Dans la chambre qu'elle partage avec ses frères, le cadeau de Noël de Karim et de Phileas trône au centre de la pièce. Papa l'a expédié d'Allemagne où il travaille. Quand maman a enfin réussi à monter le tipi, c'était un vrai, pas un jouet. Trop contents, les garçons. Ils ont pu y mettre leurs deux matelas et tout leur bric-à-brac. Amina déteste ce tipi. A cause de lui, elle n'a plus la moindre chance de faire un puzzle. Elle ne saurait pas où l'étaler.
Depuis les vacances de Noël, elle n'a plus envie de jouer avec ses frères. Ils peuvent en faire ce qu'ils veulent de sa Barbie aux cheveux roses, ligotée à un balai en attente d'être scalpée.
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« – Tu veux savoir pourquoi je déteste les princesses? (…) – Parce qu’elles attendent et elles attendent et elles attendent encore! s’énerve Amina. – Ouais, que le prince vienne les délivrer. Après, elles se marient avec le prince et elles deviennent reines. (…) Et après, quand les reines ont enfin leur bébé princesse, elles meurent, déclare Amina. (…) Après, comme les nouvelles bébés princesses sont orphelines, elles ont une nouvelle mère très méchante, elles grandissent, et qu’est-ce qu’elles font? (…) – Elles attendent qu’un nouveau prince vienne les délivrer. Et ça recommence! »