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Critique de michfred


Patti Smith a bien des talents: poète, rockeuse, parolière,   performeuse, muse, égérie de modes nouvelles, modèle,  reine de l'underground , prêtresse de la branchitude, artiste d'avant-garde ...

Mais aussi tête bien faite, dotée d'une culture solide et personnelle, du sens de la mesure, d'une fidélité à toute épreuve, d'une originalité spontanée , du sens des responsabilités, d'une parfaite droiture.

N'en jetez plus.

 Pour qu'on ne se méprenne pas sur ce panégyrique -absolument exempt  de toute visée ironique-,   j'ajoute aussi: pourvue d'une modestie aussi grande que la conscience qu'elle a de ses talents, et d'un sens de la solidarité qui équilibre la tension de sa volonté et la force de son ambition.

Une sacrée bonne femme!

Alors quand cette sacrée bonne femme rencontre un garçon aux boucles de pâtre grec, timide et secourable, doué comme elle mais plus fragile émotionnellement, c'est une sorte de coup de foudre esthétique, artistique et passionnel.

Robert Mapplethorpe, garçon presque trop beau, et Patti Smith, jeune fille au charme androgyne, tous deux jeunes, artistes, fauchés, affamés, en quête de reconnaissance et de hamburgers , ce sont  Romeo et Juliette au pays d'Andy Warhol, de Bob Dylan et d'Allan Ginsberg!

Bien des années après la mort de Robert, fêté, aimé, célèbre mais malade du sida,  Patti, aidée de ses notes, mais sûrement aussi d'une mémoire quasi photographique qui lui fait retrouver objets, tenues, menus avec un sens du détail étonnant, fidele à la promesse qu'elle lui a faite à  vingt ans,  entreprend de raconter leur  histoire.

Une histoire d'amour hors du commun entre un garçon de bonne famille qui aimait les hommes, les drogues  et le sexe sans tabou, et une petite provinciale pauvre, éprise de Rimbaud , de livres et de musique, la tête bien solide sur les épaules.

Une histoire d'amour-amitié-à- la -vie -à -la -mort.
Une histoire de vie et de mort. Une histoire d'à mort.
Une histoire d'art et de vit,   qui dévore et qui mord.

La bande-son n'est pas triste: Morrisson, Hendrix, Joplin, Dylan, Lou Reed. du beau linge.

On croise Sam Shepard en amant nourrissier qui gave la pauvre Patti affamée... de homard!
On y recoupe les pas du pape Andy, qui fait et défait bars, galeries, " places to be"...
On y joue tristement aux dix petits nègres: entre les overdoses et le cytomegalovirus ravageur , qui tiendra jusqu'au bout, qui restera vivant?

Riders on the storm, riders on the storm,
Into this house we're born, into world we're thrown
Like a dog without a bone, an actor out on loan.

Riders on the storm.


There's a killer on the road, his brain is squirming like a toad.
Take a long holiday, let your children play.
If you give this man a ride, sweet family will die

Killer on the the road

Émaillé de photos de Robert pour cristalliser le souvenir, Just Kids m'a emportée : un trip dans la fin des sixties et le début des seventies,  années pétulantes, emballantes, insouciantes où  moi aussi j'étais just a kid..avant que les années sida - un peu plus tard  qu'à  New York-  ne  commencent elles aussi à nous enlever un à un "the boys in the band",  et que nos fêtes perdent , avec le plus cher de tous, leur grain de folie, leur panache et leur étourdissante gaieté.

This is the end
Beautiful friend
This is the end
My only friend, the end.


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