Les romans du couple formé par
Maj Sjöwall et
Per Wahlöö sont paraît-il à l'origine d'une école suédoise du polar. le premier roman de la série,
Roseanna, m'a donc paru parfait pour partir à la découverte du polar nordique.
L'intrigue de
Roseanna commence par la découverte d'un cadavre de femme dans un canal de Motala, une ville moyenne de la province d'Ostergötland. La jeune femme est nue et rien ne permet de l'identifier. L'autopsie conclut qu'elle a été étranglée après avoir subi des violences sexuelles. Or aucune disparition n'a été signalée dans la région et son signalement ne correspond à aucun avis de recherche. Plus d'une semaine après la découverte du corps, la police locale n'a encore aucune piste. C'est alors qu'un expert est envoyé de Stockholm, l'inspecteur Beck, accompagné de deux membres de son équipe, Kollberg et Melander…
On pense tout de suite à
Simenon, dés le début du roman près d'une écluse, pour le côté rétro de la Suède des années 60 et l'attention portée par les auteurs aux petits métiers. D'après la présentation des auteurs sur mon édition, ils auraient également été inspirés par
Ed McBain, sans doute pour la mise en place non pas d'un héros récurrent mais d'une équipe de police récurrente. Cependant dans
Roseanna, seul le personnage de Martin Beck est vraiment développé.
L'enquête est des plus classiques : recueil de témoignages, interrogatoires de témoins, de suspects, des connaissances de la victime, analyse de photographies… Martin Beck n'est guère aidé par la technique. Quand il apprend que la victime était américaine, il se met en contact avec un policier américain, mais les communications téléphoniques entre eux sont si mauvaises, qu'ils préfèrent s'écrire des lettres qui mettent quinze jours à arriver. Et donc l'intrigue ne progresse pas très vite ! Mais cela fait partie du réalisme de
Maj Sjöwall et
Per Wahlöö, que de montrer l'aspect laborieux du métier de policier. Bien avant Internet et les analyses ADN, la recherche de
l'assassin de
Roseanna est d'abord une enquête psychologique. Comme les enquêteurs ne savent rien du coupable, ils vont commencer par s'intéresser à la victime, essayer de rassembler des éléments sur sa personnalité qui pourront les conduire à son assassin. Et cela fonctionne.
Après avoir déniché le coupable contre lequel ils n'ont encore aucune preuve, c'est à nouveau la psychologie du criminel qui va permettre de le confondre. le piège que les policiers lui tendent introduit un petit suspense à la fin du roman. le rythme s'accélère, la tension est dans les dernières pages à son maximum, ce qui donne pour finir à
Roseanna, roman quand même assez plan-plan, un petit côté thriller fort sympathique.