pour les apprécier pleinement.

Heureusement, les sujets sont multiples et tant les récits de ses rencontres avec des personnalités que sa vision du monde ou de l'enseignement m'ont parlé.
J'ai notamment aimé l'hommage à son frère et à leur belle relation, si rafraîchissante après la lecture de "La mort du petit cheval".

Pierre-Michel Silvadier porte un regard sans concession sur notre société, mais le fait sans se prendre au sérieux. Pour preuve, ces jeux de mots bien trouvés à l'origine de saillies plutôt réjouissantes : les tellement bien vus héréso-sociaux, Henry Play, l'anneau Toriété (bague exigente et cruelle)...

Mais ce qui m'a le plus intéressée est le partage du sentiment de l'artiste qui transparaît dans "Les peut-être", "Audience" ou "Géniteur".
Musicien ayant connu le devant de la scène avec le groupe Magma, désormais relégué aux plus petites salles. Écrivain au lectorat trop confidentiel à son goût... Qu'est-ce qui légitime le statut d'artiste ? Son talent ? Ses rencontres ? Son succès ? Son carnet d'adresse ? Ou l'énergie qu'il met à exprimer et partager ses émotions ?
Oui, on peut être talentueux et ne pas être édité par Gallimard.

Je ne connaissais pas la plume de cet auteur, mais il a su m'inviter dans son univers et j'ai aimé ce que j'y ai découvert. Assez pour vous donner envie de goûter à ces "Mets du jour" ?
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Fleur de peau et fond de l'âme,
je l'ai dévoré ce matin !
Très sensible à cette spontanéité initiale et à sa mise en forme avec l'air de ne pas y toucher.

Chroniques et portraits vifs, délicats, entre effleurements et claquements de doigts. On y croise notamment Michel Graillier, Barbara, Fanny Ardant, Jane Birkin ou Christian Vander.
Un ouvrage très réussi dans lequel se mêlent écriture et vision artistique, pertinence et poésie, plaisir et intelligence.
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Fragments de souvenirs et de vie du 20eme et 21eme siècle
Au coeur du mystère de la création artistique et du tissu de la vie
A lire en décousu dans l'ordre ou dans le désordre
Revenir sur ses pas dans une boucle qui ne sera pas bouclée.
En tout pour notre plus grand plaisir
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Dans le bleu j'ai rêvé,
Recueilli les esprits
De blues acérés.

Comme je descendais les blanches d'un clavier,
Des demi-tons se sont présentés.
Leur vision subversive
Offrait quelque refuge
Aux notes enchâssées, disponibles et conjointes.
Des altérations – véritables blue notes – s'égayaient,
Luttant contre une gamme diatonique.

J'ai goûté les combats
Loin des murs enfermants.
Je l'ai toujours en tête
Cette étrange capture.
Elle faisait une fête
Aux accords dissonants,
Immense course folle
Qui se régénérait
Dans des tensions sensibles.

Cette orange fêlure,
Je l’ai passée au crible
De larmes avérées.

Une danse enrichie
Qui toujours m'est restée.

Une danse enrichie
Dont j'ai toujours rêvé
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Les Peut-être

Je suis dans les peut-être. À ce jour, du moins.

« Il y a trois catégories dans les manuscrits que nous recevons », explique un éditeur. « Les refusés d'emblée. Pour des raisons évidentes : style, forme, inadéquation avec le catalogue, on décide de les écarter. C'est un travail rapide, efficace, sans ambiguïté, presque rassurant. »

« Il y a ceux qu'on accepte aussitôt. Les merveilles qui vous emportent et ne vous quittent plus. La décision est fulgurante.. On est sûr de soi. Pour des raisons économiques ou littéraires, on ne peut laisser passer de telles raretés. Là encore, le labeur est mince. Avec l'expérience, quelques secondes suffisent. C'est pour ces exceptions que nous vivons notre métier. »

« Et puis il y a la catégorie du milieu, poursuit l'homme, celle qui nous mange le temps : les peut-être. Ceux-ci nous épuisent en conjectures. On relit, on remise, on envisage sous différents aspects... Que de nuits passées pour cette catégorie qui nous empoisonne et nous jette dans le doute. »

Je suis dans les peut-être, je le sens. Dans mon camp, le moindre effleurement fait pencher la balance.

La notoriété pèserait de tout son poids. Ou la jeunesse, ou la beauté. « La beauté ne suffira pas, répondent-ils en choeur. »

Pourtant, paré d'un physique hors-norme ou d'une confortable célébrité, le porteur du peut-être - colonne de gauche - « C'est si particulier ce que vous faites, difficile à défendre.... - basculerait aussitôt à droite Votre particularité nous intéresse, surtout ne changez rien. »

Coup de bol, de poker ou véritable adhésion?

C'est au fond une question d'orgueil ou d'inconscience. On n'écrit pas pour ses placards. Si le manuscrit vaut quelque chose, il faut parfois l'aider un peu.

Une photo séduisante, un pseudonyme étudié, un CV intriguant constitueraient une belle enveloppe, susciteraient un vague désir - pièce maîtresse, cachée, fondamentale - feraient pencher la balance du bon côté.

J'ai songé au portrait chic, au CV choc : Science-Po, berger dans la Creuse, start-uper enrichi en développement durable... Ne suis pas allé au bout de cette idée somme toute perverse.

Elle ne m'amusait plus. M'arrangeait, ou me dérangeait.

Suis resté avec ma tête et ma vraie vie ; ai envoyé mon manuscrit qui depuis des années s'est endormi, à gauche, dans les peut-être. (p.36-37)
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(Pour Stella Vander)

Quelques gouttelettes venant des nuées,
Elles sont tombées.
Je n'avais jamais découvert
Tant d'or à mes pieds.
Tant de cicatrices qu'il fallait préserver,
Tant de rêves
Qu'il nous faudrait couver près des grèves.

Si tu voulais revenir au commencement...
Si jamais, il nous était donné
De retrouver ce monde
Et ses chants,
Tout l'Avant…

Moi, je profitais des chambres et des amants
Qui m'enchantaient.
Je me voyais offrir des fleurs,
Des feuilles opiacées.

Si j'avais su voir tant de fragilités sous le vert,
Sous les marques orangées des chimères.
Si je pouvais revenir au premier bouquet,
Si jamais nous avions une chance
De préserver les grives
Et les merles
Aux longs arbres…

Tout-à-coup j'ai brûlé, j'ai senti frémir
Dessous la Terre
Les voix aimées qui murmuraient :
« Gare au devenir ! »
Les brumes laquées me manquent, les airelles,
Les labradors jappant dans les prés d'antan,
Tempérés,
Quand je me ressourçais
Allongée sur le monde,
Sur le monde…

Tout l'Avant sans l'Après
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La puissance publique se jugera comptable de faciliter le partage d'œuvres réputées difficiles. Elle ne demandera plus à Monsieur Mozart d'avoir fait ses vues sur internet. La musique ne sera plus soumise à la broyeuse formatrice, au viatique vénal : combien tu vends? Les programmateurs trentenaires tomberont leur boucle d’oreille. Ils souriront, bienveillants, et l’arrogance s’évaporera d’un trait. Ce jour-là, Medhi pourra dire à Paris, et non plus seulement à Londres : « Ici, la musique, c'est quelque chose. »

Ce jour arrivera, Jean-Mi. Tu pourras continuer. Et nous aussi. Quant à ce mot de réinvention, je n’en veux plus. Je vais le solder.
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Les seuls domaines où, apaisé, je passe des heures s'il le faut, sont la pédagogie et les relations humaines. Je ne me lasse pas de transmettre. A votre rythme. Tranquillement.

Mais les machines déficientes, l'obscurantisme ou l'étroitesse d'esprit m'ont toujours rendu fou. Du plus loin que je me souvienne, elles provoquent un énervement disproportionné, j'en perds la raison, la mesure. [...]

L'obscurantisme rend fou mais se répand en 2020. On s'en croyait prémuni, il n'en est rien. Tranchant, il envahit le monde, érige des murailles entre États, prospère sur sa variante, le tout-économique, pour un capitalisme d'illettres sauvages. (p.120-121)
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Vidéo de Pierre-Michel Sivadier
Présentation du roman de Pierre- Michel SIVADIER Paùl Jack (Stellamaris, 2020). Portrait de deux musiciens écrit peu avant la pandémie de 2020, l'ouvrage livre une photo en temps réel de la vie d'artiste. Un récit fragmentaire, un roman éclaté, traversé par un chat philosophe, loquace et imaginatif.
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