Le Village

C'est pas vraiment la fête au village, ces temps-ci.

Pas qu'on soit franchement craintif dans le coin mais l'arrivée d'un p'tit nouveau lesté de deux cadavres d'enfants mutilés nous laisse, comment dire, perplexes. Limite dubitatifs, oserais-je même.
Alors imaginez la stupeur générale lorsqu'il fallut bien se rendre à l'évidence, l'une des nôtres manquait désormais à l'appel. Une gamine. Disparue. Envolée.
Comme si vivre dans la peur de voir débarquer un jour les nervis de Staline ne suffisait pas, il nous fallait désormais combattre une psychose grandissante et une défiance mutuelle.
Mais le plus urgent, retrouver Dariya.
Un groupe d'hommes aguerris pour lancer la chasse et ramener une sérénité salutaire au sein de la communauté.
Luka a fait la guerre. Les guerres. Mieux, il en est revenu.
Épaulé de ses jumeaux, ils incarnent dorénavant l'espoir de tout un peuple. Bon, de tout un village et c'est déjà pas si mal.

Vous avez aimé Stalingrad de J.J. Annaud, vous adorerez le Village de Dan Smith.
Un contexte politique particulièrement anxiogène couplé à un sordide rapt d'enfant en plein hiver Ukrainien, le cadre est posé et le tableau esquissé déjà effroyablement aguichant.

Au-delà de l'intrigue se dessine un cadre familial complexe aux questionnements multiples.
Le récit déroule, tranquillou, par -20°C, lorsque survient le deuxième effet kiss cool.
Autre environnement, autre ambiance, avec toujours cette monstrueuse faculté à intriguer et à séduire.

Le Village ne sera jamais sponsorisé par le club Med' et c'est tant mieux !

Nous voici dans les années 30 en Ukraine, alors que l'armée rouge est en train de prendre le pouvoir, pourchassant les koulaks, paysans considérés comme riches, saisissant leurs biens et leurs terres, répandant la terreur auprès de populations déjà éprouvées par les guerres, un climat hostile, des conditions de vie précaires.

Luka, qui a combattu dans toutes les armées, tsariste, communiste, anarchiste, est de retour dans son village depuis quelques années. Il y vit avec sa femme, ses fils jumeaux Viktor et Petro, presque des hommes déjà, et sa fille Lara. Une existence difficile mais cependant épargnée, le village étant protégé par sa situation géographique des rafles de l'armée stalinienne, mais pour combien de temps ? La collectivisation des campagnes avance à grands pas et Luka en a conscience, mais il n'hésite pas malgré tout à secourir un homme à moitié mort et qui tire derrière lui un lourd traineau. Où reposent les cadavres de deux enfants, dont l'un atrocement mutilé…

Le bruit se répand vite dans le village, un tortionnaire, un assassin d'enfant est parmi eux, protégé par Luka. Son beau-frère, Dimitri, se déchaine au point d'entrainer une partie de la population du village, aveuglée par la peur, dans un lynchage collectif. Écoeuré par cet acte de barbarie à l'encontre d'un innocent il s'isole auprès des siens quand tombe la nouvelle : Darya, sa petite nièce de 8 ans a disparu. Luka et ses deux fils s'arment et se joignent à Dimitri pour partir à sa recherche. Des traces de pas dans la neige les conduisent vite cette conclusion : elle a été enlevée par le dévoreur d'enfants. L'instinct de soldat de Luka se réveille. Une véritable chasse à l'homme va alors débuter dans la steppe enneigée où la survie humaine est un combat de chaque instant…Le froid, la faim, la folie meurtrière des hommes, vont les contraindre à aller jusqu'au bout de leurs forces dans des conditions extrêmes.

Un très beau roman, poignant et captivant, découvert grâce à une critique de Belette2911, et je n'ai pas été déçue ! On est pris par le destin de ces hommes et ces femmes, on le partage même tant la puissance de l'écriture de Dan Smith parvient à nous plonger au coeur de la steppe ukrainienne, redouter la présence palpable de l'assassin et à nous faire ressentir l'inhumanité d'un régime pour lequel la vie et la dignité de l'homme ne sont rien. Tout en laissant percer malgré tout quelques rayons d'espérance au fond de la noirceur de l'âme humaine. Une réussite !

Titre : le village
Auteur : Dan Smith
Editeur : Cherche midi
Année : 2014
Résumé : 1930, les troupes de Staline affament les villages ukrainiens les uns après les autres. Luka ,un vétéran de la guerre de Crimée, est à la chasse, accompagné de ses deux fils lorsqu'une forme sombre apparait au loin. Dans la campagne enneigée, un homme se traîne jusqu'à eux. Dans son traîneau, le cadavre de deux enfants, dont l'un est atrocement mutilé.
Mon humble avis : Des paysages blancs à l'infini, une atmosphère glaciale, des hommes durs, un vétéran de la guerre de Crimée et un village rongé par l'angoisse voilà, en quelques mots, l'ambiance qui habite ce thriller de Dan Smith. Dans ces steppes ukrainiennes, au beau milieu de l'hiver, va s'engager un jeu de chat et de souris sanglant, une chasse à l'homme implacable. Jolie perspective, ne trouvez-vous pas ? Pour être tout à fait honnête, Je ne connaissais pas Dan Smith avant de lire ce village, je n'en avais même jamais entendu parler. Et puis, au détour d'un rayon, une couverture qui attire l'oeil et la perspective de plonger dans l'Ukraine du début du siècle dernier, cela fut suffisant pour me convaincre. Ceux qui ont l'habitude de lire mes petites chroniques savent que j'accorde souvent plus d'importance au contexte qu'à l'intrigue, surtout lorsqu'il s'agit de thriller ou de polar. Mon goût prononcé pour l'histoire me guide vers ce genre de roman et ce texte de Dan Smith correspondait, en tout point, à mes envies du moment. Alors, déçu ou pas ? Bonne pioche, mauvaise pioche ? Je dirais que le positif l'a largement emporté et je vais tenter de vous en expliquer les raisons. Tout d'abord les personnages : bien campés, complexes, leurs attachements mutuels permettent au lecteur de s'identifier à Luka, le héros de cette aventure dont la seule obsession est de préserver la vie de ses enfants. Vétérans de plusieurs guerres, Luka est un soldat aguerri mais aussi un homme qui tente de garder en lui une part d'humanité et ce, dans toutes les circonstances, mêmes les plus extrêmes. Ensuite le contexte dont j'ai déjà parlé un peu plus haut. Ici, je dois bien avouer qu'il n'est évoqué qu'en filigrane même si c'est précisément cette période troublée et ses conséquences qui dictent les réactions de Luka. Sur ce point j'aurais aimé une évocation plus précise sur cette période, une vision plus large. Dan Smith ne fait pas ce choix en restant au plus près de la lutte, au plus près de ces trois protagonistes principaux. Reste l'action, les péripéties, et de ce côté-là, rien ne peut lui être reproché. C'est dense, haletant, violent, parfois un peu tiré par les cheveux avec une acuité particulière sur les notions de bien et de mal. Smith réussit là un excellent thriller, que j'aurais préféré plus dense, moins centré sur la traque, mais ce roman reste néanmoins efficace et extrêmement prenant.
J'achète ? : Si tu cherches de la survie en condition extrême, de l'action, du suspens et de la tension, te voilà servi. le village te comblera, il s'agit là d'un excellent thriller.
Lien : https://francksbooks.wordpre..

Thriller addictif sur fond de stalinisme paranoïaque et barbare.
Bienvenue en Ukraine dans les années 30, avant le réchauffement climatique.
L'hiver est rude, l'armée rouge approche des villages les plus reculés de la steppe, les villageois s'apprêtent à tout perdre et à être fusillés ou déportés en Sibérie parce qu'ils possèdent quelques arpents de terre gelée et quelques poulets frigorifiés.
Luka, vétéran russe de la grande guerre et de celle de Crimée, passé dans l'armée rouge puis dans la noire (les anarchistes ...) est un sacré bon soldat reconverti en fermier ukrainien dans le village de sa femme, Natalia. Il a deux fils jumeaux, et une petite fille, Lara.
Un jour de glace et de neige, il ramène chez lui par humanité un homme moribond qui tirait un traineau au contenu pour le moins terrifiant. C'est le début de ses ennuis ...Il ne fait pas bon être généreux dans ce climat de peur généralisé.
Le texte mêle deux sujets : un tableau historique des débuts du stalinisme, aimable régime peu porté à la philanthropie, et une course poursuite dans la neige et sans raquettes aux trousses d'un psychopathe cannibale. le côté stalinien de l'affaire n'aide pas vraiment nos héros dans leur quête.
Une réflexion émane de ces deux sujets : comment rester humain dans des conditions climatiques et politiques si extrêmes ?
La violence du régime stalinien, que je trouve encore mieux décrite dans Enfant 44, avec sa réduction des hommes à des bêtes sauvages reniant toute moralité pour leur survie, espionnage, trahison et dénonciation devenant les conditions même de l'existence, fait passer tous les romans dystopiques et d'anticipation pour de la bouillie pour chat. On ne peut pas faire plus terrifiant que le destin de ces millions d'êtres humains dont l'avenir n'est que ténèbres, famine, procès absurdes, et vies brisées, laissées entre les mains de marionnettes ineptes, poussés au sadisme par leur propre terreur.
Vive la république et les climats tempérés !

Ce petit village du fin fond de l'Ukraine est encore à l'abri de la dictature, mais pour combien de temps ? L'arrivée d'un homme en piteux état avec 2 enfants morts et mutilés fait paniquer les villageois et tout tourne au drame. Une fillette est enlevée, c'est le début d'une chasse à l'homme.
Le début est très rythmé, très accrocheur. Mais la partie de la recherche du ravisseur est plutôt lente. Je pense que c'est un parti-pris de l'auteur. Les sentiments et émotions des personnages sont décortiqués et examinés à la loupe, ça rajoute de l'angoisse à l'ambiance déjà très pesante. le tout est réussi, même si le manque d'action m'a un peu ennuyé. le rythme reprend vers la fin. J'ai d'ailleurs trouvé cette fin un peu brusque.
Pour résumer, malgré quelques défauts, ce fut un bon thriller.

Très bon thriller à suspense, bourré de survie, d'action, de réflexions sur les horreurs des guerres, une traque majestueuse. Un livre à la fois dur et tendre selon les aspects.

Les personnages sont attachants, tous, à part le voleur d'enfants, lui on ne peut s'empêcher de le détester, il m'a fait pensé à un ogre !

Des décors à couper le souffle, en pleine forêt sous la neige hivernale de l'Ukraine, excellente ambiance, bien que très fraîche.

Enfin le contexte est bien décrit, j'ai passé un très bon moment de lecture.

C'était le livre idéal à lire cet été alors que les températures extérieures sont très élevées. Ici, changement de décor, nous sommes en plein hiver, en Ukraine, en 1930, et il ne fait pas bon se balader dehors.
Mais voilà, la vie à l'époque est plombée par des dirigeants qui ne pensent qu'à une chose, se servir parmi les maigres les richesses du peuple.
Dans cette ambiance des plus moroses où chacun lutte pour sa survie, un enfant disparait, et c'est le récit de la poursuite du kidnappeur qui va être le principal sujet du roman.
Cela se passe presque comme un huis clos mais, en extérieur. le récit est dur, poignant, cruel. J'ai beaucoup aimé.

Quelle gifle ce livre! Les sentiments que l'on ressent en le lisant sont tellement forts. L' horreur, la colère, on a envie de hurler et de se révolter ; mais on éprouve aussi de la compassion et une tristesse infinie au vu de tout ce qui arrive à des êtres humains dans une région hostile déchirée par la guerre.
Que de courage et d'endurance ont certains humains face à la barbarie et à l'horreur. Une leçon de survie incroyable.
Il mérite "un soleil" ce livre, pour faire réchauffer le cœur " des hommes méchants qui peuvent faire le bien" et des "hommes biens qui peuvent faire le mal".

Cette traque dans la steppe ukrainienne nous entraîne dans une ambiance glaçante, nous angoissons de savoir comment ça va finir, l'horreur et la cruauté de l'homme y est omniprésente.
Une lecture prenante et fascinante qui vous emmènera dans un autre pays, une autre époque et dans une épopée qui vous fera froid dans le dos du machiavélisme de ce voleur d'enfant.

Alors que l'épaisseur du livre pourrait effrayer certains lecteurs, le rythme est tellement soutenu que les pages défilent sans que l'on s'en rende compte. Franchement, j'ai vraiment dévoré ce roman! Les événements s'enchainent, le nombre de morts est incalculable et la chasse à l'homme est impitoyable. La tension est omniprésente et seulement perturbée par des passages politiques qui m'ont parfois parus longs.

Une lecture qui a filé très vite mais que je n'aurais pas envie de relire : trop de violence gratuite, de politique, de jeux de pouvoir et de misère. Un roman intéressant, qui m'a permis de découvrir la vie difficile du peuple ukrainien mais qui n'a vraiment rien de réjouissant.
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